Droits de douane : les tarifs « punitifs » de Trump font vaciller l’économie sud-africaine

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Malgré des négociations intensives, Pretoria n’a pas obtenu d’accord douanier avec Washington. À partir de jeudi, les exportations sud-africaines vers les États-Unis seront frappées d’une taxe de 30 %. Un coup dur pour une économie déjà fragilisée par la stagnation et le chômage massif.

Une sanction commerciale lourde

L’annonce est tombée comme un couperet. Alors que la Chine, la Corée du Sud et l’Union européenne sont parvenues à arracher des compromis avec l’administration Trump, l’Afrique du Sud n’a pas réussi à convaincre Washington. Résultat : ses exportations seront désormais taxées à hauteur de 30 %, un niveau jugé « punitif » par Cyril Ramaphosa.
Le président sud-africain, qui dit maintenir « tous les canaux de communication ouverts », a rappelé que les États-Unis demeuraient le deuxième partenaire commercial du pays, avec près de 7 milliards d’euros d’exportations en 2024. Mais le message envoyé est clair : Pretoria sort affaiblie des tractations.

Une économie déjà sous pression

Cette décision arrive au plus mauvais moment pour la nation arc-en-ciel. Avec une croissance atone (0,1 % au premier trimestre) et un chômage qui touche 33 % de la population active, les marges de manœuvre sont faibles. Selon le gouvernement, la mesure pourrait coûter 30 000 emplois, voire jusqu’à 100 000 selon la Banque centrale.
Les secteurs les plus exposés sont stratégiques : l’automobile, notamment dans le Cap Oriental, ainsi que l’agriculture, avec le vin et les agrumes exportés depuis le Cap Occidental et le Cap Nord. Ces filières risquent d’être supplantées par des concurrents mieux lotis sur le marché américain. Ironie du sort, parmi les perdants figurent aussi de nombreux fermiers blancs, alors même que Donald Trump avait affirmé vouloir défendre leur sort en leur proposant le statut de réfugiés.

Diversifier pour survivre

Face à ce choc, le gouvernement sud-africain tente de réagir. Le ministre des Affaires étrangères Ronald Lamola a annoncé une stratégie de diversification « proactive et collaborative ». Des discussions sont engagées avec l’Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis, tandis que Pékin apparaît comme le débouché privilégié. Mais ces ouvertures exigent des négociations longues et complexes, comme le rappelle le ministre du Commerce, Parks Tau.
Pretoria envisage également des mesures internes : un bureau d’assistance aux exportateurs, un plan de soutien aux entreprises touchées, ou encore des exemptions temporaires aux lois sur la concurrence afin de faciliter la coopération entre producteurs. « Construire une certaine résilience est impératif », a insisté Cyril Ramaphosa dans sa lettre hebdomadaire.

Tensions politiques et diplomatiques

La décision américaine ne se limite pas au terrain économique. Elle ravive aussi les tensions diplomatiques. Donald Trump a laissé entendre qu’il pourrait boycotter le G20 prévu en novembre à Johannesbourg, critiquant au passage les politiques sud-africaines de discrimination positive et de réforme foncière. Washington a déjà annulé un exercice militaire conjoint prévu en septembre dans l’État-Libre, signe supplémentaire de la crispation bilatérale.
Sur le plan intérieur, l’opposition en profite pour attaquer le gouvernement. L’Alliance démocratique, deuxième force politique et membre de la coalition, accuse l’ANC d’« échec diplomatique » et de « négligence », dénonçant un « résultat catastrophique » pour l’Afrique du Sud. Un discours qui risque d’accentuer la fragilité politique du président Ramaphosa à quelques mois d’échéances électorales cruciales.

Avec ces droits de douane, Donald Trump frappe un partenaire stratégique et expose la fragilité d’une économie sud-africaine déjà à la peine. Pretoria tente de sauver la face par la diversification et la diplomatie, mais l’impact immédiat sur l’emploi et les filières exportatrices pourrait bien laisser des traces durables.

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