Extrême-Nord Cameroun : Dans la hantise d’une guerre tribale

Vers une guerre à l'extrême-nord Cameroun
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Les tribus fidèles au régime et celles qui font allégeance à Boko Haram laissent planer les risques des affrontements inter tribaux qui pourraient arranger les affaires de cette organisation terroriste.

Même si personne n’ose le reconnaître, il ne fait plus l’ombre d’un doute que la guerre contre la secte Boko Haram crée des discordes entre les tribus de l’extrême-nord Cameroun. Des tensions liées à l’identité confessionnelle et aux positions irréconciliables des tribus au régime Biya et d’autres sensibles aux discours de haine de la secte Boko Haram, qui pourraient déboucher sur des affrontements meurtriers ouverts entre camerounais sous les regards des adeptes de cette nébuleuse.

Depuis quelques temps, les forces armées camerounaises ont clairement pris le dessus des combattants de la secte, le pourrissement des relations entre ces tribus camerounaises qui cohabitaient en paix depuis des décennies aurait atteint des proportions inquiétantes qui dégageraient de fortes odeurs de poudre de balles.

Dans  cette partie du pays qui a été pendant longtemps le terreau de tous les trafics et des mouvements incontrôlables des populations dont on a de la peine à reconnaître la nationalité jusqu’à ce jour, certaines tribus à forte influence musulmane seraient considérées à tort ou à raison par leurs voisines chrétiennes et animistes comme des complices de la secte Boko Haram dont des enfants vendus, seraient des kamikazes qui commettent des attentats suicides au quotidien à l’intérieur de la région de l’extrême-nord et long de la frontière avec le Nigeria.

Ces suspicions basées sur des faits et informations avérés auraient installé un climat de méfiance mutuelle entre le camp de ceux qui se reconnaissent comme camerounais, de ce fait sont alignés derrière le régime et les forces armées et d’autres dont les membres de la famille seraient installés au Nigeria et cultiveraient une sympathie à l’endroit de la secte islamiste qui dès sa création n’avait pas une vocation terroriste, mais humaniste, opposée à la corruption et à l’enrichissement illicite des oligarques nigérians.

La crainte d’une étincelle

La recrudescence des attentats suicides depuis la fin de l’année dernière serait à l’origine d’une dégradation plus inquiétante des relations entre les différentes tribus de la région de l’extrême-nord. Des heurts marquées de morts deviennent réguliers et font redouter un basculement dans une guerre civile qui opposerait les tribus chrétiennes et animistes aux musulmanes qui seraient accusées de vendre les enfants qui se font exploser aux terroristes.

Les sources concordantes indiquent qu’il ne faut plus qu’une petite étincelle pour plonger ouvertement la région dans des affrontements inter-tribaux dont les combattants de la secte Boko Haram deviendraient de simples arbitres qui désigneront les vainqueurs en fonction de leurs intérêts du temps et des alliances définitives qui pérenniseraient la survie de la secte et son emprise sur la région.

Cette situation potentiellement explosive devrait amener les autorités administratives et sécuritaires à identifier les familles d’où viennent des enfants kamikazes,  afin de les mettre sous contrôle et limiter parallèlement l’influence de Boko Haram, puisqu’une guerre civile entre les tribus camerounaises de la région de l’extrême-nord serait plus dévastatrice et sans aucun doute plus difficile à vaincre.

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Destin Mballa
Destin Mballa, journaliste camerounais.

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