Nelson Mandela est l’incontestable figure emblématique de l’Afrique. Un homme d’une dimension mondiale. Le héros qui aura donné sa vie à son peuple. Et à tous les peuples du monde, parce que, finalement, son combat a été pour la dignité de l’Homme.
Mais la gloire ne lui a pas suffit. Il y a ajouté la splendeur de la vertu, malgré le pouvoir. Il sera en bonne place dans l’histoire de l’humanité, parmi les rares hommes qui peuvent prétendre au rang de génie politique. Coupé de tout pendant un quart de siècle, Mandela n’aurait jamais dû pouvoir affronter avec la lucidité, la finesse, le sens de la mesure, le défi herculéen de la création d’une nation arc-en-ciel, où tortionnaires et geôliers d’hier peuvent cohabiter avec leurs victimes.
Et le comble, c’est qu’il ne s’est pas senti indispensable. Après un seul mandat, il a passé le relais, s’élevant encore davantage. S’il ne dirige plus un pays, il règne sur les esprits et les cœurs. Les chefs d’Etat qui manipulent leurs constitutions pour rester au pouvoir, qui s’autoproclament « messie obligé de terminer son chantier » devraient le méditer. Le chantier de l’Afrique du Sud post-apartheid est plus complexe, tellement plus crucial, que quelques mines, quelques autoroutes, quelques barrages.
Avant Mandela, il y avait eu les Kwame Nkrumah, Gamal Abdel Nasser, le roi Hassan II, Léopold Sedar Senghor, Julius Nyerere, pour n’en citer que quelques-uns. Le Nobel de la paix a récompensé deux autres hommes politiques sud-africains, Albert John Luthuli, alors président du Congrès national africain (ANC), et Mgr Desmond Mpilo Tutu. Aucun des deux n’a toutefois exercé le pouvoir.