Gabon : Bruno Ben Moubamba a-t-il perdu la tête ?

bruno ben moubamba
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Non BBM n’a pas perdu la tête! Le ministre en charge de l’urbanisme, Bruno Ben Moubamba est sorti de sa réserve hier. Il était connu pour ses messages incendiaires dirigés contre les membres du Parti Démocratique Gabonais. L’ancien opposant au régime d’Ali Bongo, qui dit souvent tout haut, ce que tout le monde pense tout bas, semble très mécontent. Voici les raisons.

 

Beaucoup, au sein de la majorité présidentielle, ne comprennent plus ce qui se passe avec Bruno Ben Moubamba (BBM). Certains s’étaient opposés à son entrée au gouvernement. Mais le Chef de l’Etat en avait décidé autrement, afin de rassembler tous les gabonais. Et BBM le sait. Aussi, il en profite pour se faire entendre.

BBM a publié depuis hier plusieurs posts incendiaires sur son profil facebook. Attaquant directement le Premier Ministre, Chef du Gouvernement Emmanuel Issoze Ngondet, et Guy Christian Mavioga. Quelques mois auparavant, il s’en était pris sur le plan personnel à Alain-Claude Bilie By Nze. Ainsi, Bruno Ben Moubamba a qualifié le ministre porte-parole de l’émergence de « lutin tropical » suite à l’intervention de ce dernier dans le journal L’Union. C’est sans doute une erreur politique de BBM, qui pourrait avoir des conséquences. Même si les deux hommes ne s’aiment pas, pourtant ils se doivent de travailler ensemble. Ou du moins garder un certain respect en public.

 

Les sortis de Ben Moubamba font les choux gras d’une partie de l’opinion publique. Cependant, il n’est pas sûr que la côte de popularité de celui qui avait recueilli 2000 voix lors de l’élection présidentielle, puisse grimper. Au contraire, l’opposition prend un mal et un plaisir à se moquer du gouvernement d’Emmanuel Issoze : « tous les crabes sont réunis dans le même panier.« 

Pourquoi Bruno Ben Moubamba va-t-il claquer la porte du gouvernement?

Selon les analystes politiques, les sorties de Bruno Ben Moubamba ne sont pas anodines. L’homme s’entend très bien avec le pouvoir en place du président Ali Bongo. Mais ses publications sont les conséquences de plusieurs facteurs: personnelles et politiques.

Tout d’abord le fait qu’un ministre délégué à l’urbanisme, rattaché à la primature ait été nommé dans le nouveau gouvernement. BBM y a vu là un crime de lèse-majesté. Insupportable, pour lui qui était auparavant Vice-Premier Ministre. Son ego en a pris un coup. Cette nomination lui enlève un pan entier de ses précédentes attributions. Et des finances qui vont avec. « La seule motivation qui pouvait le garder plus longtemps au gouvernement » affirme-t-on en coulisse.

 Ensuite, l’annonce prochaine d’un tsunali a poussé le ministre d’Etat à prendre les devants en suspendant ce jour trois directeurs généraux.

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Ainsi, Monsieur François Auguste Akomezogho, Directeur Général de l’ANUTCC, mais aussi Edouard Mvome Nze Dégé de l’Urbanisme et des aménagements foncier, et Modeste Mboumba Nziengui DG du cadastre ont été suspendus pour trois mois. Ils sont accusés, à tort ou à raison, de bloquer la politique urbanistique du ministre d’Etat. Reste à savoir si le prochain conseil des ministres validera, ou pas, la décision de Monsieur Bruno Ben Moubamba.

Enfin, il y a deux raisons politiques. Lors de sa nomination, Bruno Ben Moubamba avait promis de construire 10.000 logements chaque année. Un an après, il n’a pas pu réunir les budgets nécessaires pour lancer tous ses projets. Le constat de son échec est politiquement difficile à digérer.

Repartir dans l’opposition est son seul échappatoire à l’approche des prochaines élections législatives. Car l’opposition gabonaise incarnée par Jean Ping s’est considérablement affaiblie. BBM y voit une opportunité pour reprendre place dans l’arène politique de l’opposition. Et rafler un maximum de voix au parlement. Ses ambitions politiques sont réelles. BBM veut s’imposer comme leader de l’opposition pour 2023. Mais y-arrivera-t-il?

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Prosper Akouegnon
Prosper possède 15 ans d'expérience dans le journalisme. Il a précedemment travaillé pour le journal le Républicain et Le Scorpion Akéklé à Lomé. Devant la montée en force de la presse en ligne et la chute des presses traditionnelles, il décide de monter le site d'information en ligne AfricTelegraph en 2015 et s'installe au Gabon.

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