Gaza, l’ombre d’une annexion : un projet illégal et une menace pour les Palestiniens
Dans un scénario digne d’une dystopie politique, le président américain Donald Trump, sur une suggestion de Benyamin Netanyahou, envisage l’annexion de la bande de Gaza par Israël. L’idée ? Transformer cette enclave assiégée en une « Côte d’Azur du Moyen-Orient » et expulser les Palestiniens vers la Jordanie et l’Égypte. Une proposition qui, si elle se concrétisait, constituerait une violation manifeste du droit international et un crime contre l’humanité.
L’annexion par la force : un coup de canif au droit international
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le droit international interdit strictement l’acquisition de territoires par la force. L’article 2(4) de la Charte des Nations Unies est sans équivoque : aucun État ne peut annexer un territoire par la contrainte militaire. Or, Israël, qui a occupé Gaza en 1967 avant de s’en retirer en 2005, ne peut juridiquement y revendiquer aucune souveraineté.
L’annexion de Gaza violerait également le principe de l’autodétermination des peuples, consacré par la résolution 1514 de l’ONU et réaffirmé à de multiples reprises dans les décisions internationales. La communauté internationale, y compris les États-Unis sous d’autres administrations, a toujours considéré Gaza comme un territoire occupé où le peuple palestinien doit exercer son droit à l’indépendance.
Un crime de guerre aux relents de déportation
Mais au-delà du simple enjeu territorial, l’expulsion des Palestiniens de Gaza vers la Jordanie et l’Égypte serait une entreprise criminelle au regard du droit international humanitaire. La Quatrième Convention de Genève (1949) est formelle : le transfert forcé d’une population occupée est interdit et constitue un crime de guerre.
L’article 49 de cette convention stipule que « les transferts forcés de population occupée, à l’intérieur ou à l’extérieur du territoire occupé, sont interdits, quelles qu’en soient les motivations ». Une expulsion en masse des habitants de Gaza vers des pays tiers violerait cette règle fondamentale. Plus grave encore, l’article 147 de la même convention classe cette pratique parmi les infractions graves, passibles de poursuites devant la justice internationale.
De son côté, le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) qualifie de crime contre l’humanité toute déportation ou transfert forcé de population. Autrement dit, un tel projet placerait ses instigateurs sous la menace d’une poursuite pour crime de guerre et crime contre l’humanité.
Nettoyage ethnique et apartheid : les dangers d’un précédent
Loin d’être une simple manœuvre stratégique, l’idée d’expulser les Palestiniens pour transformer Gaza en un havre de luxe rappelle des schémas historiques sinistres. Déposséder une population entière de sa terre et de son identité nationale relève du nettoyage ethnique, un terme souvent employé par les défenseurs des droits humains pour qualifier la politique israélienne à l’égard des Palestiniens.
Ce projet s’inscrirait également dans une dynamique d’apartheid, une accusation de plus en plus formulée par des organisations comme Amnesty International et Human Rights Watch. La Convention internationale sur la répression du crime d’apartheid (1973) définit ce dernier comme une politique de domination systématique et de discrimination raciale, ce que l’expulsion forcée des Palestiniens viendrait accentuer de manière brutale.
Une fuite en avant périlleuse
Face aux lois et conventions internationales, une telle annexion serait non seulement illégale, mais aussi politiquement explosive. Elle renforcerait l’instabilité régionale et provoquerait une réaction internationale cinglante. Si l’histoire nous enseigne quelque chose, c’est que les tentatives de réingénierie démographique forcée n’ont jamais apporté autre chose que chaos, souffrance et conflits.
Une « Côte d’Azur du Moyen-Orient » sur les ruines de Gaza et au prix de l’exil forcé de son peuple ? Derrière le vernis d’un projet aux allures touristiques, c’est un crime de masse qui se dessine. Un crime que le droit international ne saurait ignorer.
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