De nouvelles accusations de blanchiment d’argent et de trafic d’influence sont portées contre l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010). Le lundi 10 octobre dernier, le ministère public, équivalent du parquet brésilien, a accusé l’ex de « blanchiment d’argent », « trafic d’influence », « corruption passive » et « appartenance à une organisation criminelle » dans un schéma de corruption en Angola.
Lula aurait, selon le ministère public, touché des « bénéfices indus » de la part d’Odebrecht en rétribution de conférences qu’il n’aurait pas réalisées. Soit 100 000 dollars (90 000 euros) et 479 000 réais en 2011 et 2014. Le parquet mentionne par ailleurs des avantages personnels indirects. Ainsi des services rendus au frère de Lula, José Ferreira da Silva, dit « Frei Chico », pour régler des mensualités de « plan de santé », équivalent d’une mutuelle, payées par Exergia.
Cette nouvelle mise en cause de Lula, qui doit encore être ou non acceptée par le juge Vallisney de Souza Oliveira, s’ajoute à deux inculpations de l’ancien président, l’une pour obstruction à la justice, l’autre pour corruption dans le cadre de l’enquête dite « Lava-Jato » (lavage express) portant sur le scandale de corruption lié au groupe public pétrolier Petrobras.
Pour ses partisans, il s’agit d’un complot. Les uns y verront une nouvelle démonstration du cynisme de la politique brésilienne, les autres une manœuvre supplémentaire visant à démolir l’image d’un grand chef d’Etat. Auréolé pour avoir sorti de la misère des dizaines de millions de Brésiliens, l’ancien métallo, fondateur du Parti des travailleurs (PT, gauche) est suspecté d’avoir favorisé le groupe Odebrecht pour l’obtention de contrats en Angola en utilisant les crédits préférentiels octroyés par la Banque nationale de développement économique et social (BNDES).
L’Angola, précise le parquet, pays africain lusophone dirigé depuis 1979 par José Eduardo dos Santos, a été l’un des principaux bénéficiaires des crédits de la banque publique. En « remerciement », Odebrecht aurait reversé de façon occulte 30 millions de réais (8,4 millions d’euros actuels).
Le ministère s’interroge sur le rôle exercé par Exergia Brasil, l’entreprise de Taiguara Rodrigues, possible « blanchisseuse » d’argent sale. Le parquet souligne ainsi les 17 contrats de sous-traitance au groupe Odebrecht en Angola, obtenus subitement par la société en dépit de son « absence d’expérience dans le domaine de l’ingénierie ».
Pour ses services, écrit le parquet dans son accusation, l’entreprise a reçu d’Odebrecht 20 millions de réais entre 2009 et 2015. Et de mentionner l’ascension financière « inexplicable » de Taiguara Rodrigues qui vivait dans un deux pièces avant 2007, avant de s’offrir un duplex de 255 mètres carrés dans la ville de Santos ainsi qu’une voiture Land Rover à 200 000 réais en 2010-2011.
Par ailleurs, Marcelo Odebrecht, héritier et ancien dirigeant du groupe de bâtiment et travaux publics (BTP) qui porte son nom ainsi que Taiguara Rodrigues, entrepreneur et neveu de la première épouse de Lula, ainsi que huit autres personnes, ont été mis en cause dans cette opération policière baptisée « Janus ». L’enquête vise des opérations menées entre 2008 et 2015, soit pendant et après le mandat présidentiel de Lula. Défenseur de l’ex-syndicaliste, l’avocat Cristiano Zanin Martins dénonce une nouvelle accusation « frivole », fondée sur des arguments « fragiles et superficiels ».
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