Afin de se maintenir «au Palais de la Nation» en République Démocratique du Congo (RDC), le président Joseph Kabila est à la manœuvre avec sa stratégie du glissement du calendrier qui consiste à repousser la date de l’élection présidentielle. C’est sous le regard inquiet de l’Union africaine (UA).
Au pouvoir depuis 2001, Joseph Kabila ne peut, selon la Constitution, se présenter à un 3ème mandat. Ayant succédé à son père Laurent Désiré Kabila assassiné, il termine son deuxième mandat le 20 décembre 2016, mais la Cour constitutionnelle vient de l’autoriser à rester au pouvoir si aucun scrutin n’est organisé à cette date. Lors d’un meeting organisé le 31 juillet à Kinhsasa, Etienne Tshisekedi a donné trois mois de préavis à Joseph Kabila. «Comme prévu par la Constitution, les élections doivent avoir lieu en 2016. Le 19 décembre 2016, le préavis sera terminé, le 20 la maison doit être libre».
À l’issue des élections marquées par des fraudes massives et ayant reconduit le président Joseph Kabila et sa majorité à la tête du pays, la RDC traverse depuis 2011, une crise politique profonde. Face à la menace d’une nouvelle crise politique, l’Union européenne a exhorté les autorités et l’opposition à un «dialogue national», «en vue d’élections apaisées» et, l’Union africaine voyant le danger, a désigné un médiateur en la personne de l’ancien secrétaire de l’OUA, Edem Kodjo. Une personnalité immédiatement rejetée par l’opposition emmenée par Etienne Tshisekedi.
L’opposant historique considère «comme un piège ce dialogue national ». Son camp, le Rassemblement, accuse M. Kodjo de faire le jeu du président Kabila à qui la constitution interdisait de se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de son mandat.
A noter que la Commission électorale a bien lancé en juillet 2016 les opérations d’enregistrement des électeurs qui selon son président Corneille Nanga, se dérouleront sur onze mois. Un délai qui rend impossible la tenue du scrutin initialement prévu pour le 19 septembre 2016.
Et le ministre de la Communication, Lambert Mende d’affirmer qu’il ne connait pas de pays où on peut aller aux élections sans avoir au préalable dénombré la population. La question est de savoir pourquoi n’a-t-on pas commencé ce recensement plus tôt ?