Dimanche dernier, tout comme les citoyens Sénégalais et Nigériens, ceux du Bénin et du Congo accomplissaient aussi leurs devoirs civiques. Si par ces élections le Bénin confirme sa maturité démocratique, le Congo s’illustre comme une véritable catastrophique sur le plan de démocratie. Après deux mandats, Yayi Boni cède le pouvoir et tandis que Denis Sassou Nguesso, après avoir cumulé trente deux ans de règne, vient d’effectuer un passage en force. Ainsi va la démocratie en Afrique.
Bénin, un model
Le dernier scrutin présidentiel a permis de constater, pour une fois encore, cette réalité, cet ancrage de la démocratie béninoise qui fait déjà école dans de nombreux pays africains. En toute sérénité et dans le calme, les électeurs béninois se sont mobilisés pour départager, par voie d’urne, les deux candidats arrivés en tête du premier tour. Celui de la continuité, Lionel Zinsou et celui de la rupture, Patrice Talon. Dans ce duel inédit pour l’accession au Palais de la Marina, c’est l’homme d’affaires Patrice Talon qui s’en est sorti vainqueur. Cette victoire, c’est son adversaire qui fut le premier à la reconnaitre. Dans un élan démocratique, le perdant s’est incliné sans contestations majeures et sans chercher à faire descendre ses militants dans la rue pour contester.
Sassou et la mascarade électorale
Le président Denis Sassou Nguesso tient à son pouvoir. Et il s’y accroche au prix de la modification constitutionnelle et des fraudes électorales. Le dernier scrutin organisé au Congo Brazzaville a permis au président sortant d’étaler à la face de tout le monde entier sa machine de fraude électorale.
Sassou et son camp ont tout simplement « fabriqué ». Alors que les résultats de l’opposition, qui avait pris ses dispositions tôt, dans le but de contrer toute tentative de fraude, le donnait perdant avec 11% des suffrages exprimés, la Commission nationale électorale indépendante (CNEI) vient de déclarer cet ancien officier vainqueur au premier tour lors de la présidentielle avec 60,39% des voix. Et comme l’on pouvait s’y attendre, l’opposition a rejeté ces résultats. Pour mieux légitimer ce coup de force, toute communication avec Brazzaville est coupée depuis quelques heures. La preuve que le régime de Sassou se reproche quelques choses. Le « coup d’Etat électoral » annoncé à travers le slogan «Un penalty, c’est gagné» vient d’être effectif au Congo.
Avec Denis Sassou Nguesso le Congo vient de montrer encore une fois qu’il est un de ces pays qui portent le bonnet d’âne en matière de démocratie en Afrique. Avec ce dernier au pouvoir, il y a plus de chances de voir ce pays figurer parmi les cancres de la démocratie sur le continent. Les leçons du Bénin, au Sénégal, du Burkina Faso sont loin d’être assimilées
Prosper A.