En Afrique, avons-nous une justice sérieuse ? Les réflexions sont nombreuses et on en parle toujours dans plusieurs pays. Souvent, on accuse les juridictions constitutionnelles.
La justice présentait une analyse approfondie, mais non exhaustive, de l’état de la justice et des défis auxquels elle était confrontée trente ans après l’accession à l’indépendance d’une majorité des États du continent africain. Une quarantaine d’auteurs, de tous horizons – universitaires, chercheurs, magistrats, responsables dans les ministères de la Justice, documentalistes –, ont exposé leur point de vue, leurs espoirs, mais aussi leurs critiques, leurs craintes et, dans tous les cas, leurs interrogations sur l’avenir de la justice en Afrique.
Sans pouvoir rendre compte de toutes les évolutions des vingt-cinq dernières années et de l’abondante littérature sur le sujet, on retiendra que la justice, telle qu’elle apparaît dans les pays francophones principalement (mais non exclusivement) retenus, n’est plus la même : de nouvelles justices se sont développées, avec de nouveaux défis, auxquels ont à faire face les gouvernants jusqu’à s’interroger sur la construction de nouveaux paradigmes pour y parvenir.
Mais, dans le discours, il y a une constante : les sérieux doutes sur les performances de la justice et une permanence des critiques, parfois très sévères, formulées sur l’organisation et le fonctionnement d’une justice à la recherche de ses acteurs et, plus grave, car ceux-ci en sont le cœur de cible et la finalité ultime, fondant sa raison d’être, d’une justice sans justiciables, ce qui ne signifie pas que tous les justiciables soient sans justice…
Depuis des années, toutes les études sur la justice, et elles sont innombrables – commencent par l’énoncé de sévères critiques et d’un réel scepticisme de la part des observateurs et experts nationaux ou internationaux, comme des acteurs eux-mêmes, usagers potentiels ou en cours de procès, investisseurs ou consommateurs, responsables de l’institution judiciaire, magistrats… Les formules sont souvent sans appel pour décrire un véritable « naufrage judiciaire » et des systèmes judiciaires « sinistrés » (Marchand, 1996), une « justice exsangue », source du « chaos juridique et judiciaire » qui serait celui d’un continent.
Le paysage de la justice en Afrique a besoin d’un lavage à grande eau. Dans plusieurs pays africains, les problèmes n’en manquent pas ; on indexe souvent les plus hautes institutions juridiques à qui on reproche d’être derrière le président de la République. Du coup, ses institutions agissent sous ordre du président africain. L’Afrique doit changer. Il est temps !