Jean Ping à la Nation : «les bonnes volontés sont prêtes au consensus»

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Jean Ping, leader de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) et ancien candidat à l’élection présidentielle du 27 août 2016, s’est aussi adressé à la Nation gabonaise le 16 août 2020.

Le candidat malheureux à cette élection repose sa ligne directrice sur une vieille sagesse reprise le siècle dernier par un grand Africain qui soulignait que « les grandes batailles de la vie ne sont pas gagnées par les plus forts, ni les plus rapides, mais par ceux qui n’abandonnent jamais ». 

Comme chaque fois qu’il a l’occasion, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine continue de réclamer sa victoire du scrutin de 2016, qui est déjà les Gabonais. Ci-dessous son discours en intégralité.

 « Gabonaises, Gabonais, 

Chers compatriotes, 

Mesdames et Messieurs, 

Le Gabon célèbre en ce 17 août 2020, les soixante ans de son existence en tant qu’État. Cette célébration intervient alors que de nombreuses familles ont été endeuillées par la conjugaison de la pandémie du COVID-19 et la complication de maladies peu ou mal prises en charge, par un système de santé à l’abandon. J’ai une pensée émue pour tous ceux qui ont perdu un être cher. Je n’oublie pas les familles des Résistants qui ont vu partir ces derniers temps, leurs parents. 

Chers compatriotes, 

Les soixante ans de l’accession à l’indépendance du Gabon, sont célébrés dans des circonstances nationales, d’une rare gravité depuis 2016 et dans un contexte international d’incertitude. S’agissant de notre pays, il est clair que l’ensemble de la Nation s’interroge sur son destin. Qu’avons-nous fait de ces soixante ans ? Où allons-nous ? Quelle direction prend le pays ? 

Dans l’esprit du peuple gabonais, ces questions l’emportent sur tout autre sentiment, d’autant plus que rien ne les incite à la fête et à la joie. Alors que le peuple gabonais se tourne vers moi, le Président qu’ils ont élu avec plus de 60% des suffrages aux élections présidentielles du 27 août 2016, et à ce titre garant du destin de la Nation, je lui dois des réponses. 

Chers compatriotes, 

Une ligne directrice fonde ma réponse en résumant mon action et en portant en même temps son aboutissement. Cette ligne repose sur une vieille sagesse reprise le siècle dernier par un grand Africain qui soulignait que « les grandes batailles de la vie ne sont pas gagnées par les plus forts, ni les plus rapides, mais par ceux qui n’abandonnent jamais ». 

Qu’avons nous fait au bout de quatre ans, qui ouvre le chemin de la victoire ? Que les Gabonais me comprennent bien. Seul compte réellement pour moi comme à leurs yeux, le résultat final ; le seul résultat qui vaille, c’est-à-dire l’alternance et la libération, la rupture pour la Renaissance du Gabon. Oui la Renaissance du Gabon. Ce que nous avons gagné dans l’intervalle, tous les efforts déployés dans la discrétion et l’action patiente, a déjà toute son importance à l’heure où je vous parle. Et seul comptera, grâce à votre détermination, la libération finale. 

Dans cet esprit les quatre ans que nous venons de passer ont été consacrés à construire, bataille après bataille, sacrifice après sacrifice ce résultat final, irréversible et vital pour ressusciter le Gabon. 

Comme dirait Churchill, nous avons eu devant nous la pire répression de notre histoire qui vaut encore des arrestations y compris ces jours-ci, à des jeunes comme Consty Meyong m’Ondo et Gérald Agaya. La même répression aveugle et sans cœur qui maintient depuis quatre ans, le Député Bertrand Zibi Abeghe et d’autres compatriotes en prison. La même répression aveugle qui contraint des filles et fils du Gabon à l’exil. 

La même répression qui n’épargne aucun secteur, comme le milieu religieux gabonais vient d’en faire l’amère expérience, suite aux nouvelles dispositions du Code Pénal qui violent la liberté du culte, indissociable de la liberté de conscience. 

Chers compatriotes, 

La réponse dans laquelle s’inscrit mon action est claire : je suis resté debout, déterminé et constant en mettant tout au service de la reconnaissance de la vérité des urnes. Voilà mon action. En réponse, en mobilisant prioritairement les ressources de la diplomatie, j’ai tenu le pays éloigné de la fatalité de la guerre civile ; guerre civile qui pointe néanmoins à l’horizon. 

Ma réponse, c’est d’avoir porté cette persévérance inédite de tout un peuple, notre persévérance collectivement assumée vers un seul objectif, la victoire de la vérité des urnes envers et contre tout. Il apparaît désormais clairement qu’il est vain de croire à une alternative au verdict du 27 août 2016. 

Il n’y a pas d’alternative à la vision défendue par le peuple gabonais en faveur de l’alternance, de la rupture, de la Nouvelle République et de la Renaissance du Gabon. La Renaissance du Gabon. 

Chers compatriotes, 

Pendant ces quatre années, nous nous sommes attelés au travail sans relâche. Car chaque jour, nous l’avons consacré au respect du vote de 2016, à œuvrer pour la libération du Gabon. Que notre victoire s’impose inéluctablement, alors ensemble nous pourrons dire que nous avons triomphé. 

