Cryptomonnaies : les transactions en plein boom en Afrique subsaharienne

Une pièce de cryptomonnaie.Image par Matthias Wewering de Pixabay
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En Afrique subsaharienne, les transactions en cryptomonnaies se sont élevées à 100,6 milliards de dollars, entre juillet 2021 et juin 2022. C’est ce qu’indique une note de recherche publiée fin septembre par Chainalysis. Cette région abrite d’ailleurs les marchés les plus dynamiques malgré sa faible part dans les transactions mondiales.

D’après une note de recherche publiée fin septembre par Chainalysis, une société américaine d’analyse de blockchain basée à New York, les transactions en cryptomonnaies se sont élevées à 100,6 milliards de dollars en Afrique subsaharienne, entre juillet 2021 et juin 2022. Soit une hausse de 16% par rapport à la période juillet 2020 – juin 2021. En dépit de cette progression remarquable, la région ne pèse que 2% des transactions en cryptomonnaies recensées à l’échelle mondiale.

Nigeria, Kenya et Afrique du Sud en tête

Ce poids minime n’empêche cependant pas l’Afrique subsaharienne d’abriter les marchés les plus dynamiques au monde. En l’occurrence l’Afrique du Sud, le Kenya et le Nigeria, qui occupent respectivement les 30e, 19e et 11e rangs dans l’indice mondial d’adoption des cryptomonnaies créé par Chainalysis. Le Nigeria, en particulier, est un grand utilisateur des monnaies virtuelles. En octobre 2021, le pays a lancé eNaira, la monnaie fiduciaire numérique émise par la Banque centrale. La maturité de ce marché nigérian a motivé Binance, la plus grande plateforme d’échanges de cryptomonnaies du monde, à entamer ce mois-ci des discussions avec les autorités nationales. Objectif : faire du Nigeria le premier pays d’Afrique de l’Ouest à établir une zone franche virtuelle.

Une majorité de paiements de détail

D’après le rapport de Chainalysis, le paysage crypto d’Afrique subsaharienne est marqué par la prédominance du marché de détail. En effet, les paiements de détail représentent 95% de l’ensemble des transferts, dont 80% pour les transactions de moins de 1 000 $. Le marché cryptographique de la région se caractérise aussi par une utilisation massive des plateformes P2P (pair-à-pair ou peer-to-peer). Dans cette catégorie, l’Afrique subsaharienne pèse environ 6 % de l’ensemble du volume des transactions cryptographiques. Elle surclasse l’Asie centrale et du Sud et l’Océanie, qui ont les deuxièmes plus importants volumes.

Un moyen de rompre avec la pauvreté

Chainalysis note en outre un contraste entre les pays occidentaux et africains au niveau des raisons qui poussent les jeunes à se tourner vers les monnaies numériques. En Europe, les jeunes souhaitent augmenter leur richesse. Sur le continent africain, en revanche, il est davantage question de préserver ou de créer la richesse, face aux conditions économiques défavorables. En effet, les pays d’Afrique subsaharienne comptent des millions de jeunes chômeurs, malgré leurs diplômes et qualifications. En l’absence d’un emploi ou d’un boulot stable, l’univers de la cryptomonnaie constitue une bouée de sauvetage. C’est le seul moyen pour certains de nourrir leur famille.

Une croissance qui se poursuivra

« L’utilisation de la cryptographie est motivée par la nécessité quotidienne, en particulier dans les pays où les valeurs des monnaies fiduciaires locales chutent, comme nous l’avons vu au Nigeria et au Kenya », indique le rapport Chainalysis. Le cabinet souligne enfin l’utilisation très importante des cryptomonnaies pour les transferts de fonds transfrontaliers et les transactions commerciales sur le continent. Il estime que cet usage des monnaies numériques continuera de croître tant que les populations feront face à des difficultés qu’elles résolvent. Les cryptomonnaies préservent, par exemple, l’épargne en cas de volatilité économique et rendent possible les transactions transfrontalières dans des endroits où les contrôles des capitaux sont stricts.

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Prosper Akouegnon
Prosper possède 15 ans d'expérience dans le journalisme. Il a précedemment travaillé pour le journal le Républicain et Le Scorpion Akéklé à Lomé. Devant la montée en force de la presse en ligne et la chute des presses traditionnelles, il décide de monter le site d'information en ligne AfricTelegraph en 2015 et s'installe au Gabon.

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