À l’approche de l’élection présidentielle du 12 avril 2025, le Gabon est en proie à une atmosphère lourde d’incertitudes. Entre la candidature controversée du président de transition, le général Brice Oligui Nguema, et les inquiétudes concernant la transparence du scrutin, le pays retient son souffle.
Une transition politique semée d’embûches
Depuis le coup d’État militaire du 30 août 2023, qui a évincé le président Ali Bongo Ondimba, le Gabon traverse une période de transition délicate. Le général Brice Oligui Nguema, ancien chef de la garde présidentielle, a pris les rênes du pays en promettant un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Cependant, sa décision de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle soulève des interrogations quant à la sincérité de cette transition.Le Monde.fr
Une candidature qui divise
Le 22 mars 2025, la Cour constitutionnelle a validé huit candidatures pour l’élection présidentielle, dont celle du général Oligui Nguema. Cette approbation intervient malgré l’adoption en novembre 2024 d’une nouvelle constitution, censée exclure les leaders de transition de la course électorale. Cette situation alimente les craintes d’une volonté de la junte de conserver le pouvoir, au détriment d’un véritable processus démocratique.Reuters
Une opposition fragmentée et affaiblie
Face au général Oligui Nguema, l’opposition peine à s’unir. Parmi les candidats en lice, l’ancien Premier ministre Alain Claude Bilie-By-Nze, qui se présente en indépendant, est considéré comme un sérieux challenger. Néanmoins, la dispersion des forces d’opposition risque de favoriser le maintien au pouvoir des militaires, d’autant plus que les ressources étatiques semblent largement mobilisées en faveur du président de transition.
Les conditions d’organisation de l’élection présidentielle suscitent de vives inquiétudes. Le manque de transparence dans la composition de la commission électorale, l’absence d’observateurs internationaux indépendants et les restrictions imposées aux médias et à la société civile font craindre une manipulation des résultats. De nombreux citoyens redoutent que le scrutin ne soit qu’une façade destinée à légitimer la mainmise des militaires sur le pouvoir.
Les Gabonais, aspirant à une véritable démocratie, oscillent entre l’espoir d’un changement réel et la crainte d’une perpétuation du statu quo. Les manifestations pacifiques sont réprimées, et le climat de peur empêche une mobilisation citoyenne massive. Beaucoup redoutent que, malgré les promesses de transition, le pays ne s’enlise dans une nouvelle ère d’autoritarisme militaire.
Si les résultats de l’élection sont contestés, le Gabon pourrait basculer dans une crise post-électorale aux conséquences imprévisibles. Les tensions ethniques et politiques, exacerbées par des années de gouvernance autoritaire, pourraient dégénérer en violences. La communauté internationale, bien que prudente, suit de près l’évolution de la situation, consciente des risques pour la stabilité régionale.
Un avenir incertain pour le Gabon
À quelques jours du scrutin, le Gabon se trouve à la croisée des chemins. L’élection présidentielle du 12 avril 2025 représente une opportunité historique de restaurer la démocratie et de tourner la page des régimes autoritaires. Cependant, les signaux actuels laissent craindre une consolidation du pouvoir militaire, au détriment des aspirations démocratiques du peuple gabonais. L’avenir du pays dépendra de la capacité des acteurs politiques à privilégier l’intérêt national sur les ambitions personnelles, et de la vigilance de la société civile à défendre les acquis démocratiques.