Si la perspective de la task force dans le secteur éducatif semble être accueillie avec grand intérêt au sein de l’opinion qui assiste impuissante à la baisse du niveau scolaire chez les élèves gabonais, l’on continue toutefois à subodorer sur les contours des résolutions qui devaient en sortir surtout en ce qui concerne la bourse, volet qui fait couler beaucoup d’encre et de salive.
Le président de la République, Ali Bongo Ondimba, a été clair dans son message à la nation le 17 août dernier : « Au Gabon, l’Education, je n’ai pas peur de le dire, est sinistrée. Dans ce domaine, nous allons de Charybde en Scylla ou, si vous préférez, de mal en pis ».
En le disant, le président de la République n’a fait qu’enfoncer une porte ouverte. On ne se mentirait pas à nous-mêmes !
Que ça soit en acte, en parole, en pensée ou par omission, presque tous autant que nous sommes, personne ne peut prétendre ne s’être jamais plaint du niveau scolaire de nos élèves qui laisse à désirer.
Pour sortir de cette impasse, le président de la République a indiqué qu’une transformation radicale s’imposait dans le secteur éducatif avec pour objectif : « Remettre le secteur de l’éducation à flot du primaire au supérieur, créer un lien entre système éducatif et monde de l’Entreprise et revaloriser les filières professionnels et techniques ».
C’est la raison d’être de la task force dont le numéro un gabonais a souhaité la tenue dans les tout prochains jours.
Mais, là où les questions ne tarissent pas au sein de l’opinion, c’est au niveau des axes sur lesquels porteront les réflexions des personnes qui seront appelées à mener les travaux au sein de cette commission ad hoc. Pour beaucoup, il y a à boire et à manger !
Certes, grâce à quelques points épinglés dans le discours du chef de l’Etat, quelques pistes de diagnostic sont déjà identifiées. Presqu’un coup de pouce qui leur a été donné au niveau de la réflexion à mener.
De fil en aiguille, « aucune mention très bien, ni aucune mention bien au baccalauréat cette année. De manière générale, les résultats 2018 du Baccalauréat sont à peine moins catastrophiques que ceux de 2017 », a relevé le chef de l’Etat. Mais en somme, ceci n’est qu’une conséquence. Quelles en sont les causes ? Piste 1.
Piste 2. « Plutôt que de revendiquer régulièrement des augmentations de salaires, de lancer des mots d’ordre de grève, les enseignants, qui ne sont pas les oubliés de la République, devraient d’abord se soucier de l’avenir de nos enfants ». Du coup on tombera sur la problématique des conditions de travail et tout ce qu’il y a autour.
Bien drapé dans les habits de la vérité, le chef de l’Etat parle d’un système éducatif en panne qui souffre d’inéquation formation-emploi avec en toile de fond 70 % des bourses attribuées aux filières littéraires.
Que faire et quelle politique mettre en œuvre pour susciter les vocations scientifiques, techniques et professionnelles ? Sans oublier d’évoquer la question portant d’abord l’inventaire de l’existant avant d’envisager l’implantation ou non des nouvelles structures adaptées pour ce type de formation ? Piste 3.
Dans le même ordre d’idées, Ali Bongo Ondimba a dénoncé que « 600 milliards de FCFA ont été dépensés entre 2012 et 2018 pour 800 000 bourses distribuées ». Pour quels résultats, s’est-il interrogé, avant de suggérer de faire table rase.
« Tout d’abord, une réforme des conditions d’obtention de la bourse. Celle-ci sera désormais attribuée sur la base de critères sociaux et académiques, autrement dit au mérite et en tenant compte des revenus des parents. Une limite d’âge pour la percevoir sera fixée. En outre, il sera tenu compte, dans la délivrance des bourses, des besoins de notre économie : Les bourses seront principalement octroyées dans des filières pour lesquels les besoins en termes d’emplois sont nombreux ». Piste 4.
Sans doute, la refonte des critères d’accès à la bourse reste un des pans importants de la problématique de l’éducation au Gabon. Mais, elle ne résoudra pas à elle seule tous les écueils à la base des moindres performances qui caractérisent ce secteur.
Conditions de travail, critères de sélection du personnel enseignant, éthique et prise en compte des normes à caractère pédagogique arrimées aux standards internationaux doivent être passés au crible pour espérer redonner à l’école gabonaise ses lettres de noblesse.
Compte tenu de la rentrée scolaire qui pointe à l’horizon, c’est une véritable course contre la montre qui a commencé.