La liste des 143 candidats du parti démocratique gabonais (PDG) aux prochaines élections législatives continue de susciter des réactions en sens divers.
Certains candidats ont été investis dans les sièges où ils ne sont ni originaires ni inscrits sur la liste électorale. D’où ils sont appelés à batailler dur et se faire accepter. Un casting qui apparaît comme une volonté de briser définitivement les équilibres sociologiques et géo-identitaires qui pourtant, ont toujours sous-tendu le fonctionnement des circonscriptions électorales jusque-là.
Dans certains sièges, il est aussi clair que les candidats du PDG feront face à une résistance de taille. Mais cette résistance ne viendra pas de l’opposition gabonaise qui est en perte de vitesse. Actuelement, elle vit une crise de cadres, réellement capables de tenir la dragée haute aux candidats du parti au pouvoir sur de la majorité des sièges. Officiellement, les 143 candidats du Parti Démocratique Gabonais sont connus.
A moins d’une dizaine de jours de la date limite du dépôt des candidatures, aucune formation politique de l’opposition n’a encore rendu publique sa liste de candidats. Si du côté de ces partis d’opposition, on évoque des alliances en formation, pour expliquer ce mutisme, la réalité est toute autre. C’est-à-dire qu’aucun parti politique de l’opposition ne présentera 143 candidats sur toute l’étendue du territoire national, ni seul, ni en groupe.
Ce qui compromet déjà au départ la possibilité de parvenir à la cohabitation ou même d’atteindre la majorité à la prochaine législature.
Thérèse Chantal Akouosso, actuel ministre déléguée à la Communication a un morceau dur à croquer à Leconi, chef-lieu du département des Plateaux. Originaire du 2e siège qui rassemble les cantons Louri et Douèlè Laboumi, et où elle vote régulièrement, elle est obligée d’affûter les armes au 1er siège qui comprend la commune de Leconi et le canton Djouya.
Le 2e siège revient désormais à son frère du village Odjouma, l’ancien préfet du département du Komo Mondah aujourd’hui à la retraite, Alphonse Debat Passantere. Il faut dire que l’imposition de Chantal Akouosso à ce 1er siège vient mettre fin à la clause non écrite, qui voudrait que le mandat soit alterné entre les ressortissants du canton Djouya et ceux de la commune de Leconi.
On sait qu’au Gabon, le vote répond très souvent aux équilibres sociologiques et géo-identitaires. Lorsqu’on regarde toujours dans le Haut-Ogooué, l’actuel ministre des Transports, Justin Ndoundangoye, originaire de Ngouoni dans le département de Lekabi-Lewolo, lui devra solliciter les suffrages du 2e arrondissement de la commune de Franceville.
Comme à Leconi, les populations de cet arrondissement refusent déjà de voir débarquer chez eux, l’étranger venu tout droit d’une autre localité. Même scénario à Libreville où la communauté Omiènè du 2e siège du 1er arrondissement dit niet à Joseph Marie Boussegue, considéré comme un intrus.
Les exemples sont légion. Est-cela veut dire que le pouvoir s’est lancé dans le combat contre le rejet de l’autre comme l’a annoncé le Chef de l’Etat dans son dernier discours à la nation ? L’avenir nous le dira.
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