Les gabonais se retrouvent enfin pour parler des problèmes de leur pays. Ils sont réunis depuis le mardi 28 mars, date du lancement du dialogue national prôné par le Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba. Les membres de la majorité, de l’opposition et ceux de la société civile se sont engagés pour mettre fin à la crise politique qui mine le pays.
Le Dialogue politique est lancé. Devant plus de 600 personnes, le Président de la République gabonaise, Ali Bongo Ondimba, a déclaré ouvertes des assises qui s’apprêtent à entrer dans l’histoire du Gabon. La cérémonie s’est tenue devant le Bureau du Dialogue politique, en présence, pour la majorité, des co-présidents Emmanuel Issoze Ngondet et Faustin Boukoubi et des vice-présidents Jean Boniface Assele et Guy Christian Mavioga, et pour l’opposition, des co-présidents René Ndemezo’Obiang et Pierre Claver Maganga Moussavou et des vice-présidents Marcel Robert Tchoreret et Bonaventure Nzigou Manfoumbi.
Au fil des semaines, quelque 1200 organisations de la société civile et 52 partis politiques de la majorité et de l’opposition dessineront le visage institutionnel et politique du Gabon de demain.
Quatre déclarations ont marqué la cérémonie inaugurale :
ALI BONGO ONDIMBA
L’heure est donc à l’échange de la parole au service de la Nation
Ce Dialogue politique s’ouvre sept mois après la tenue de l’élection présidentielle du 27 août 2016, à l’issue de laquelle certains de nos compatriotes optèrent d’emprunter le chemin de la violence pour exprimer leur désaccord
J’avais déjà eu l’occasion, lors de mon discours d’investiture, le 27 septembre 2016, ici, dans cette même salle, de souligner l’impasse dans laquelle mène ce choix. Car, la violence dans notre pays a toujours été un chemin qui n’a jamais mené nulle part, sauf à la désolation et au malheur collectif
La vérité des faits est que les palabres post-électorales au Gabon ne datent pas d’aujourd’hui. Elles sont aussi vieilles que l’histoire des élections dans notre pays
Il n’y a rien de nouveau sous le soleil gabonais. Ce que d’aucuns nomment aujourd’hui crise n’est et doit rester une querelle de famille dont nous devons trouver ensemble l’issue
Nous avons toujours fait le choix majoritaire du dialogue comme modalité principale de règlement de nos différends politiques. C’est là l’un des traits essentiels de notre culture politique : plus prompts à la palabre, mais aussi au dialogue plutôt qu’à l’affrontement violent. C’est, en effet, cela le constituant essentiel de notre ADN politique national
Notre pays se trouve dans un espace-temps particulier où le vieux monde, dominé par les privilèges indus, n’a pas complètement disparu, et où le nouveau, celui de l’égalité des chances, tarde à naître. C’est cette tension, et rien d’autre, qui fait fondamentalement crise
Nous devons en sortir en réformant notamment notre système institutionnel, ainsi que la structure de notre économie, pour faire naître le nouveau monde. Tel est l’objectif principal de ces assises : définir collectivement les contours de ce nouveau monde. Un nouveau monde qui accepte l’empire de la Loi, le respect de l’Autre et l’intérêt général
Nos institutions doivent, avant toute chose, refléter notre identité
En menant avec détermination, patriotisme et sagesse ces échanges, en pensant d’abord au Gabon, notre cher pays, vous avez la lourde mission d’indiquer au peuple gabonais l’horizon du futur
En parlant du futur, je pense d’abord à la jeunesse qui doit mériter toute notre attention car le pays que nous voulons bâtir est d’abord leur pays. Faisons confiance à cette jeunesse. Impliquons-la dans les choix que nous avons à faire pour le pays que nous devons leur léguer
Je vous invite aussi à ne pas oublier nos mères, nos soeurs, nos épouses et nos fille qui sont le socle et le sel de notre nation. Vos échanges doivent prendre en compte leurs aspirations légitimes pour une plus grande participation à la vie sociale, économique et politique de notre pays
N’en doutons pas : l’Afrique est l’avenir du monde. Cessons donc de chercher au loin ce qui se trouve sous nos pieds
EMMANUEL ISSOZE NGONDET, co-président de la délégation de la majorité
L’instant qui nous réunit ce jour va entrer dans l’Histoire, une Histoire écrite en lettres d’or
Ce n’est qu’ici et entre nous-mêmes, que nous pouvons redessiner les contours de la société politique dont nous voulons. Ce sera assurément, le lieu de réaffirmer par-dessus tout, la prééminence de notre destin commun, de notre vivre ensemble, de notre paix légendaire, en un mot, de ce qui constitue le socle de notre Gabon, sur toutes les autres considérations.
RENE NDEMEZO OBIANG, co-président de la délégation de l’opposition
Nous allons avec nos compatriotes de l’opposition et de la majorité suivre les travaux du Dialogue, selon des thématiques arrêtées par consensus. Il s’agit maintenant d’entrer dans le vif du sujet, pour des discussions franches, fraternelles et patriotiques. Nous sommes tous des Gabonais
De ce Dialogue sortiront des réformes qui bénéficieront au peuple tout entier. A propos des absents, et bien je veux souligner que ce dialogue est inclusif, et qu’ils peuvent nous rejoindre demain ou après-demain. Tous les Gabonais sont volontaires pour, par-delà leurs différences, travailler ensemble. Les parties prenantes doivent s’impliquer en toute sincérité et apporter des critiques constructives.
FAUSTIN BOUKOUBI, co-président de la délégation de la majorité
L’une des valeurs fondamentales du parti que j’anime s’appelle le dialogue. Œuvrer pour le Gabon et pour le bien-être de son peuple devrait être une volonté commune. Nos militants ont le souci permanent de rassembler la nation. Alors, quand des filles et des fils de ce pays, potentiellement riches de leurs contributions, ne sont pas là, nous ne pouvons que le déplorer
Leur apport aurait été utile et ceux qui, aujourd’hui, les soutiennent auraient bien besoin de voir prises en compte leurs idées. En vérité, les conclusions du Dialogue politique initié cette semaine sont destinées à s’appliquer à tous, en intégrant le corpus des lois et règlements de la République.
Signalons que le grand absent de ce dialogue c’est Jean Ping. Le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle a refusé de prendre part à ces assises. Et pourtant, un cadre idéal pour lui de se faire entendre. Il conteste toujours la réélection du président Ali Bongo Ondimba, proclamé vainqueur par le ministre de l’Intérieur sur invitation de la CENAP. Son élection a été validée par la Cour constitutionnelle.