Avocate de 54 ans, le médiateur actuel, Thuli Madonsela, a annoncé son intention de prendre une année sabbatique. Elle cédera officiellement sa place ce samedi à Busisiwe Mkhwebane, une autre avocate actuellement en poste au ministère de la sécurité de l’Etat.
En fonction depuis 2009, quelques mois à peine après l’élection de Jacob Zuma, elle s’est depuis imposée comme le nouveau gendarme anti-corruption du pays. En sept ans, Thuli Madonsela a fait de sa fonction de médiateur de la République un outil indépendant de lutte contre la corruption d’une efficacité telle que le président sud-africain, Jacob Zuma, sa principale cible, a tenté jeudi d’en repousser les conclusions.
En traitant des affaires de premier plan et en s’occupant aussi des citoyens ordinaires, Mme Madonsela, de l’avis des analystes, a clairement rehaussé le prestige de ce poste. Son plus grand fait d’armes : c’est le « Nkandlagate ».
Dans un rapport publié en mars 2014, elle a accusé le président de la République d’avoir fait rénover aux frais du contribuable sa résidence privée dans son village natal de Nkandla (est), pour un montant de 20 millions d’euros, environ 13. 110. 000. 000 FCFA. Elle a mené cette affaire jusqu’à ce que le président soit forcé de rembourser. Elle a utilisé les moyens légaux et forcé les institutions démocratiques à fonctionner.
Imperturbable malgré les pressions, elle s’est ensuite associée à une plainte de l’opposition qui a contraint Jacob Zuma à rembourser, en septembre, l’équivalent de 500.000 euros, environ 327.750.000 FCFA.
Le médiateur dispose de pouvoirs d’investigation indépendants de la justice mais ses moyens financiers restent limités. C’est dans ce cadre qu’elle a interrogé la semaine dernière pendant plus de quatre heures le président Zuma. A l’heure où le Parquet est soupçonné d’être directement influencé par le chef de l’Etat, de nombreux analystes redoutent déjà le déclin d’une fonction devenue indispensable à la jeune démocratie sud-africaine. Le poste de médiateur en perdra-t-il son rôle de contre-pouvoir ?
Tout au long de son mandat, Thuli Madonsela se plaisait de répéter qu’elle aime avant tout défendre les citoyens ordinaires sans toutefois lâché le président. Une fois le scandale Nkandla réglé, elle a enquêté sur la sulfureuse famille Gupta et son influence présumée sur le chef de l’Etat. « J’ai appris que les êtres humains pouvaient mentir sans sourciller », a-t-elle déclaré, avant d’annoncer son intention de prendre une année sabbatique, en cédant officiellement sa place ce samedi.
Créé en 1995 après la chute de l’apartheid, le médiateur a pour mission, selon les termes de la Constitution, de « renforcer la démocratie » en « enquêtant, rectifiant et redressant toute mauvaise conduite dans les affaires de l’Etat ».
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