Législatives 2018 au Gabon : Comme une foire d’empoigne !

Guy Nzouba Ndama veut la primatureGuy Nzouba Ndama veut la primature
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Peu importe dans quel camp se situe-t-on ! Mais au regard de l’activisme qui s’observe sur le terrain, tout laisse croire que c’est dans un climat d’antagonismes, de  suspicion même entre alliés mêlé d’esprit revanchard que se préparent les élections législatives censées mettre définitivement un  terme à la crise post-électorale d’août 2016.

Ne comptez pas sur le président élu avec un score stalinien à Ombwe pour légitimer un pouvoir illégal à ses yeux en acceptant de prendre part aux législatives d’Avril prochain.

Au-delà de la grande inconnue qui jusque-là se posait en termes de la participation ou non de l’opposition radicale à ce scrutin législatif qui du coup commence à prendre les allures d’une foire d’empoigne, il y a à parier que tous les coups seront permis et que seuls les plus teigneux et les malicieux  vont tirer leur épingle du jeu.

Au fur et à mesure que l’on s’y approche, on y voit un peu plus clair sur les intentions des uns et des autres parmi les membres de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR), le noyau dur qui s’était constitué autour de Jean Ping lors de l’élection présidentielle d’août 2016.

Ira ou n’ira pas ?

C’est presque un secret de Polichinelle. Si leur gourou, Jean Ping, renâcle, refuse de s’annoncer partant et reste obstinément figé, convaincu de « sa victoire à la présidentielle de 2016 », il n’en demeure pas moins vrai que les récentes sorties de la quinzaine de partis politiques qui le soutiennent ne laisse plus de doute sur leur volonté d’aller aux législatives sans se faire concurrence.

Du coup, c’est le match de l’année entre pouvoir et opposition qui s’annonce rude et farouchement disputé, se susurre-t-il partout dans les chaumières.

La tension est palpable et il y a de l’électricité dans l’air d’autant plus que l’enjeu attaché à ces  législatives qui se profilent à l’horizon est de taille.

Majorité et opposition sont donc nez à nez et se regardent en chiens de faïence face à ce round capital qui se pointe au grand galop. Et chaque camp montre sa détermination à en découdre et tirer la couverture de son côté.

Franchement parlant, on aiguise couteaux, pelles et mêmes Caterpillar pour se jeter dans l’arène.  Ça sent la revanche !

De leur part, les forces vives, sympathisants de l’aile dure de l’opposition, tentent de peser de tout leur poids pour faire bouger les lignes et faire entendre raison à ceux parmi leurs leaders qui veulent faire dans le boycott.

Tout en déplorant la configuration monocolore de l’actuelle assemblée nationale, conséquence d’un boycott des législatives de 2011, les jeunes aux longues dents et les femmes de la CNR ne cachent pas du tout leur empressement de prendre part au renouvellement de la classe politique.

« Ce n’est pas à la maison qu’on renouvelle la classe politique. Elle se renouvelle à l’Assemblée, au Sénat et partout où règne le débat politique ». Cette pique qu’ils ont décochée lors du huitième anniversaire de l’Union nationale le 12 février dernier en présence de l’ensemble des leaders de la CNR en dit long sur la nervosité qui commence à s’en prendre des militants de base.

Ils n’ont rien oublié des boycotts antérieurs, parfois sous forme d’abstentions élevées qui étaient les faits des acteurs comme Mba Abessolo, Pierre Mamboundou et bien d’autres,  qui ont jalonné l’histoire politique de ce pays depuis le retour au multipartisme en 1990. C’est dire !

La stratégie, principal atout de la politique

Des signaux de fissure aussi commencent à se faire sentir dans les rangs de nombreux cadres influents pourtant dans le sérail le plus proche de Jean Ping et de l’opposition regroupés autour de la Coalition pour la nouvelle République face à l’intransigeance stérile qu’affiche Jean Ping. Ils indexent leur gourou de président de s’auto-exclure des tractations et  lui lancent même une menace à peine voilée.

« Nous souhaiterions qu’il y participe en tant que chef de file. Mais s’il persiste dans sa volonté de boycotter l’Assemblée nationale, ceux d’entre nous qui seront élus ne lui seront redevables de rien du tout. J’ajoute que sa légitimité de leader tombera d’elle-même», prévient un de ses lieutenants.

Que gagnerait-il à tourner le dos à l’exhortation de  la communauté internationale sur qui pourtant il a toujours illusionné de compter pour être installé au Palais du Bord de mer, s’interrogent ses nombreux partisans.

