Lancement de la bourse en Éthiopie : une réforme économique ambitieuse

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L’Éthiopie a lancé sa bourse des valeurs cette semaine, une étape clé dans sa libéralisation économique sous Abiy Ahmed. L’objectif est d’attirer des investissements privés et d’intégrer le pays à l’économie mondiale, bien que des défis demeurent.

Une bourse des valeurs pour stimuler l’investissement privé

Le lancement de l’Ethiopian Securities Exchange (ESX) marque un tournant dans la politique économique de l’Éthiopie, mettant en lumière les efforts du gouvernement pour attirer des investisseurs privés et diversifier l’économie.

Le Premier ministre Abiy Ahmed a souligné l’importance de la bourse des valeurs dans la stratégie de libéralisation économique du pays. En ouvrant l’accès aux investissements privés, l’Éthiopie espère non seulement attirer des capitaux étrangers, mais aussi stimuler la croissance de nouvelles entreprises locales. Le directeur général de l’ESX, Tilahun Kassahun, prévoit l’adhésion de 90 sociétés à la bourse dans les dix prochaines années, un objectif ambitieux qui pourrait transformer le paysage économique du pays.

À ce jour, seule la Wegagen Bank a été cotée à la bourse, mais l’entrée imminente d’Éthio Telecom, l’entreprise publique de télécommunications, pourrait marquer le début d’une dynamique plus large. L’introduction en bourse d’entreprises publiques et privées est cruciale pour établir la crédibilité de la nouvelle bourse et attirer des investisseurs nationaux et internationaux.

Malgré son potentiel, l’ESX doit faire face à plusieurs obstacles. L’absence de culture boursière, la faiblesse des régulations financières et la nécessité de renforcer la confiance des investisseurs locaux constituent des défis majeurs. Le gouvernement devra mettre en place des mesures solides pour sécuriser les investissements et garantir la transparence du marché afin d’assurer sa pérennité.

Le rôle d’Abiy Ahmed dans la libéralisation de l’économie

Depuis son arrivée au pouvoir en 2018, le Premier ministre Abiy Ahmed a entrepris des réformes radicales visant à ouvrir l’économie éthiopienne aux investissements privés, à moderniser le secteur privé et à intégrer le pays davantage dans l’économie mondiale.

Les réformes d’Abiy Ahmed incluent la privatisation de plusieurs entreprises publiques, dont le secteur des télécommunications, traditionnellement dominé par l’État. Cette ouverture a attiré des géants comme Safaricom, la société de télécommunications kényane, qui a obtenu la première licence privée pour opérer en Éthiopie en 2021. Ces réformes visent à moderniser l’économie éthiopienne, en stimulant la concurrence et en améliorant l’efficacité du marché.

L’Éthiopie a enregistré des taux de croissance économique parmi les plus élevés du continent au cours des dernières années. Cependant, cette croissance a été perturbée par des conflits internes, notamment la guerre civile qui a ravagé la région du Tigré entre 2020 et 2022, ralentissant le processus de libéralisation. Le pays a dû faire face à des défis internes complexes qui ont affecté la stabilité économique et la confiance des investisseurs étrangers.

Bien que les réformes d’Abiy Ahmed aient été saluées à l’international, des interrogations persistent sur l’engagement réel du gouvernement en faveur de la libéralisation. Les tensions politiques internes et la guerre civile ont créé une incertitude qui pourrait freiner l’attrait de l’Éthiopie pour les investisseurs étrangers. Certains analystes soulignent que des réformes économiques solides doivent être accompagnées d’une stabilité politique durable pour maximiser leur impact.

Une économie en transition : opportunités et défis

L’Éthiopie, deuxième nation la plus peuplée d’Afrique, représente un marché immense et une opportunité pour les investisseurs. Cependant, la transition vers une économie de marché ouverte est semée d’embûches.

Avec une population d’environ 130 millions d’habitants, l’Éthiopie possède l’un des plus grands marchés en Afrique. Cette base de consommateurs est un atout majeur pour les entreprises qui cherchent à s’implanter dans la région. De plus, les réformes économiques et le lancement de la bourse devraient favoriser la création de nouvelles entreprises et l’expansion des secteurs existants.

La sécurité reste une priorité pour garantir l’attractivité du pays. La guerre du Tigré a mis en lumière la fragilité de la situation politique en Éthiopie. Les conflits ethniques et les tensions régionales peuvent affecter non seulement la stabilité interne, mais aussi les investissements étrangers. Les entreprises qui choisissent d’entrer sur le marché doivent évaluer les risques liés à cette instabilité.

L’avenir de l’Éthiopie dépendra de sa capacité à combiner réformes économiques et stabilité politique. Le succès de la bourse des valeurs pourrait marquer une étape importante vers une plus grande ouverture, mais cela nécessite un cadre institutionnel solide, une gouvernance transparente et un engagement clair en faveur de la libéralisation. Si ces conditions sont réunies, l’Éthiopie pourrait devenir un modèle de développement pour l’Afrique.

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