Une faille impressionnante traverse l’Afrique, annonçant la possible formation d’un nouvel océan. Si ce phénomène spectaculaire alimente les spéculations, la réalité scientifique révèle un processus géologique complexe et extrêmement lent, bien loin des images sensationnalistes.
Le rift est-africain : une faille au cœur du continent
Le rift est-africain, s’étendant sur environ 4 000 km de l’Éthiopie au Mozambique, est un fossé d’effondrement considéré comme un « océan en formation ». Ce phénomène a commencé il y a environ 25 millions d’années et se situe à la frontière de trois plaques tectoniques : nubienne, somalienne et arabique. Cette configuration en fait une région particulièrement active sur le plan géologique, où les plaques s’éloignent lentement les unes des autres, à une vitesse d’environ 7 mm par an, bien plus lente que l’expansion de l’Atlantique.
Dans la région de l’Afar, à la frontière entre Djibouti, l’Éthiopie et l’Érythrée, les signes de cette séparation sont déjà perceptibles. La croûte terrestre, beaucoup plus fine qu’ailleurs, commence à perdre ses caractéristiques continentales pour adopter celles d’une croûte océanique, plus dense et volcanique. Cette zone, où le plancher est déjà bas et ponctué de nombreux volcans, préfigure l’émergence d’un futur océan, même si ce processus reste au stade initial du fractionnement.
Contrairement aux scénarios apocalyptiques parfois véhiculés, l’eau ne s’engouffre pas brutalement dans le rift. Elle arrive progressivement, par infiltration à partir des nappes phréatiques ou des zones volcaniques actives. Ce phénomène, imperceptible à l’échelle humaine, se déroulera sur plusieurs millions d’années avant de donner naissance à un véritable océan.
Une lente transformation en océan
Le processus qui se déroule actuellement en Afrique est similaire à celui qui a donné naissance à l’océan Atlantique il y a environ 200 millions d’années. À cette époque, l’Europe et l’Amérique du Nord formaient un seul continent avant de se séparer progressivement, au rythme de quelques centimètres par an. Cette dynamique lente mais inexorable redessine peu à peu la géographie terrestre.
Les chercheurs estiment que l’ »océanisation » complète de la région de l’Afar pourrait survenir dans environ cinq millions d’années. Cependant, ces projections restent incertaines, car le mouvement des plaques tectoniques est complexe et difficile à anticiper. Des facteurs comme la faible épaisseur de la croûte terrestre dans cette zone pourraient toutefois accélérer le processus.
À terme, cette fracturation redessinera la carte de l’Afrique. La Corne de l’Afrique pourrait se détacher du reste du continent pour former un nouveau bloc continental, séparé par un océan. Cependant, l’avenir exact de régions comme la mer Rouge ou le golfe d’Aden reste incertain, tant les forces tectoniques en jeu sont imprévisibles.
Entre science et imaginaire collectif
Les images virales montrant une faille gigantesque remplie d’eau tumultueuse relèvent davantage de la fiction que de la réalité scientifique. Le processus géologique en cours est d’une lenteur extrême et ne représente aucun danger immédiat pour les populations locales.
Le rift est-africain offre une opportunité rare d’observer en direct la naissance d’un océan. Il permet aux géologues de mieux comprendre les mécanismes à l’origine des grands bouleversements géographiques de la planète, comme ceux qui ont donné naissance aux océans Atlantique ou Indien.
L’Afrique, comme le reste de la Terre, est en constante évolution. Si ce phénomène s’inscrit dans un temps géologique qui dépasse largement notre échelle humaine, il illustre la puissance des forces naturelles qui façonnent notre planète depuis des milliards d’années.
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