« Il est dans son intérêt de ne pas trop tarder à prendre la place qui est la sienne dans les préparatifs. Le plus tôt serait le mieux, car s’il s’impliquait tardivement, il se priverait de la possibilité de placer ses fidèles », insiste-on.

Quand l’on connait les arcanes de la politique, nul ne doit ignorer que la politique est un jeu de bascule. Qu’on ne l’exerce pas avec la rancune tenace.

C’est ce que malheureusement semble faire Jean Ping qui est en train de manquer là une occasion en or pour achever son périple sur Terre en beauté et s’ouvrir ainsi un boulevard vers « un baroud d’honneur ». Manque de réalisme quand tu nous tiens!

Et  tant qu’il est vrai qu’il serait dans cette logique, il n’y a pas meilleure manière royale d’y parvenir sinon d’entrer dans l’arène et aller aux législatives.

Une unité de façade sur fond d’antagonismes

Quand il prétend avoir remporté la présidentielle de 2016 haut la main, l’occasion n’est-elle pas propice pour surfer sur cette dynamique pour la rebelote aux législatives ?

Cela ne ferait rien perdre au gourou en chef. Personne, sauf ceux qui n’ont pas la tête entre leurs deux épaules, ne lui reprocherait d’avoir fait profil bas.

Qu’à cela ne tienne, avec ou sans Jean Ping, obnubilés par leur rêve de contraindre Ali Bongo Ondimba à la cohabitation, la bande des revanchards ne doit perdre de vue le Talon d’Achille qu’ils trainent dans leurs chaussures, à savoir, les nombreuses tensions de leadership entre les grosses pointures que sont Casimir Oyé Mba, Alexandre Barro Chambrier ou Guy Nzouba Ndama.

Ça ne s’arrête pas à ce trio!  Entre Nzouba et Myboto par exemple, on parle d’une inimitié longue de plus de vingt (20) ans. « Ils sont faits pour ne pas s’entendre », se chuchote-t-il.

On serait incomplet de ne pas évoquer l’autre faux attelage entre Casimir Oyé Mba et Zacharie Myboto. Entre les deux hommes, le maitre mot c’est « je t’aime moi non plus ».

De son côté, un peu au rythme d’une vieille machine rouillée, le pouvoir entend mettre les bouchées doubles et se montre bien entendu pressé pour faire cesser un procès en illégitimité depuis les contestations de triste mémoire  issues de l’élection présidentielle d’août 2016.

Mais là par contre, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. D’autant plus que jusque-là, le mutisme du secrétaire général du Parti Démocratique Gabonais (PDG, au pouvoir), Eric Dodo Bounguendza, est tout sauf rassurant. Autant moins rassurante l’est sa volonté de ne pas se présenter lui-même sous prétexte de se donner la loupe et la hauteur nécessaire pour  tout surveiller.

Ce n’est qu’une fuite en avant, soutiennent ses détracteurs qui pensent qu’il craindrait une déculottée face à Paulette Missambo de l’Union nationale ou d’autres grosses pointures là-bas dans la circonscription de  Lastourville.

Pas facile en effet pour le poids léger Dodo encore trop tendre de se frotter à ces colosses politiques, j’entends !

Comme au jeu d’échecs

Chez les dialoguistes qui cogèrent le pouvoir avec le PDG, l’heure n’est pas à la grande sérénité. René Ndemezo’o Obiang, Pierre Claver Maganga Moussavou et Séraphin Ndaot savent qu’ils sont sur une chaise éjectable. Ils veulent préserver leurs acquis du dialogue ?

Pas de problème, mais ce ne sera pas cadeau ! Du moins le savent-ils. Leur survie dans l’appareil du pouvoir reste suspendue à l’aune des sièges qu’ils vont réussir à gagner. Alors, à la pêche !

C’est là où ça devient intéressant ! En bon veilleur de nuit, une brochette de partis gazelles de l’opposition menée par Bonaventure Nzigou Mamfoumbi, président du FER, est récemment montée au créneau avec un seul message dans leur gibecière : « Pas de négociations parallèles avec qui que ce soit, Jean Ping soit-il, les Gabonais en ont marre de l’éternel partage du gâteau sur base des accords politiques au grand dam des populations ».

Ceci étant, le débat est clos et trêve de discours. Allons aux législatives et on saura qui pèse quoi.

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Lazard Obiang
Lazard possède 10 ans d'expérience dans le journalisme en ligne. Il s'occupe pour AfricTelegraph de l'actualité politique et économique au Cameroun, au Gabon et au Congo. Il travaille avec différentes presse en ligne au Gabon notemmant lenouveaugabon.com.

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