La rencontre de Yaoundé du 28 au 30 juin dernier a réuni le gouvernement et les Camerounais de l’extérieur.
Le forum de la diaspora (Fodias 2017), aurait pu accueillir plus de participations si l’information relative à sa tenue avait bien circulé dans les représentations du Cameroun à travers le monde. C’est en fait l’avis partagé par bien de fils du pays dont les délégations ont pris part ou non à ce qui est communément appelé au sein du gouvernement, le « premier forum de la diaspora ».
Au Cameroun la réalité est que dans certains pays, aussi curieux que cela puisse paraître, l’information sur l’organisation de cette rencontre n’était même pas disponible auprès des chefs de missions diplomatiques du Cameroun, comme si « cette affaire » n’était orientée que sur une certaine cible.
Or, les questions abordées sont de nature à rassurer tous les Camerounais établis au-delà des frontières nationales. Même si le site internet du ministère camerounais des Relations extérieures, n’en a pas fait cas.
Ce qui a fait dire à Paul Zambo qui vit en Angleterre qu’il faut repenser la communication gouvernementale pour tenir les Camerounais de l’Extérieur au Courant des réalités du pays. Le jeune entrepreneur pense que cette difficulté que rencontrent les Camerounais de la diaspora se vit dans plusieurs domaines avec plus d’acuité.
Il raconte qu’en 2015, il a perdu des appareils d’une valeur de plus de 60 millions de Fcfa à la douane camerounaise. Ceci du seul fait qu’il ne disposait pas des 43 millions Fcfa qui lui étaient exigés pour le dédouanement. Pourtant, son initiative de faire entrer au Cameroun, des incubateurs industriels de production de poussins d’un jour avait été encouragée par l’adoption par l’Assemblée nationale de la loi de 2013 sur les incitations à l’investissement privé.
Or les modalités d’éligibilité aux facilités prévues par ladite loi ne figuraient pas dans la documentation à laquelle il a eu accès via internet. « c’est une fois au Cameroun que j’ai appris à travers la douane, qu’il me fallait d’abord introduire un dossier à l’Agence de promotion des investissements, un autre à l’Agence des petites et moyennes entreprises, dont je ne savais même pas l’existence et plus encore pour bénéficier des exonérations conformément à la loi sur les incitations à l’investissement privé », relate-t-il.
Et de regretter que les facilités ne soient pas accordées aux membres de la diaspora afin qu’ils améliorent le quotidien des Camerounais locaux par la création d’emplois rémunérateurs.
Comme solution à ce type de désagrément récurrent dans la diaspora, il suggère la création d’un portail d’information sur le Cameroun où tout requérant pourrait trouver l’information recherchée quelque soit le secteur d’intérêt.
Un peu dans le même sens, Jean Foka, président de la communauté des Camerounais au Tchad, dit plaider pour que le Cameroun fasse confiance à l’expertise de ses fils qui sont à travers le monde. Son entreprise dénommé Ebatf, spécialisée dans le Bâtiment et travaux public, est actif au Tchad dans le domaine des grands projets depuis des années.
« On nous a fait confiance au Tchad. Il se trouve qu’on nous a confié des projets assez importants plus qu’au Cameroun », se réjouit-il avec un brin de regret car, pense-t-il « un peu comme les autres membres de la diaspora, on ne quitte pas le chez soi par plaisir. Nul n’aimerait rester dehors ».
D’où, son souhait ardent de bénéficier d’une attention particulière des pouvoirs publics. Car, « nous sommes prêt à affronter le marché du Bâtiment et du génie civil au même titre que les multinationales qui viennent s’installer au Cameroun, précise-t-il. En tant qu’entrepreneur, il réclame un accompagnement du gouvernement dans le domaine des crédits pour l’équipement. Un peu comme les pays tels que le Sénégal le font.
Outre ce qui procède, la question de l’admission de la double nationalité reste de loin la question la plus citée dans les verrous relevés de l’insuffisance de l’accompagnement des pouvoirs publics à la participation de la diaspora au développement du Cameroun.
Les travaux de Yaoundé auront un impact quelconque sur l’avenir des relations entre le Cameroun et sa diaspora ? Difficile à dire pour l’instant lorsqu’on se rappelle qu’un rendez-vous du même type a eu lieu en 2010. Il n’aura donné pour seul résultat que l’autorisation du vote de la diaspora à l’élection présidentielle.
Pour le meilleur suivi des résolutions du Fodias 2017, les participants ont par exemple, suggéré que les chefs de communauté des Camerounais de l’extérieur soient détenteurs d’un passeport de service à défaut qu’ils soient érigés en 4e secrétaire de l’ambassade du Cameroun dans le pays d’accueil.