En dépit de toutes les controverses qui ont émaillé l’idée de modifier la Constitution de 2005, aucune pression n’a réussi à infléchir la détermination de Pierre Nkurunziza à organiser le référendum de ce 17 mai 2018.
Jeudi 17 mai, jour de référendum au Burundi qui a rendez-vous avec son avenir. Comme par le passé avec les élections présidentielles, ce vote est foncièrement décrié car se déroulant en l’absence des observateurs internationaux.
L’on note tout de même qu’en amont, la campagne a été marquée par un contexte tendu mêlé de violence meurtrière.
Lors de ce référendum très contesté par l’opposition et la communauté internationale, les Burundais sont donc appelés à se prononcer sur le projet d’amendement de la Constitution de 2005.
Craignant de donner une caution morale à ce qui semble un passage en force du président Pierre Nkurunziza, au pouvoir actuellement, les institutions internationales ont pris position pour ne pas y participer.
Du coup, le référendum burundais qui devait sans doute voir le oui l’emporter vient de se dérouler sous une chape de plomb.
Les déclarations de Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine en février dernier en disent long sur la désapprobation de l’Union africaine (UA).
« Le dossier burundais est entre les mains de la Communauté est-africaine et que jusqu’à ce que les choses soient claires, l’UA n’est pas à même d’envoyer des observateurs comme les règles ne sont pas connues d’avance ».
Une position relayée par le président de la Commission de l’UA dans sa correspondance destinée à Yoweri Museveni, président ougandais et médiateur dans le conflit burundais.
Non seulement Moussa Faki Mahamat y a sérieusement dézingué le pouvoir en place à Bujumbura, il charge en même temps le président ougandais d’agir pour faire face à la situation.
Pourquoi tant de cris d’orfraie et qu’est-ce que le référendum va-t-il changer dans ce pays très pauvre de l’Afrique de l’Est ?
Taillé sur mesure, l’on apprend que le nouveau texte ouvre un boulevard pour le maintien au pouvoir de Pierre Nkurunziza jusqu’en 2034.
Sans surprise, le texte devrait être massivement voté, élaguant au passage autant d’acquis de la Constitution de 2005 issue de l’accord de paix d’Arusha, conclu le 28 août 2000.
Par le compromis obtenu à cette occasion, ce jour-là donnait une lueur au Burundi, car les principaux acteurs pouvaient enfin fumer le calumet de la paix. Mettant ainsi fin à plusieurs années de guerre civile.
Malheureusement, avec le oui attendu lors de ce référendum, ce texte va donc perdre de sa substance.
Au nombre des principaux changements en vue, on peut notamment entrevoir ce qui suit : « Un seul Dieu, Nkurunziza son pasteur ; Adieu l’équilibre au sommet de l’Etat ; Nkrunziza jusqu’en 2034 ; Le tout puissant CNDD-FDD ; Des gouverneurs en treillis militaire ; Le service national de renseignement hors contrôle ; Exit les anciens chefs d’Etat ».