Azur Gabon n’en finit plus avec les scandales financiers. Avec une dette évaluée à près de 24 milliards de francs CFA, on se demande comment ses actionnaires et le gouvernement gabonais ont-ils pu laisser la société sombrer de la sorte. Explications…
Comme annoncé il y a quelques semaines, les comptes (vides) de la société Azur Gabon vont être à nouveau saisis. Et pas par n’importe qui : l’ARCEP. C’est le gendarme de la régulation des télécommunications au Gabon. De quoi accélérer la mise en liquidation de l’opérateur..
Azur Gabon, kiste de l’économie numérique gabonais
Pas de 3G, pas de couverture du territoire national, non respect des obligations du cahier des charges, non acquittement des taxes, droits et impôts, part de marché inférieure à 10%. Aucun grand investissement n’a été fait depuis la mise initiale de 50 millions de dollars des Saoudiens du groupe Benladen. Même Monaco Télécom, propriété de Xavier Niel, a préféré prendre la poudre d’escampette lorsqu’elle a été appelée à entrer au capital.
Azur Gabon continue à accumuler des dettes. Et à date elles s’élèvent à la hauteur de 24 Milliards dont 80% sont les dettes dues aux impôts, CNAMGS, ARCEP, et d’autres. Et à ceci s’accumule une mauvaise gestion au niveau du groupe et de certaines ingérences dans les opérations.
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La relation entre les actionnaires, avec un actionnaire dominant étranger, a créé plusieurs conflits en interne. Voyant ce qui se passait, certains actionnaires gabonais de Azur, ont pris la décision de saisir les tribunaux. Ce qui ne manquera pas de faire passer Jean Bruno Obambi par la case prison en 2015. Il faudra l’intervention de son frère, Franc Maçon de la Grande Loge du Congo, et proche de Denis Sassou Nguesso, pour le sortir en catimini du pétrin. Et affréter un avion privé.
Pendant toutes ces années, Azur Gabon fonctionnait sur fonds propres. Une trésorerie tendue et partagée entre trois opérations de sorte que tous les budgets, conçus au début de chaque année pour atteindre un résultat positif, n’a abouti qu’à des résultats négatifs :
- Incapacité à trouver des financements.
- Relation tendue avec les fournisseurs étrangers.
- Cash Flow qui ne dépendait plus de Azur Gabon.
- Non confiance des banques locales en vu des résultats des rapports des commissaires au compte et des écritures non provisionnées selon l’OHADA.
- Incapacité de payer les fournisseurs des équipements pour le support annuel.
Pourquoi l’ARCEP et le gouvernement sont-ils restés muets face à Azur Gabon ?
En Septembre 2013, le groupe Saoudien cède ses actions à une société congolaise appartenant à Obambi. La constitution du nouvel actionnariat n’est pas exactement connue et non dévoilée. Le Groupe Congolais prend les rênes des trois filiales d’Azur (Gabon. RCA, Congo). La transaction se fait au niveau des dettes et des engagements.
Avec l’arrivée du nouveau groupe, les présentes irrégularités se sont présentées. Et ont été confirmé par la comptabilité de Azur Gabon, et certains administrateurs :
- Non déclaration de transfert des actions dans le groupe Bintel (du Groupe Saoudien ou Groupe Congolais). Ce qui implique un contrôle indirect et dont le cahier de charges spécifie que tout contrôle direct ou indirect doit avoir une autorisation préalable du Gouvernement. Cela a conduit à l’évasion du paiement de la plus value.
- Des transferts de fonds à la hauteur moyenne de 150 Millions de francs CFA par mois sur le compte monégasque de Bintel. Ce qui n ‘avait jamais été le cas depuis la création de Azur Gabon. Depuis Septembre 2013 à date, plus de 2 Milliards CFA ont été rapatrié sur le compte monégasque de Bintel.
- En Janvier 2014, le conseil d’administration procède à une augmentation de capital par opération papillon et non injection du cash. Ce qui veut dire que les nouveaux actionnaires n’ont pas l’intention d’injecter de cash mais uniquement embellir la mariée.
Comment Jean Bruno Obambi a falsifié les comptes de Azur Gabon
Les informations suivantes ont été confirmées par des employés de Azur Gabon :
- Azur Gabon paie des factures d’achats d’équipements technique et marketing des autres filiales d’Azur (RCA, Congo) à partir de la trésorerie gabonaise.
- Falsification de certains contrats avec des fournisseurs étrangers pour passer la facture sur Azur Gabon.
- Compensation des dues aux fournisseurs d’Azur Congo par des paiements dus à Azur Gabon de ce même fournisseur (Azur Congo doit un montant X à Monaco Telecom et Monaco Telecom doit un montant Y à Azur Gaon. Monaco Telecom ne paiera Azur Gabon que Y-X). Ceci est le cas pour plusieurs fournisseurs.
- Obligation d’Azur Gabon d’ouvrir des liens d’interconnexion avec des groupes étrangers afin de compenser les paiements dus d’Azur Congo.
- Dans le rapport du commissaire au compte, et malgré tous les avertissements, Jean Bruno Obambi insistait à ne pas provisionner les ROAM dûs de (2009-2013) d’une valeur de 5 Milliards approximativement et aussi la notification du contrôle fiscal (2011-12-13) de 3 Milliards sans tenir compte des pénalités dûes au retard. Sommes qui à ce jour n’ont jamais été payées.
Ainsi, l’immobilisme du ministère de l’économie, et de la direction générale des impôts a de quoi surprendre. Surtout quand on sait que l’Etat cherche à recouvrer des fonds.
Flytech pour blanchir les fonds de Obambi via WiFly
A tout cela, s’ajoute la nouvelle acquisition de Obambi à travers la société Flytech, de la société Boost Africa Gabon (FAI) connue sous le nom de WiFly. Cette acquisition non plus, n’a pas été déclarée au niveau de l’ARCEP.
Jean Bruno Obambi souhaitait créer un GIE (Azur Wifly) ayant pour objectif de commercialiser les deux produits malgré le fait que le pourcentage de revenues de WiFly dans cet GIE ne contribue même pas à hauteur de 4% du montant total.
Ainsi, ce GIE n’était en fait qu’un véhicule pour transférer des fonds vu que le Ministère de l’Économie a émis des restrictions envers Azur. Et exigeait à Azur Gabon l’autorisation du Ministre (après une demande écrite en bonne et due forme) avant le transfert de fonds et au cas où aussi, le Ministère bloque les comptes d’Azur.
Azur est un réseau des opérations de téléphonie mobiles au Gabon, en RCA et au CONGO.
Bintel était une société enregistrée à JAFZ (Jebel Ali Free Zone) à Dubaï.
Actionnariats :
- Gabon : 76% Bintel, 24% Gabonnais
- RCA : 100% Bintel
- Congo : 80-90% Bintel, 10-20% Congolais
La licence de RCA opérant depuis 2009
La licence du Congo opérant depuis 2010