Commencé dans la contestation quant à l’opportunité ou non de son organisation, c’est aussi dans un climat de contestation que les résultats du référendum organisé au Burundi seront accueillis par l’opposition cet après-midi.
Les résultats du référendum constitutionnel sont attendus pour ce lundi après-midi. L’annonce en a été faite par le président de la Commission électorale nationale indépendante(CENI), Pierre Claver Ndayicariye, à travers un message qu’il a adressé aux acteurs politiques.
L’annonce des résultats se fera à 16h. Dans les prochains jours, ces résultats attendront d’être validés par la Cour constitutionnelle.
Sur place, les voies s’élèvent déjà dans les rangs de l’opposition pour contester la sincérité de ce vote. Pour un scrutin qui s’est tenu le 17 mai dernier, comment expliquer que 3 jours après, aucun résultat ne soit connu, s’insurgeait hier dimanche un acteur de la société civile.
Pour un opposant qui a témoigné sous couvert de l’anonymat, « La Céni et le pouvoir ont profité de ce temps pour manipuler les chiffres, les procès-verbaux et tous les autres documents et les harmoniser avec ce que les médias ont annoncé ».
Dans sa réaction, la Céni mettait en avant l’argument selon lequel elle attendait les procès-verbaux et les résultats de l’ensemble de bureaux de vote avant de se prononcer.
Pour l’heure, les seuls résultats en circulation sont ceux émanant d’un collectif de 15 radios publiques et privées travaillant sous la férule du ministère en charge des médias.
D’après ces chiffres qui portent sur 17 des 18 provinces du pays, le « oui » obtient partout des scores oscillant entre 50 et 85%.
Si les résultats arrivaient à être confirmés, ce qui semble presque acquis, la nouvelle constitution ouvre un boulevard au président Pierre Nkurunziza, 54 ans et au pouvoir depuis 2005, de s’offrir deux nouveaux mandats de 7 ans à compter de 2020 et de rester au pouvoir jusqu’en 2034.
Si toutes les constitutions au monde prévoient les mécanismes de leur révision dans le texte, le vrai débat porte sur les raisons et l’opportunité pouvant les y mener. C’est sur cet enjeu que les positions sont souvent diamétralement opposées entre tenants du pouvoir et acteurs de l’opposition en Afrique.
Pour sa part, le principal opposant sur place au pays, Agathon Rwasa, a déjà indiqué qu’il ne reconnaitra pas les résultats du référendum.
« Le processus électoral n’a été ni libre, ni transparent, ni indépendant, encore démocratique. La population a été victime de harcèlement et des intimidations de la part de CNDD-FDD, le part au pouvoir au Burundi », accuse-t-il.