Gabon / Dialogue politique : Le peuple appelle à un dialogue à forte tonalité économique et sociale

Les gabonais et le président Ali Bongo Ondimba
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On est fatigué de la politique, donnez-nous à manger ! Haro au népotisme et au clientélisme, place au mérite et à l’égalité des chances. C’est à travers ces mots que l’on peut résumer ce qui cristallise les espoirs que les nombreux Gabonais attendent du dialogue qu’ils souhaitent revêtir essentiellement des préoccupations économiques.

Le message des Gabonais dans leur majorité écrasante ne fait l’objet d’aucun doute. Ils le laissent clairement exprimer à travers tous les petits sondages que l’on voit se développer de façon presque spontanée entre collègues au service, dans les taxis ou les transports en commun, ou le soir quand il s’agit de partager après une journée caniculaire un petit moment entre amis au quartier à côté d’un rafraîchissement.

Tous, comme un seul homme, se déclarent favorables pour un dialogue qui ne ressemblerait en rien aux précédents que l’on avait eu à connaitre par le passé. Et qui consistaient, font-ils constater avec amertume, à des consensus et à la réconciliation autour du gâteau.

Depuis l’acte fondateur du retour à l’ouverture démocratique « la Conférence nationale tenue en avril 1990 », les Accords de Paris ou ceux d’Arambo, toutes ces rencontres se sont réduites en une véritable dérision pour le peuple.

Et, ajoute la majorité silencieuse, à bien observer les attitudes et les manigances des acteurs appelés à prendre part au dialogue qui se profile à l’horizon, tout porterait à croire et laisse apparaitre à bien des égards les mêmes relents passéistes.

Souvent désabusé, le peuple a toujours eu à assister à des ententes des kleptomanes pour le partage du gâteau entre le pouvoir et une coalition hétéroclite des partis de la pseudo-opposition.

Comme ils sont têtus et parlent d’eux-mêmes, les faits ont eu à prouver qu’une fois aux affaires, les politiciens de tous bords finissent par révéler ce qu’ils auront été et le jeu qu’ils cachaient dans l’ombre : « des bouffeurs patentés ».

Des nombreux acteurs pensent encore lorgner la possibilité pour eux de se relancer sous fond des calculs politiciens aux fins de se voir attribuer des strapontins au mépris des intérêts des populations. Pauvre peuple !

Déterminées et vigilantes qu’elles sont cette fois-ci, les populations particulièrement les jeunes jurent croix de bois, croix de fer, qu’il n’en sera pas question.

« Nous ne les laisserons pas cette chance historique que nous avons avec un chef d’Etat visionnaire se galvauder en une orgie des embrassades au champagne », martèlent-ils à qui veut bien les entendre.

Presque à l’unanimité, les populations estiment que pour être productif et porteur, le dialogue « inclusif et sans tabou » attendu doit revêtir une forte charge sociale, démocratique, et surtout économique et s’ériger en véritable creuset qui doit cristalliser les espoirs des peuples.

C’est l’occasion tant rêvée pour décrisper le climat, ramener la paix et remettre le pays sur les rails de la croissance et de son développement.

Un seul prix est à payer

L’on ne doit pas se tromper de cible. L’ennemi commun qu’il nous revient à combattre a un nom : c’est la pauvreté et rien d’autre. De ce point de vue, allons au dialogue pour jeter les vraies bases de la démocratie dans son essence comme acceptation et respect par l’ensemble de tous les membres de la communauté d’une égalité des conditions comme soutenait Tocqueville.

Cap clairement indiqué par le président de la République, allons au dialogue pour nous dire droit dans les yeux qu’il n’existe aucun fondement légitime pour justifier l’hiérarchie de groupes sociaux, et que les hommes appartiennent tous en droit à la même condition.

Par conséquent, place doit être faite à la mobilité sociale pour tourner à la médiocrité et au népotisme ambiants.

Comme il en rêve bien, le chef de l’Etat appelle au dialogue pour dire qu’il est possible à la majorité des Gabonais de changer librement leur conditions de vie par le seul fait de leur volonté et de leur mérite.

Allons au dialogue pour reconnaitre tous que notre société a besoin des réformes en profondeur qui vont au-delà de la mise en place des mécanismes institutionnels.

Dans ce pays, on a assez fait de la politique et bien plus, on a fait trop de politique. Le dialogue auquel appelle le président de la République fait large écho auprès des couches défavorisées qui pensent que des personnes qui possèdent au moins quelques biens, qui ont quelque chose à conserver et à défendre, plus elles sont nombreuses au sein de la société nationale, moins il y aura des gens au sein de cette société disposés à des actes de violence extrême contraire à l’équilibre démocratique.

Lorsque les besoins fondamentaux de nourriture, de vêtement, de logement sont confortablement satisfaits, l’impression de sécurité permet la modération et une tendance au compromis, fondement de base pour l’harmonie au sein d’une société démocratique.

Pourquoi et qui veut encore tenter de vouloir duper ce peuple qui a assez pleuré? Le moment n’est-il pas venu de l’entendre ? A chacun des acteurs politiques de juger et de s’interroger sur son rôle.

Le message du peuple est sans équivoque et coule de source : il appelle de toutes ses forces l’ère d’une démocratie économique qui se préoccupe surtout d’une juste répartition dans l’intérêt général, d’égalité plutôt que d’abondance, de justice sociale plutôt que d’accumulation de richesses, le tout assorti sur une lutte sans merci contre la corruption et le déni de justice.

A en croire la substance de l’ensemble de ses discours tout le temps (sept ans) qu’a duré son mandat, le président de la République, Ali Bongo Ondimba, semble si bien avoir saisi ce message et c’est à cela qu’il invite la classe politique, toutes tendances confondues. A bon entendeur…..

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About the Author

Lazard Obiang
Lazard possède 10 ans d'expérience dans le journalisme en ligne. Il s'occupe pour AfricTelegraph de l'actualité politique et économique au Cameroun, au Gabon et au Congo. Il travaille avec différentes presse en ligne au Gabon notemmant lenouveaugabon.com.

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