Soudan : Mais qu’est-ce qui va réellement changer ?

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Omar El Béchir emporté par l’augmentation du prix du pain, les Soudanais auront-ils pour autant du pain à bas prix, de la paix et plus de démocratie ?

Le 30 juin 1989, le colonel Omar Hassan El Béchir, avec un groupe d’officiers, renverse un gouvernement civil, dirigé par le Premier ministre Sadeq al-Mahdi et le président Ahmed al-Mirghani. L’expression exacte utilisée alors a été « l’armée prend le pouvoir ». Pendant les 30 prochaines années, cette expression sera conjuguée au présent.

30 ans plus tard, la même expression est utilisée, avec juste quelques nuances. L’armée a renversé le président Omar El Béchir, par le truchement de l’augmentation du prix du pain. Mais l’armée a-t-elle quitté le pouvoir  ? Pas du tout. Puisque c’est un Conseil militaire qui dirigera le pays pendant deux ans. Une transition de deux ans ! Fichtre !

Et pour parfaire le tableau, la Constitution, le seul vestige de l’ombre effilochée de la démocratie au Soudan, est suspendue. L’état d’urgence, décrété en février, est prolongé pour trois mois.

Et pour renforcer le caractère hermétique d’un pays qui se laissait pénétrer comme le triangle des Bermudes, les frontières sont fermées.  Les Soudanais se retrouvent vraisemblablement pris dans un gros piège.

S’ils manifestent leur réprobation contre ce nouvel (ancien ?) ordre des choses, ceux qui semblaient les protéger contre le désormais ancien président risquent de devenir méconnaissables. Car, Omar El Béchir n’était en réalité que la branche d’un même arbre.

Lesté par des mandats d’arrêt internationaux de la Cour pénale internationale qui limitaient son efficacité diplomatique et internationale, gangrenée par une gouvernance essoufflée par 30 ans de règne, le président était devenu un poids mort pour le système militaire au pouvoir.

Comme un membre mort ou gangrené, impopulaire, l’armée s’en est donc délestée. Mais elle garde son pouvoir. Et ses intentions de le partager ou de l’abandonner au vorace et jaloux appétit de la démocratie ne sont pas certaines.

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Abdoulaye TRAORE
Correspondant Africtelegraph au Burkina.

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