Centrafrique : La fin de « Sangaris » risque de replonger le pays dans une situation plus dramatique

Jean-Yves Le Drian en Centrafrique
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Les Centrafricains vivent ces dernières semaines avec la peur au ventre. Des bandes armées ont repris leurs exactions à grande échelle à l’intérieur du pays. Jeudi et vendredi, au moins 25 personnes, dont six gendarmes, ont été tuées lors d’affrontements à Bambari (centre) et ses environs.

Ces groupes sont essentiellement issus de factions parfois rivales de l’ex-rébellion Séléka à dominante musulmane, chassée du pouvoir après l’intervention française, de miliciens anti-balaka, se revendiquant chrétiens, mais aussi de groupes d' »auto-défense » d’éleveurs nomades peuls, de bandes spécialisées dans le racket routier et d’éléments « incontrôlés ».

Tous ces affrontements éclatent au moment où le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est arrivé dimanche à Bangui pour acter la fin de l’opération Sangaris qui aura mis fin aux tueries de masse en Centrafrique, mais sans parvenir à neutraliser les bandes armées qui terrorisent la population.

Malgré ce cocktail sécuritaire explosif, la France, ancienne puissance coloniale restée omniprésente depuis l’indépendance, considère que la mission de Sangaris est achevée. Cette opération, d’après Jean-Yves Le Drian, a été un succès étant donné que les Français ont évité des massacres de masse (…) permis un processus de réconciliation intercommunautaire, la reconstitution de l’Etat centrafricain, une élection présidentielle, des élections législatives.

L’opération a aussi permis la mise en œuvre d’un outil de formation de la nouvelle armée centrafricaine (EUTM RCA) et le déploiement de la mission des Nations unies.

Même si la stabilité n’est pas totalement revenue, il importe maintenant que (…) le relais soit pris et par les forces centrafricaines et par la mission des Nations unies (Minusca), a-t-il ajouté.

Paris se veut rassurant. La France n’abandonnera jamais la Centrafrique. Environ 350 militaires français, équipés de drones d’observation, resteront présents, dont une centaine au sein de la force de l’ONU.

Il est vrai que Sangaris – dont l’action a été ternie par des accusations de violences sexuelles qui mettent en cause également la Minusca – a effectivement mis fin à la terreur des bandes armées. Les Centrafricains attendaient de la France un peu plus qu’elle les débarrasse de ces « combattants » qui les martyrisent depuis des années dans l’impunité la plus totale. Pour bon nombre d’entre eux, la fin de Sangaris a un goût d’inachevé et risque bien de replonger le pays dans une situation beaucoup plus dramatique.

L’inquiétude des Banguissois est nourrie par les nouvelles parvenant de l’intérieur du pays qui font état de plusieurs centaines d’ex-séléka lourdement armés et issus de factions rivales regroupés récemment à Batangafo (350 km au nord de Bangui). Le gouvernement centrafricain dispose-t-il des forces de sécurité capables de tenir tête aux groupes armés, ou va-t-elle s’en remettre à la Minusca ? Des questions qui méritent des réponses.

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Lazard Obiang
Lazard possède 10 ans d'expérience dans le journalisme en ligne. Il s'occupe pour AfricTelegraph de l'actualité politique et économique au Cameroun, au Gabon et au Congo. Il travaille avec différentes presse en ligne au Gabon notemmant lenouveaugabon.com.

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