De nouvelles violences ont éclaté en RCA. On dénombre une trentaine de morts et plusieurs blessés. C’est le bilan des affrontements de Bangassou au Sud de la Centrafrique. Les faits se sont déroulés, dans la nuit de vendredi à samedi.
La bataille de Bangassou se tient dans des quartiers à majorité musulmane. Le camp de la Mission multidimensionnelle intégrée et des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca) est resté encerclé par de nombreux assaillants. Ils étaient lourdement armés et déterminés à en découdre avec la force internationale. Cela a créé de nouvelles violences.
Plus de 500 hommes sont entrés dans la ville. De nombreux habitants ont fui. Mais d’autres sont restés enfermés dans leurs maisons. Ces actes de violence sont attribués aux combattants du Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique (Fprc) de Nourredine Adam. Mais celui-ci a aussitôt démenti son implication. Aux dernières nouvelles, la Minusca déploient des renforts terrestres et aériens pour reprendre Bangassou et évacuer son personnel.
L’incident survient alors que le bilan des affrontements d’Alindao, une autre ville du sud du pays, est en cours. Selon L’antenne de la Croix-Rouge implantée dans cette localité, une quarantaine d’habitants ont perdu la vie. On dénombre aussi 110 blessés entre le 8 et le 10 mai, dans ces violences qui ont opposé des membres de l’Unité pour la paix en Centrafrique (Upc) d’Ali Darass des anti-balaka. La République centrafricaine compte environ 3,5 millions d’habitants pour une superficie de 622.000 Km2. Le pays a désormais à sa tête un président dont l’élection n’a souffert d’aucune contestation. L’élu, Faustin-Archange Touadera, qui a triomphé d’Anicet Georges Dologuélé avec 63% au second tour de la présidentielle du 30 mars 2016. Mais à Bangui et dans l’arrière-pays, les armes ont du mal à se taire. Une situation qui trouve ses origines dans l’histoire tumultueuse de ce pays.
Une instabilité marquée par cinq coups d’Etat depuis 1960
En effet, cinq coups d’État ont jalonné l’histoire de la Centrafrique, depuis son indépendance en 1960. Depuis décembre 2012, plus de 20% de la population centrafricaine est déplacée ou réfugiée vers les pays limitrophes. Principalement au Cameroun, au Tchad et en République démocratique du Congo (Rdc). Durant cette période, la Centrafrique a traversé une crise militaire, politique et sociale grave. Elle a été rythmée par l’augmentation des violences qui opposent des membres de l’ex-rébellion Séléka aux «anti-balaka». Séléka, terme sango dont le sens oscille entre «alliance» et «serment» regroupe des mouvements politico-militaires hétérogènes, dont la Convention des patriotes pour la justice et la paix (Cpjp) de Nourredine Adam, l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) de Michel Djotodia, la Convention patriotique pour le salut du Kodro (CPSK); kodro signifie en sango «pays», «patrie», dirigée par Mahamat Moussa Dahaffane, le Front démocratique du peuple centrafricain (Fdpc) dirigé par Martin Koumtamadji (aussi connu sous le nom de Abdoulaye Miskine).
Ce groupe prend le pouvoir par les armes à Bangui, au mois de mars 2013. Il contrôle aujourd’hui de vastes régions à l’intérieur du pays. Mais également des formations d’autodéfense dites «anti-balaka». Elles s’en prennent en particulier aux communautés musulmanes établies sur le territoire. Cette situation, à laquelle les missions militaires internationales déployées ne semblent pas avoir apporté de solution, se répercute sur les populations civiles par le biais de diverses exactions, de déplacements forcés, d’assassinats et de destruction de villages. Certains de ces mouvements avaient accepté de négocier avec le gouvernement de Bangui en adhérant à des accords de cessez-le-feu ou de paix signés avec l’ex chef de l’État, le Général François
Bozizé. Après un an de pouvoir, Faustin-Archange Touadera fait encore face au défi de la paix.