Cameroun : Sous fond de tension sociopolitique, Paul Biya célèbre ses 35 ans de règne

Paul Biya, un de ceux dont les candidatures ont été validéesPaul Biya, un de ceux dont les candidatures ont été validées
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Alors que le pays fait face à plusieurs crises, des scènes de liesse sont organisées sur toute l’étendue du territoire par les militants du RDPC. Le parti au pouvoir commémore l’accession de Paul Biya à la magistrature suprême.

Le président Paul Biya a totalisé 35 ans de pouvoir le 6 novembre 2017. C’est précisément en 1982 qu’il est devenu président de la République à l’âge de 49 ans. Placé sous le signe du renouveau, son leitmotiv est « Rigueur et Moralisation ». Dans une interview du feu Yves Mourousi sur les ondes de Radio Monte-Carlo (RMC) en 1983, Paul Biya avait déclaré ceci : « Je voudrais qu’on retienne de moi l’image de l’homme qui a apporté la démocratie et la prospérité ».

S’il est vrai que la démocratie et les libertés sont effectives au Cameroun, la corruption, l’injustice sociale, le chômage, le sous-développement et la pauvreté restent les maîtres maux qui minent les Camerounais.

Si bien que beaucoup se demandent ce qu’a concrètement réalisé Paul Biya après 34 ans de règne sans partage ? Même si le calme est apparent, la célébration du 6 novembre n’est pas du goût de tous les Camerounais. Plusieurs d’entre eux parlent même d’une moquerie du peuple.

Le 35e anniversaire de l’ascension du chef de l’État à la magistrature suprême est célébré ce jour sous fond de tension sociopolitique. Car, le Cameroun fait face à une crise économique bien que se portant relativement stable. Mais les régions du Nord et de l’Extrême nord du pays, sont meurtries par le terrorisme islamique de Boko Haram. Plus un jour ne passe sans que les populations et les forces de défense n’aient essuyé un attentat Kamikaze.

L’Est Cameroun, fait face à un afflux important de réfugiés centrafricains et même de rebelle du fait du conflit qui sévit dans ce pays depuis 2013. A cet effet, l’insécurité est grandissante dans la région de l’Est Cameroun. Par ailleurs, cette région qui est l’une des plus riche du Cameroun reste encore sous enclavé et pourtant victime de l’exploitation abusive de son bois par les sociétés étrangères.

A l’Ouest Cameroun, les dignitaires Bamiléké, ce grand groupe ethnique qui dispose du pouvoir économique à travers sa société secrète le Laakam, ont adressé un mémorandum au Chef de l’État pour dénoncer la marginalisation dont ils sont victimes. En effet, ils réclament aussi des postes stratégiques au sein du sérail et pensent que leurs ressortissants sont écartés des affaires.

Mais l’actuel gouvernement compte plusieurs ministres ressortissant bamiléké (Habitat et développement urbain, Travaux publics, Recherche scientifique et innovation, secrétariat général adjoint de la primature, etc.). Dans la région du Centre et du Sud, les élites et patriarches Béti et fang réclament aussi une place sous le soleil à Paul Biya. Mais là où l’épicentre de la contestation se trouve c’est dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-ouest.

Faut-il le dire, le Cameroun s’enlise dans cette crise politique qui dure déjà un an. Même si le gouvernement a apporté des solutions aux revendications des anglophones, certains semblent se radicaliser en exigeant le départ du chef de l’État comme condition à la résolution de la crise.

Bien plus, une frange minoritaire des anglophone veut faire sécession tandis que d’autres veulent retourner au fédéralisme. A un an de l’élection présidentielle d’octobre 2018, de pareilles tensions n’augure rien de bon au Cameroun. Ce d’autant plus que de nombreux rapports des Ong internationaux publiés ces derniers temps sur la situation des droits de l’homme et des libertés ternissent davantage l’image du Cameroun.

Le vieux président du haut de ses 84 ans n’est pas prêt à passer le témoin.

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Destin Mballa
Destin Mballa, journaliste camerounais.

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