L’ex président de la République Démocratique du Congo (RDC) bénéficie d’une immunité alors qu’il est accusé de soutenir les rebelles de l’est du pays. Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, appel à lever ce statut afin d’entamer des pursuites.
Revirement politique après 18 ans de présidence
Joseph Kabila a accédé à la présidence de la République démocratique du Congo après l’assassinat de son père, et a exercé le pouvoir jusqu’en 2016. Refusant initialement de quitter ses fonctions, il a déclenché une série de violentes émeutes en annonçant l’impossibilité d’organiser des élections dans les délais prévus. Ce n’est qu’en 2019 qu’il a finalement accepté de respecter le processus électoral, cédant la présidence à Félix Tshisekedi, élu lors d’un scrutin largement contesté.
Martin Fayulu, donné favori, a dénoncé un arrangement politique orchestré par Kabila pour lui barrer l’accès au pouvoir, accusations que les deux principaux intéressés ont formellement démenties. Après avoir quitté ses fonctions, Joseph Kabila s’est installé en Afrique du Sud pour entreprendre un doctorat sur les relations géopolitiques entre l’Afrique et les grandes puissances mondiales. Ses travaux universitaires ont été validés en 2023 par la communauté académique de l’Université de Johannesburg.
Relations ambigües avec les rebelles
Protégé par son statut de “sénateur à vie”, Joseph Kabila bénéficie d’une immunité qui entrave toute procédure judiciaire à son encontre. Cependant, le procureur militaire de la République démocratique du Congo (RDC) a récemment demandé que cette immunité soit levée afin de permettre l’ouverture de véritables poursuites. Jusqu’à présent, les investigations ont été limitées, d’autant plus que l’ancien président résidait hors du territoire congolais ces deux dernières années.
Le mois dernier, Joseph Kabila a exprimé son intention de rentrer en RDC pour participer aux efforts de résolution du conflit qui oppose son pays au Rwanda, dans l’est du territoire. Cette annonce est intervenue peu après la signature d’un accord entre Kinshasa et Kigali, négocié à Washington, visant à réduire le flux de réfugiés déplacés par les violences.
Des rumeurs ont rapidement émergé concernant sa présence à Goma, une ville stratégique de l’est contrôlée en partie par les rebelles du M23. Cette situation a ravivé les tensions : les autorités congolaises ont interdit les activités du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation politique fondée par Kabila. Le gouvernement accuse le parti d’entretenir des liens avec les ennemis de l’État et dénonce une « attitude ambiguë » de l’ancien président dans un contexte d’occupation militaire et d’instabilité accrue dans la région.
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