Contre sa mauvaise fortune, Santullo, le patron du Groupe Santullo-Sericom a choisi de faire dans le mauvais cœur. Quand il ne tire pas ses salves contre la première Institution de la République, il n’épargne pas d’autres personnalités dont le seul péché est de n’avoir pas accepté de se faire mettre dans sa poche en plus d’appartenir au sérail du chef de l’Etat. Quitte à en faire des bouc-émissaires. Vigilance !
« A beau mentir qui vient de loin ». Il n’y a pas meilleur adage pour qualifier le comportement prosaïque qu’affiche celui qui, parti de la Guinée où il n’a pas laissé que des souvenirs reluisants, débarque au Gabon avec la tunique d’un richissime homme d’affaires italien.
Lui, ce n’est personne d’autre que Santullo, le patron du Groupement Santullo-Sericom, une entreprise à qui échut non sans surprise la construction de nombreuses infrastructures structurantes dans le contexte de la CAN 2012 en plus du chantier de la route Tchibanga-Mayumba ainsi que le pont routier et ferroviaire sur la lagune Banio.
Il a fallu attendre le déclenchement de l’opération mamba, cette tempête dévastatrice « à forte connotation de moralisation des finances publiques » qui souffle dans la cité et qui voit tomber les têtes de certains ministres ainsi que quelques cadres au sein de la haute administration, pour mettre à nu et placer sous les projecteurs de l’actualité les pratiques peu orthodoxes qui ont entouré la passation de ces différents marchés publics et surtout le profil sulfureux et magouilleur de nombreux hommes d’affaires, dont l’italien Santullo, qui viennent d’autres cieux.
La haute administration dans sa poche
Déjà en son temps et pour mémoire, l’on se rappelle du tollé et de lancinantes interrogations qu’avait eues à susciter la signature de différents marchés cumulés à hauteur de plus de 400 milliards CFA au profit du seul Groupe Santullo-Sericom.
Bien surprenant en effet, cela parut-il, pour une entreprise qui venait à peine de poser ses valises au Gabon et dont personne ne connaissait encore les performances localement.
C’était sans compter avec les méthodes dignes de la mafia sicilienne qui avaient entouré les jeux de coulisse de cette signature. Et comme il n’y a pas de vérité que le temps ne révèle…
Grace à la vigilance de différents services et du flair personnel du chef de l’Etat, le pot-aux-roses a fini par être découvert et les enquêtes initiées à ce sujet ont déjà permis de mettre au tapis certaines têtes couronnées impliquées dans la nébuleuse des marchés publics.
La vigilance doit être de mise
Si les récentes révélations livrées par la presse sur ce dossier ont le mérite et visent visiblement à faire comprendre que d’autres loups continuent de circuler librement et que l’on est encore très loin de boucler la quadrature du cercle, il n’en demeure pas moins que la vigilance doit rester de mise pour éviter les amalgames et les invectives orientées vers des innocentes personnalités dont le seul pêché pourrait être si pas leur rectitude mais également leur proximité avec le chef de l’Etat.
C’est le cas notamment du professeur Léon Nzouba qui a nommément été cité et qui serait accusé d’avoir reçu 50 millions CFA en plus du marbre pour sa résidence de Mouila, don reçu de la part de l’homme d’affaires italien, patron du Groupe Santullo-Sericom, tombé en bisbille avec les plus hautes autorités du pays.
A ce niveau, trois questions mériteraient d’être posées. S’agit-il d’une simple opération de communication, dans ce cas ça serait de la stratégie, qui cacherait mal la dernière énergie du désespoir de la part de Santullo ? Ou serait-on devant un cas de figure de corruption avérée qui se serait produit en échange de l’obtention d’un marché public ou autres services ?
Mais à tout le moins, au stade actuel, le doute n’est pas permis face à certaines évidences.
A savoir, qu’ils soient dans le gouvernement ou au sein de la haute administration, les acteurs majeurs ayant eu à jouer un quelconque rôle ou à être impliqués dans la signature des différents marchés publics dans lesquels était engagé le Groupe Santullo Sericom sont bien connus. Certains fac-similés parus dans la presse en disent long sur leurs différentes identités respectives.
