Une veuve Tchadienne gifle Mme Fatime Raymonde Habré

Mme Khaltouma Daba, veuve Tchadienne
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« Vous savez ce que Hissein Habré a fait. Votre nouvelle lettre, envoyée à la Première Dame, est silencieuse comme les autres sur les arrestations en masse, la persécution de groupes ethniques entiers et la disparition de milliers de Tchadiens, dont mon époux, quand le vôtre était président ». C’est la première phrase du contenu de la lettre que Mme Khaltouma Daba, a adressée à Fatime Raymonde Habré. C’est une veuve Tchadienne.

Dans le contenu de la lettre que la veuve tchadienne a écrit, on peut lire : « Mon mari a été arrêté brutalement le 20 juin 1987 à Moundou dans le sud du Tchad par des agents de la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS). Cette police politique était sous les ordres de votre mari, qui avait un droit de vie ou de mort sur des milliers de personnes, comme mon mari.

Je vous ai demandé de ses nouvelles en 2013, en réponse à votre première lettre au président Macky Sall, car cela fait maintenant 30 ans que j’ignore où est passé mon mari Issa Dardoki » explique Mme Khaltouma Daba. Arrêté sans raison, comme des milliers d’autres personnes, sauf peut-être celle d’appartenir à l’ethnie Hadjeraï.

« Mme Habré, votre mari a été condamné par un tribunal à l’issue d’un procès équitable où des preuves solides ont été présentées. Il connait les faits qui lui sont reprochés, il a eu droit à des avocats. Personne ne m’a jamais dit pourquoi mon mari avait été arrêté. J’ai cherché, j’ai demandé, mais personne ne m’a parlé. Tout le monde avait peur » lit-on dans la lettre écrit aujourd’hui, même.

Pour la veuve tchadienne, pendant le procès de votre mari, des survivants de prisons ont expliqué que les gardiens attendaient plusieurs jours avant de faire sortir les cadavres des prisonniers des cellules, attendant qu’un certain nombre de morts soit atteint.

« Un expert en écriture a confirmé que votre mari avait interdit, sur une note écrite de sa main, l’hospitalisation de prisonniers de guerre pourtant demandée par le Comité international de la Croix-Rouge. Un autre expert, en statistiques, a calculé que le taux de mortalité dans les prisons de votre mari était pire que celui des soldats allemands dans les prisons soviétiques ou des militaires américains dans les prisons japonaises durant la Seconde Guerre mondiale » écrit-elle dans la lettre dont nous détenons une copie.

« Votre mari a été condamné, entre autre chose, pour avoir violé à quatre reprises mon amie Khadidja Zidane Hassane, et pour avoir envoyé des femmes servir d’esclaves sexuelles pour ses soldats.

Voilà la réalité et l’inhumanité du régime de Hissein Habré et certaines raisons de sa condamnation » poursuit-elle.

En tant que membre du bureau de l’association de victimes de Hissein Habré, la veuve tchadienne fait le voyage du Tchad pour assister aux audiences tous les jours, espérant que votre mari parle, espérant des explications, espérant apprendre ce qui était arrivé à mon mari. Selon elle, les victimes qui sont venues témoigner attendaient aussi des réponses.

« Mais Hissein Habré ne nous a même pas regardé dans les yeux et n’a pas eu le courage de répondre à ces hommes et ces femmes qui ont vécu l’enfer dans les prisons, qui ont été torturés, ces femmes prisonnières violées et qui ont été envoyées comme des marchandises dans des camps militaires pour servir d’esclaves sexuelles » se plaint-elle.

D’après elle, Hissein Habré n’a jamais exprimé de remords et ne s’est jamais excusé auprès des dizaines de milliers de familles tchadiennes qui ont perdu un parent, un mari, une femme ou un enfant.

« Combien de vies brisées pendant les 8 ans au pouvoir de votre mari ?

Avec votre lettre à la Première Dame, vous voulez jeter un +grain de sable+ dans ce que vous appelez une machine politico-judiciaire. Des grains de sable, c’est ce qui était donné à manger dans les prisons de votre mari ! » S’offusque t-elle

Pour Mme Khaltouma Daba, la condamnation de Hissein Habré a été prononcée par un tribunal spécial à caractère international. La Première Dame, le président Macky Sall et l’Etat du Sénégal n’ont aucun pouvoir sur la durée de la peine et doivent la respecter, comme il est écrit dans le texte qui a créé les Chambres africaines extraordinaires.

« Vous dites vouloir lutter contre l’oubli, mais vous semblez oublier l’Histoire du Tchad et les horreurs que le peuple tchadien a subi quand Hissein Habré était président. Moi, je n’ai pas oublié » termine Mme Khaltouma Daba dans sa lettre qu’elle a signée.

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Lazard Obiang
Lazard possède 10 ans d'expérience dans le journalisme en ligne. Il s'occupe pour AfricTelegraph de l'actualité politique et économique au Cameroun, au Gabon et au Congo. Il travaille avec différentes presse en ligne au Gabon notemmant lenouveaugabon.com.

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