Face aux bouleversements géopolitiques en Afrique de l’Ouest, le Togo évalue la possibilité d’adhérer à l’Alliance des États du Sahel (AES). Une décision stratégique qui pourrait redéfinir ses alliances régionales et son positionnement international.
L’Alliance des États du Sahel : une alternative à la CEDEAO
L’Alliance des États du Sahel (AES), fondée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, s’impose comme une réponse aux critiques envers la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ces pays, confrontés à des sanctions de la CEDEAO après leurs coups d’État, se sont unis autour d’intérêts communs, notamment la sécurité et l’opposition aux ingérences extérieures.
Situé au carrefour des dynamiques sahéliennes et côtières, le Togo, qui entretient des relations diplomatiques prudentes, pourrait voir dans l’AES une opportunité de diversifier ses partenariats. Cependant, son adhésion impliquerait de s’éloigner partiellement des positions traditionnelles de la CEDEAO, organisation dont il est membre fondateur.
Avec la montée des menaces djihadistes dans la région, l’AES met en avant une coopération renforcée en matière de défense et de lutte contre le terrorisme. Le Togo, confronté à des incursions djihadistes à ses frontières nord, pourrait trouver dans cette alliance une occasion d’améliorer sa sécurité nationale.
Les enjeux pour le Togo : bénéfices et risques
Rejoindre l’AES pourrait offrir au Togo un cadre de coopération plus étroit avec ses voisins sahéliens. L’alliance promet de mutualiser les ressources pour lutter contre les groupes armés et développer des infrastructures transfrontalières. Ce soutien serait précieux pour un pays en proie à des défis sécuritaires croissants.
Cependant, l’adhésion du Togo pourrait brouiller ses relations avec certains membres influents de la CEDEAO, notamment le Nigéria, principal acteur de l’organisation. Ce choix stratégique pourrait aussi fragiliser ses relations avec des partenaires occidentaux, qui critiquent ouvertement l’AES pour son rapprochement avec des puissances comme la Russie.
Le Togo s’efforce de cultiver une image de stabilité et de modération sur la scène internationale. Une éventuelle adhésion à l’AES, perçue comme une alliance anti-occidentale, pourrait remettre en question cette posture et susciter des interrogations sur ses orientations stratégiques futures.
Quelles perspectives pour la région et le Togo ?
Si le Togo rejoint l’AES, cette décision pourrait renforcer l’alliance et redessiner les équilibres régionaux. Cela pourrait également inciter d’autres États côtiers, comme la Guinée, à suivre cet exemple, affaiblissant encore davantage l’autorité de la CEDEAO.
Pour éviter une fracture durable en Afrique de l’Ouest, il est crucial de promouvoir un dialogue entre l’AES et la CEDEAO. Le Togo pourrait jouer un rôle de médiateur en intégrant l’alliance tout en conservant des liens étroits avec ses partenaires historiques.
L’adhésion du Togo à l’AES marquerait un tournant dans sa politique étrangère. Ce choix devra être pesé avec soin pour équilibrer les bénéfices sécuritaires et économiques, sans compromettre sa position dans le paysage diplomatique ouest-africain.
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