Un triomphe au prix d’une patience collective et d’une résistance intelligente des unes et des autres, qui font l’honneur de notre nation. Ce sera un motif de fierté pour les générations futures. Notre victoire, je viens de le dire, est inéluctable. Et ce sera un grand moment de basculement. 

En parlant de cette victoire, en saluant l’endurance du peuple Gabonais qui porte cette libération de la Nation, j’ai une pensée constante pour nos martyrs. 

Nous avons régulièrement organisé, les trois années précédentes, des cérémonies d’hommage à leur mémoire. Pour le prix qu’ils ont payé, nos martyrs ont vocation, pour l’éternité, à recevoir en consécration la libération de leur pays, l’alternance à la tête de l’État et la renaissance du Gabon. 

Cette consécration de nos martyrs, des familles, des Gabonaises et des Gabonais l’attendent. Cette consécration, nos morts l’attendent, comme la sépulture dans laquelle ils trouveront le repos éternel, sur la terre de nos ancêtres, réalisant enfin la paix avec elle même. 

Chers compatriotes, 

Ceux qui pensent que le pays est divisé et indifférent à tout, comme ceux qui pensent que le peuple Gabonais est dans l’apathie, le découragement et l’abandon, se trompent. Tout cela n’est qu’apparence. 

Les consultations que j’ai multipliées ces quinze derniers jours m’ont encore permis de le vérifier. Ces consultations qui se poursuivent ont pour but d’achever tout ce que j’ai entrepris depuis quatre ans. C’est le lieu pour moi de remercier celles et ceux qui ont répondu, discrètement ou publiquement, à mon invitation. 

Auprès des leaders et des forces vives de la Nation, j’ai retrouvé la réaffirmation de la profonde conviction que les bonnes volontés sont prêtes au consensus en faveur de la restauration de ce qui a fait le socle de notre Nation : l’unité et la cohésion. L’unité et la cohésion. 

Bien entendu, œuvrer pour le rassemblement, ne signifie pas pour moi, ni pour le peuple Gabonais, la promotion de la pensée unique ; encore moins le retour au parti unique. Loin s’en faut. Nos différences sont une richesse indéniable. 

Au moment de sauver notre pays, il s’agit de se reconnaître dans des valeurs, des principes qui consacrent la primauté de l’intérêt général sur l’intérêt particulier et qui sous-tendent la République et l’État de droit. 

Dans cet esprit, j’ai senti chez les uns et les autres, que le temps était venu d’un sursaut salvateur. Un sursaut autour de la vérité et de la justice à rétablir pour que force reste au suffrage des Gabonaises et des Gabonais, d’une part et pour une passation pacifique du pouvoir, d’autre part. Le peuple gabonais est conscient ; il est bien conscient de ce qui se passe, dans un pays où nos vies sont ruinées. 

Un pays qui jette ses enfants dans les prisons et sur le chemin de l’exil. Un pays qui sombre dans la misère et le déshonneur. Le peuple gabonais voit bien à quel point le pays est balloté, sans boussole et soumis à un grand moment de détresse. Le peuple gabonais peut dire au bout de ce long combat qu’il a imposé au régime, aujourd’hui usé : tout a une fin. Tout a une fin. Et cette fin a été inlassablement préparée pour que le Gabon revive ; pour que le Gabon se régénère ; pour que le Gabon renaisse. 

Peuple Gabonais, 

Des compatriotes ont payé de leur vie notre aspiration à l’alternance. 

Le tombeau de nos héros, est certainement dans nos cœurs. Mais leur cathédrale, leur panthéon est le Gabon. Et il s’agit du Gabon libéré. Il s’agit du Gabon éternel entre les Nations. C’est pourquoi, notre Nation doit retrouver sa place. 

C’est pourquoi le peuple gabonais doit reprendre goût à la vie, retrouver le droit simplement à une vie normale, malgré la pandémie du COVID-19. Ce Gabon libéré est à notre portée. Ce Gabon est à nous tous. C’est pourquoi, je renouvelle ma confiance aux patriotes de tous les bords et de tous les camps politiques ; de toutes les confessions religieuses et de tout le champ de la société civile ; aux femmes, aux jeunes et à la Diaspora. 

Nous devons tous œuvrer ici et maintenant à rendre à notre Nation son honneur. Il revient à chacun, malgré les vicissitudes, de prendre sa place dans l’histoire, pour dire à ses enfants et à sa descendance, j’ai fait ma part. Il est temps. Oui, il est temps. Il est grand temps que le Gabon reprenne son destin en main. Et les circonstances s’y prêtent. 

Chers compatriotes, 

Comme dans de nombreux exemples de l’histoire des Nations, c’est ensemble et solidaires, que nous sortirons le Gabon de l’impasse des solutions provisoires, des agendas cachés et surtout de la fuite en avant de ceux qui ont l’illusion d’aller à 2023. 

Je suis à la tâche, pour achever avec les forces vives ainsi impliquées, l’action menée depuis quatre ans ; pour poser avec ces forces et toutes les bonnes volontés, le cadre favorable à une issue toute proche. 

Vive le Gabon immortel pour que vive à jamais la Nation gabonaise. Que les mânes de nos Ancêtres protègent notre pays. 

Et que Dieu bénisse le Gabon 

Je vous remercie »

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William Tambwe
William Tambwe, chroniqueur et éditorialiste pour Africtelegraph.

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