Palestine : Une disparition programmée ? Les origines d’un projet de colonisation planifié dès 1899

Benjamin Netanyahu, le Premier ministre d'Israël
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L’histoire de la Palestine est celle d’un effacement méthodique, orchestré sur plus d’un siècle à travers une colonisation progressive, des manœuvres diplomatiques et des offensives militaires. Un document historique récemment exhumé, une édition du New York Times du 20 juin 1899, illustre cette stratégie de conquête préméditée.

L’article relate une réunion de la Fédération des Sionistes Américains à Baltimore, où des délégués furent élus pour un congrès international du sionisme à Bâle, en Suisse. L’objectif ? Organiser l’installation juive en Palestine sous l’égide d’un projet explicite : “Will Colonize Palestine” (“Ils coloniseront la Palestine”).

Article du New York Times

Cet aveu, écrit noir sur blanc il y a plus de 120 ans, témoigne d’une réalité trop souvent occultée : la colonisation de la Palestine ne fut ni accidentelle, ni une conséquence involontaire des tragédies du XXe siècle, mais bien un projet structuré dès ses débuts. Ce projet a mené, au fil des décennies, à la disparition progressive de la Palestine telle qu’elle existait historiquement.

Aujourd’hui, alors que les Palestiniens vivent sous occupation et fragmentation territoriale, il est essentiel de se demander : comment en sommes-nous arrivés là ?

Une conquête annoncée, un effacement planifié

L’article du New York Times de 1899 n’est pas un simple compte-rendu d’une réunion politique. Il révèle une intention claire et assumée de prendre possession de la Palestine bien avant la création de l’État d’Israël en 1948.

Le Congrès Sioniste de Bâle, initié par Theodor Herzl en 1897, avait déjà défini les contours du futur État juif en Palestine. Dès cette époque, le mouvement sioniste, bien organisé, a commencé à structurer une immigration de masse, à acheter des terres et à préparer le terrain pour un changement démographique et territorial irréversible.

Du projet à la réalité : les étapes d’une prise de contrôle progressive

L’histoire de la disparition de la Palestine ne s’est pas jouée en un jour. Elle s’est déroulée par étapes successives, à travers une combinaison de stratégies politiques, économiques et militaires.

1. L’achat massif de terres et la marginalisation des Palestiniens (1880-1947)

Dès la fin du XIXe siècle, des organisations sionistes, financées par de riches donateurs en Europe et aux États-Unis, ont acquis des terres en Palestine. Ces achats, souvent réalisés auprès de grands propriétaires absentéistes, ont conduit à l’expulsion progressive des paysans palestiniens.

Le Fonds National Juif (Keren Kayemeth LeIsrael) a été créé pour acquérir et gérer ces terres en faveur des colons juifs. Une fois achetées, ces terres étaient interdites à toute réinstallation palestinienne, renforçant ainsi une politique d’exclusion.

2. La Déclaration Balfour et la complicité des puissances occidentales (1917-1947)

En 1917, la Déclaration Balfour, signée par le ministre britannique des Affaires étrangères Arthur Balfour, annonce le soutien du Royaume-Uni à la création d’un foyer national juif en Palestine. Cette déclaration ignorait totalement les droits des populations arabes locales, qui représentaient alors plus de 90 % des habitants.

Avec la fin de l’Empire ottoman, la Grande-Bretagne obtient en 1920 un mandat sur la Palestine, facilitant ainsi l’implantation juive et l’expansion des colonies. Pendant ce temps, les Palestiniens sont marginalisés politiquement et économiquement, empêchés d’accéder aux mécanismes de décision.

3. L’expansion militaire et l’exode forcé (1947-1948)

En 1947, l’ONU adopte un plan de partage de la Palestine, accordant 55 % du territoire aux sionistes, alors qu’ils ne représentaient qu’un tiers de la population. Ce plan est rejeté par les Palestiniens et les pays arabes, car il consacre une inégalité flagrante.

Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame l’indépendance d’Israël, marquant le début de la guerre de 1948. Lors de ce conflit, plus de 750 000 Palestiniens sont expulsés ou fuient leurs terres dans ce qui sera appelé la Nakba (“catastrophe”).

Des massacres comme celui de Deir Yassin (9 avril 1948), où des groupes armés sionistes ont tué plus de 100 civils palestiniens, ont été utilisés pour provoquer un exode massif.

4. L’occupation et l’effacement systématique de la Palestine (1967 – aujourd’hui)

Après la Guerre des Six Jours en 1967, Israël occupe la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza, consolidant ainsi un contrôle total sur la Palestine historique.

Depuis, Israël a poursuivi une politique d’expansion des colonies en Cisjordanie, malgré leur illégalité au regard du droit international. En parallèle :

• Des centaines de villages palestiniens ont été détruits, leurs noms remplacés par des toponymes hébraïques.

• Les Palestiniens restants sont soumis à un régime d’occupation militaire, avec checkpoints, blocus et restrictions de mouvement.

• Jérusalem-Est a été annexée illégalement en 1980, avec une politique systématique d’expulsion des habitants palestiniens.

Aujourd’hui, plus de 5 millions de Palestiniens vivent sous occupation ou en exil, et toute perspective d’un État palestinien indépendant s’amenuise face à la colonisation accélérée.

Un projet abouti : La Palestine effacée de la carte

L’article du New York Times de 1899 est la preuve que la colonisation de la Palestine n’a jamais été un projet spontané ou une conséquence fortuite des conflits du XXe siècle. C’était une entreprise pensée, financée et mise en œuvre sur plus d’un siècle.

Les Palestiniens ont été dépossédés, marginalisés et privés de leur souveraineté, sous le regard complaisant des puissances occidentales. Aujourd’hui, Israël contrôle la quasi-totalité de la Palestine historique, laissant aux Palestiniens des enclaves fragmentées sous occupation militaire permanente.

La question qui se pose désormais est : jusqu’où ira cet effacement ?

Le projet de colonisation, annoncé dès 1899, semble s’être accompli sous les yeux du monde, sans qu’aucune force internationale n’ait réussi à l’arrêter.

Un avenir en suspens : Un État palestinien encore possible ?

Malgré des décennies de dépossession, la Palestine n’a pas disparu totalement. Des millions de Palestiniens résistent encore, sur leur terre ou en exil. Mais le temps joue contre eux.

Peut-on encore espérer la création d’un État palestinien indépendant ?

Si la communauté internationale n’impose pas une solution politique fondée sur le droit international, l’effacement total de la Palestine pourrait bientôt devenir irréversible.

L’heure est à l’action, avant qu’il ne soit trop tard.

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Prosper Akouegnon
Prosper possède 15 ans d'expérience dans le journalisme. Il a précedemment travaillé pour le journal le Républicain et Le Scorpion Akéklé à Lomé. Devant la montée en force de la presse en ligne et la chute des presses traditionnelles, il décide de monter le site d'information en ligne AfricTelegraph en 2015 et s'installe au Gabon.

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