Alors que le Sommet Afrique-France s’est achevé à Bamako et que se prépare la transition aux Etats-Unis, l’homme d’affaires et philanthrope Rodrigue Nguesso a bien voulu répondre à quelques questions de bilan et de prospective.
Alors que le Mali vient de recevoir le Président Hollande pour sa tournée d’adieu, quel bilan pouvez-vous faire de ce quinquennat ?
Je retiendrais d’abord la COP 21 à Paris. Au-delà des jugements qui ont pu être portés sur la Présidence de François Hollande, il me semble qu’il s’est agi d’un succès indéniable de la diplomatie française. Toute l’expérience d’un Laurent Fabius a été nécessaire à arracher cet accord que l’on peut qualifier, sans exagération, d’historique. D’autant que la mise en œuvre du protocole, sur laquelle je nourrissais jusqu’à récemment certains doutes, semble en bonne voie.
En ce qui concerne l’Afrique plus spécifiquement, je ferais volontiers mienne l’expression qu’a employé Ibrahim Boubacar Keïta (le Président malien), en ouverture de ce 27ème sommet Afrique-France, lorsqu’il a estimé que « quelque chose a changé dans les pratiques politiques de la France en Afrique ».
Enfin, le fait même que ce sommet ait pu se tenir, dans de bonnes conditions de sécurité, à Bamako, est un signe éloquent qui rappelle le rôle que la France a joué en matière de sécurité. Rappelez vous, en décembre 2013, lors du dernier sommet, que de nombreuses voix s’étaient élevés pour signifier leur inquiétude sur ce choix, qui était clairement « un défi ». Ce défi a été relevé, et il faut féliciter le Mali pour cela.
Dans le même temps, Donald Trump s’apprête en entrer en fonction aux Etats-Unis. Comment analysez-vous l’impact potentiel de ce changement de leader ?
Premièrement, laissez-moi préciser que, quoi que l’on puisse penser personnellement de Donald Trump, il a été élu démocratiquement et chacun se doit de respecter sa victoire. Il est piquant de lire ici où là, des défenseurs auto-proclamés de la démocratie, remettre en cause ce résultat car il ne leur convient pas.
Par ailleurs, le Président élu sera jugé sur ses actes, pas sur ses tweets. Il convient donc d’attendre les premières décisions, même si un changement de style indéniable est à l’œuvre au sommet de l’Etat américain.
Cette nouvelle présidence qui débute aura-t-elle un impact en Afrique ?
Comme vous le savez, le New York Times vient de faire fuiter un document interne à l’équipe de transition du Président élu, dans laquelle il est question de sa future politique africaine. Il ressort de ce document une vision peut-être plus court-termiste et isolationniste que précédemment, avec en filigrane une sorte de « préférence nationale » américaine.
Ceci-dit, là encore, il faudra juger les actes. D’autant que les Etats-Unis ont toujours défendu une politique africaine alignée sur la défense de leurs intérêts fondamentaux. Et qu’ils restent, avec 31 milliards de dollar par an, le premier bailleur de l’aide internationale. Dont 8 milliards par an pour la seule Afrique sub-saharienne…
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