Le Sénégal et la Mauritanie ne disposent pas d’un plateau technique pour faire la recherche du gazier

Cheikh GayeCheikh Gaye
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L’accord gazier entre la Mauritanie et le Sénégal est au centre d’une polémique. Les acteurs politiques sénégalais se chamaillent par presse interposée. Cheikh Gaye est un juriste de formation doublé d’une spécialisation en ressources humaines ; il siffle la fin de la recréation concernant le débat gazier au Sénégal. Il occupe le poste de secrétaire général à la Sicap. Dans cet entretien, il se prononce sur le pétrole qui se trouve entre le Sénégal et la Mauritanie.

Africtelegraph : Est-ce que l’Afrique doit toujours dépendre des autres ?

Cheikh Gaye : Je ne pense pas que la politique de la main tendue peut développer l’Afrique. Pour que l’Afrique se développe, il faudra changer de paradigme et développer une politique de partenariat assortie des échanges entre pays. Aujourd’hui, il faut développer un partenariat et voir comment développer les capitaux qui financent les projets. Le flux financier étranger est important pour le développement de ces pays.

Africtelegraph : Nos dirigeants Africains peuvent-ils changer ce paradigme ?

Cheikh Gaye : Oui, assurément. D’abord, il faut une volonté politique manifeste. Je prends l’exemple du Sénégal. Nos dirigeants doivent prendre des engagements fermes pour porter les horizons des pays africains. C’est très possible. L’essentiel est de mobiliser d’abord les ressources humaines. La mobilisation de ce capital humain doit être orientée vers des projets porteurs. Il faudrait partir sur nos potentialités propres. Il ne s’agit pas de copier le système de développement d’un autre pays.

Africtelegraph : Qui pour gérer ces projets : Africains ou Européens ?

Cheikh Gaye : Je ne pense pas que la gestion d’un autre pays puisse être la voie. Aujourd’hui, il nous faut nous-mêmes gérer nos projets. L’Afrique est en retard.

Africtelegraph : Selon vous, quelles sont les raisons de ce retard ?

Cheikh Gaye : Les réponses sont nombreuses, il y a le phénomène de l’esclavage, la colonisation, le problème du retard en terme de formation de nos élites. Au début de nos indépendances, peu d’Africains pouvaient avoir une formation capable pour faire face au plan international. Donc, il y a également une absence d’appropriation de nos ressources. Evidemment, une batterie de causes suscite le retard de l’Afrique.

Africtelegraph : Le Président français Macron a visité la ville de Saint-Louis du Sénégal, ex-capitale de l’AOF. Qu’en pensez-vous ?

Cheikh Gaye : Je m’étais permis, il y a un an de lancer un cri du cœur à travers une radio de la place pour dire que la langue de barbarie est une menace très grave. A l’époque, j’avais indiqué que c’est une bombe. Ce n’était plus une question de préoccupation politicienne ; mais plutôt internationale, d’où la mobilisation de la communauté internationale pour venir à bout de ce problème.

Je suis heureux de constater que la France et la Banque Mondiale sont mobilisées pour donner un coup de pouce aux populations Guet Ndariennes de Saint-Louis. C’est une action de solidarité. Ce que l’on peut observer, la mer a pris beaucoup de mètres sur l’habitation des populations de la langue de barbarie. Des populations sans abri, l’initiative de la France et de la banque mondiale est une bonne chose.

Aujourd’hui, j’appelle la communauté internationale à appuyer la ville de Saint-Louis, parce qu’elle est très proche de l’Afrique de l’Ouest. La réflexion doit se porter autour de la langue de barbarie. Il faut l’ériger en un site touristique. Il faut miser sur cette langue de barbarie pour développer  la ville de Saint-Louis. Il faudra essayer de voir, en quoi, on peut aménager cet endroit. Aussi, il faut reloger ses populations pour avoir une politique harmonieuse ; cela nécessite un courage politique pour installer dans ce périmètre un site touristique, une activité qui développera la ville.

Africtelegraph : Comment convaincre les populations ?

Cheikh Gaye : La première chose, c’est d’élaborer un plan stratégique, le délogement de ces populations ; mais également leur relogement, ensuite trouver un matelas financier.

Africtelegraph : Mission facile ou difficile ?

Cheikh Gaye : Pas facile du reste. Il s’agit d’un problème de développement naturel. Ce périmètre peut-être intéressant sur le plan international. Ce sera l’unité touristique que va accepter l’international. J’invite la communauté internationale à y penser déjà pour transformer la langue de barbarie, en un site touristique.

Africtelegraph : Une zone très proche de la Mauritanie. Comment sécuriser l’endroit ?

Cheikh Gaye : Même si cette zone est très proche de la Mauritanie, le Sénégal détient des relations bilatérales avec la Mauritanie. Ce sont des relations de bon voisinage. Bien entendu, il peut y avoir des escarmouches. Cela entre dans le cadre normal. Globalement, la politique du Sénégal avec ses voisins est excellente. Nous venons de signer des accords avec la Mauritanie. Nous avons trouvé une entente sur l’exploitation du gaz qui se trouve entre nos deux frontières. Aujourd’hui, il fallait aller vers un protocole d’accord. Cela renforcera davantage les relations entre les deux pays.

Africtelegraph : Qui va profiter du pétrole, la France ou les Etats-Unis ?

Cheikh Gaye : Votre question est pertinente. La Mauritanie et le Sénégal sont deux pays qui n’ont pas le dispositif technologique permettant de faire la recherche. Il va sans dire dans ce genre de situation, il faudra faire recours à des internationaux.  C’est à ce niveau que les pays doivent être vigilants ; nos Etats ont des difficultés à ce niveau, car ils ne disposent pas d’un plateau technique. C’est une question qui se pose souvent en Afrique. Il faut une formation de nos Etats, en faisant appel à des cabinets internationaux.

Cheikh Gaye, Merci.

Propos recueillis par Mapote Gaye

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Mapote Gaye journaliste Sénégalais Consultant. Formateur en communication, Marketing et Management

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