A près une élection contestée par l’opposition qui a été empêchée de manifester ce samedi, le président tchadien Idriss Deby Itno doit être investi lundi pour un cinquième mandat à hauts risques. Ce, sur fond de menaces terroristes et de chute des prix du pétrole.
Les opposants tchadiens avaient décidé de maintenir le meeting programmé ce samedi à N’Djamena ainsi qu’une « marche pacifique » dimanche, bien qu’ils aient été interdits par les autorités. Pour justifier l’interdiction des manifestations, le ministre de l’Intérieur Ahmat Mahamat Bachir, avait affirmé que « la marche est de nature à perturber l’ordre public, déstabiliser la population et intoxiquer l’opinion publique ».
Après avoir été empêché par la police anti-émeute, lourdement armée qui est intervenue pour les disperser à coups de gaz lacrymogènes, les figures du Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement (Fonac), récemment constitué pour s’unir face au chef de l’Etat, prévoit une journée « Ville morte sur l’ensemble du territoire » pour lundi, jour de la cérémonie d’investiture de M. Deby.
La cérémonie doit se dérouler dans un grand hôtel de N’Djamena en présence d’une dizaine de chefs d’Etat africains et d’autres invités comme le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian. Le Fonac a appelé tous ses militants « à ne répondre à aucune provocation ». Ses dirigeants préviennent qu’ils tiendront « le gouvernement responsable de tous les dérapages qui adviendraient ».
Notons que M. Deby, arrivé au pouvoir par la force en 1990, a été réélu en avril dès le premier tour avec près de 60% des voix, loin devant son premier poursuivant, Saleh Kebzabo (12,77%). M. Kebzabo et d’autres candidats malheureux contestent depuis cette réélection qu’ils qualifient de « hold-up électoral ». L’opposition a demandé à la communauté internationale à reconnaître « la nature dictatoriale » du régime d’Idriss Deby.
Ils reprochent notamment à la France, ancienne puissance coloniale, de fermer les yeux sur les « violations des droits de l’homme » à l’intérieur du pays, allié actif des Occidentaux dans la lutte contre le groupe islamiste nigérian Boko Haram. La capitale N’Djamena est aussi le QG de l’opération militaire française Barkhane contre les groupes jihadistes au Sahel.
Arrestations et disparitions d’opposants restent fréquentes dans ce pays de 12 millions d’habitants, comme celle en février 2008 de l’ancien chef de l’opposition, Ibni Oumar Mahamat Saleh, dont le corps n’a jamais été retrouvé, et donné pour mort.
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