Casser le mur de glace, établir le pont de proximité entre le chef de l’Etat avec la base, orienter l’action gouvernementale vers les besoins quotidiens des populations, autonomiser les femmes et amplifier la lutte contre le chômage des jeunes, voilà pour l’essentiel les missions que le chef de l’Etat est en droit d’attendre de son nouveau directeur de cabinet.
Déclinant ses orientations au Premier ministre sur le nouveau gouvernement, entré en fonction la semaine dernière, le président de la République Ali Bongo Ondimba disait, nous citons : « Le temps est plus que jamais à l’action. Une action qui doit constituer une réponse concrète aux problèmes des Gabonais, notamment à ceux de la femme et des jeunes ».
Venant du chef de l’Etat lui-même, cette indication est révélatrice des retards enregistrés à l’allumage dans l’action et certainement des pesanteurs qui ont eu à se manifester dans la réalisation de son projet de société.
Sans doute, il est plus que grand temps de se recentrer sur l’essentiel qui compte pour la satisfaction des besoins des populations et la conduite des projets de développement.
Contexte de dépréciation des prix des matières premières et décélération économique oblige, si le déploiement du Plan de relance de l’économie et la nécessité d’en assurer la réussite a milité en faveur du maintien de la colonne vertébrale du gouvernement, à travers la confirmation des principaux ministres des pôles économique et social, il n’en demeure pas moins vrai que pour en densifier de façon perceptible l’impact sur le terrain, la présence aux côtés du chef de l’Etat d’une personnalité qui respire au quotidien l’air « des mapanes » sans avoir peur de mettre les mains dans le cambouis était devenue un impératif majeur.
Certes féconde et porteuse des grandes ambitions, la vision du chef de l’Etat a donné à voir un tableau binomial fait des satisfactions dans certains domaines et des insatisfactions dans d’autres.
Au nombre d’insatisfactions, l’une des plus significatives à déplorer reste celle liée à une forme de cassure qui a été constatée entre les tenants du pouvoir et les administrés.
L’or jeune et les femmes : deux chantiers prioritaires
Une fracture que l’on voyait apparaitre sous forme d’absence d’actions fortes et concrètes de grand impact face aux problématiques des jeunes représentant 60% de la population et des femmes tout le long de son septennat.
De ce point de vue, il y a à reconnaitre que si les éminences grises n’ont pas manqué aux côtés du chef de l’Etat, le moins que l’on puisse admettre est que des véritables relais communautaires lui ont fait défaut.
Cette absence notoire des personnes estampillées « hommes de terrain » s’est révélée sérieusement rédhibitoire avec à la clé très peu de résultats reluisants engrangés sur le volet social.
Pourtant, par leur connaissance, ces baroudeurs du terrain auraient eu à donner de l’épaisseur aux projets de développement par un maillage et des mécanismes de nature à assurer la célérité dans les réponses à donner aux doléances des couches les plus fragiles.
Si ce n’est pas dans des termes biaisés, des nombreux cadres et autres intellectuels de haut vol qui auraient pu travailler pour faire approprier cette vision du chef de l’Etat auprès des populations n’ont fait que l’enfermer dans une tour d’ivoire autant qu’ils ont excellé à la galvauder.
Très peu ils sont à avoir été aux premières loges pour légitimer le pouvoir en aidant les masses à s’approprier dans les termes accessibles le pourquoi des réformes, le pourquoi du changement des mentalités, le pourquoi de la méritocratie, le pourquoi de l’égalité des chances, le pourquoi de la diversification de l’économie, et surtout sur le fait qu’il fallait tourner le dos aux délices de la rente pétrolière, la liste est longue.
Chaque chose a son temps, comme le dit un vieux adage. Et ce temps est venu au président Ali Bongo Ondimba de comprendre qu’il devrait davantage renforcer son ancrage sur le terrain afin que les Gabonais et les Gabonaises ressentent cette proximité avec leur chef qui semble leur avoir été volée et ainsi s’approprier sa vision.
Qu’en lieu et place des projets pharaoniques uniquement, certes nécessaires au titre des infrastructures structurantes, les Gabonais sont pressés de se voir dotés d’un toit décent, de bien se soigner et bien s’alimenter, tout comme ils sont pressés d’offrir à leur progéniture une scolarité aux standards internationaux.
Réduire la distance entre le chef de l’Etat avec la base
Comme il l’a si bien dit dans son discours de l’An 57 de la fête de l’Indépendance « la solution à nos problèmes réside en nous et dans notre génie créateur ».
Pour voir cette donne de proximité reprendre ses droits, seuls des mécanismes de relais déjà bien enracinés et suffisamment implantés dans le tissu social sont indispensables.
Rapprocher
L’on ose bien le croire, c’est à ce titre et dans l’ambition de voir ses actions impacter réellement les compatriotes dans leur quotidien que le chef de l’Etat a vite fait d’aller le dénicher là où il se cachait.
Cet homme façonné sur le terrain au prix de l’ardeur au travail, c’est Brice Laccruche Alihanga le promoteur de la plateforme Association des jeunes émergents volontaires (AJEV), une méga-association qui en intègre une cinquantaine d’autres de petite envergure, étalant ainsi son emprise sur l’ensemble du territoire national.
En portant son choix sur Brice Laccruche Alihanga, le promoteur de l’or jeune, dont l’engagement est avéré dans la promotion, l’autonomisation, l’auto-entrepreneuriat en vue de faire reculer le chômage rampant, le président de la République, chef de l’Etat, donne un signal fort aux jeunes et vise à reprendre la main sur cet important vivier.
Par la promotion de son nouveau Directeur de cabinet au crédo évocateur « Sans jeunesse, qui compte plus de 60% de la population, pas d’émergence », à ses côtés, certainement que Ali Bongo Ondimba entend résorber deux problématiques majeures en plus d’être lancinantes: d’abord briser tous les murs qui l’éloignaient des aspirations quotidiennes de la base des Akebe, Avea, Atsibitsos, Nkembo, Atong Abe et autres d’une part, et de l’autre attendre une meilleure lisibilité des chantiers comme la lutte contre le chômage, le dialogue social, le pragmatisme et les actions de proximité qui impactent le quotidien des populations, les femmes en particulier, loin des discours savants qui n’ont servi uniquement que les arrogances éculées de la classe politique.
Au-delà de la joie justifiée d’une telle confiance en lui placée, à lui d’en mesurer l’ampleur de la tâche, par ricochet, des responsabilités qui l’attendent.
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