La générosité n’est pas l’apanage d’un homme d’affaires
De ce point de vue, il apparaît clairement qu’aucun de différents contrats signés en la matière et dans le contexte de ces différents marchés ne porte la signature du prof Léon Nzouba qui ne s’affiche nulle part.
En outre, personne aujourd’hui ne pourrait brandir la moindre preuve d’un marché de gré à gré qui aurait été passé avec le Groupe Santullo-Sericom de par le fait du ministre Léon Nzouba.
Mais qu’est-ce que les récentes révélations faites par le patron du Groupe Santullo-Sericom, si fracassantes soient-elles, sur sa prodigue générosité viennent-elles ajouter de nature à prouver la régularité des opérations et disculper ainsi les principaux responsables pointés du doigt dont la concussion ne souffre d’aucune contestation ?
Là se trouve le vrai enjeu et la principale interrogation.
Faisons gaffe pour ne pas tomber dans le piège du bon diseur… Car cela pourrait en effet constituer une stratégie dilatoire destinée à nous éloigner d’approcher la vérité.
C’est, selon toute vraisemblance, le chemin que semble avoir choisi d’emprunter le patron du Groupe Santullo-Sericom qui ne tarit pas d’ingéniosité pour débiter auprès du public par presse interposée tout ce qui lui passe par la tête.
Sans doute, le patron du Groupe Santullo-Sericom est-il assez roublard pour comprendre que tout l’édifice des magouilles qu’ils ont montées pour siphonner les caisses de l’Etat avec ses compères, aujourd’hui au gnouf, est en passe de se fondre comme un château de cartes.
Visiblement à court d’arguments, il n’en fallait pas plus pour faire sortir le sulfureux homme d’affaires Santullo du bois. De là à le voir désormais s’inscrire dans la logique de la terre brûlée, il n’y a qu’un pas à franchir.
Voilà ce qui expliquerait du reste les salves de révélations tapageuses contre toutes les personnes très proches du chef de l’Etat qui auraient eu le malheur de croiser son chemin de « fausse générosité » ponctué par la distribution de Tuniques de Nessus en série.
Léon Nzouba reste droit dans ses bottes
Si c’est par prétendue générosité telle que cela semble se dire qu’il aurait cadeauter certains ministres dont Léon Nzouba, sa simple parole sans preuve aucune porterait-t-elle le sceau de parole d’évangile ?
Serait-elle suffisante pour faire créditer les accusations graves portées contre l’actuel ministre de la Santé, par ailleurs homme de confiance du chef de l’Etat ? C’est trop facile !
D’après des sources concordantes et dignes de foi, jamais le professeur Léon Nzouba, du reste reconnu droit dans ses bottes, n’a eu des accointances d’aucune forme encore moins avoir été dans les bonnes grâces de cet homme d’affaires. Il n’est jamais descendu de son piédestal pour flirter avec la compromission sous n’importe quelle forme.
Qui ne dit pas que c’est peut-être même à cause de sa ligne dure que l’on voudrait en faire le bouc-émissaire patenté.
Par ailleurs, un homme d’affaires ayant des mains propres aurait-il eu besoin de faire étalage d’une telle forme de générosité au rabais et faire du forcing auprès du ministre Léon pour lui faire accepter d’intégrer l’utilisation du marbre dans sa villa dont le début des travaux est bien antérieur à leur rencontre qui n’a duré que le temps d’une inauguration des infrastructures routières à Mouila? Contre quel contrat ou quel marché public ? Contre quel service en contrepartie ? Rien n’est moins sûr.
Santullo, l’arroseur arrosé
Pour un homme d’affaires des temps modernes, si Santullo en est un, la seule alternative en matière de générosité aurait consisté pour lui à mettre en œuvre une véritable politique en droite ligne avec la Responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) grâce à laquelle il aurait pu doter les coins reculés du pays où son entreprise était engagée des écoles, des dispensaires ou d’autres infrastructures communautaires de base comme l’accès à l’eau, à l’électricité et autres… ?
Semer le trouble, les amalgames, cracher sur la première Institution de la République ou vouloir jeter l’opprobre et calomnier des ministres à la droiture éprouvée à l’instar du professeur Léon Nzouba, ne sera pas suffisants comme arguments de la part de Santullo pour se tirer d’affaires. Triste sort pour l’arroseur arrosé.
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