Suspension du Soudan par l’UA : La rançon de l’inconséquence

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L’Union africaine piaffait d’impatience. Le Conseil militaire lui a donné l’occasion de sortir et d’utiliser sa cravache.

Dès que Omar El Béchir est tombé de son piédestal et que le fameux Conseil militaire a mis ses godasses sur le fauteuil présidentiel, c’était le branle-bas dans les coulisses de l’UA. Décidée à ne plus du tout être tolérante avec les interruptions intempestives de mandat présidentiel par la soldatesque sur le sol africain, elle avait donné un ultimatum de deux semaines à la junte militaire soudanaise pour remettre le pouvoir aux civils.

Mais un certain Al Sissi, ci-devant président de l’Egypte, est passé par là. Appuyant à fond sur la pédale de la diplomatie, il avait réussi à donner un sursis, un large moment d’oxygénation à Al Burhan et compagnie. Le temps donc qu’ils discutaillent avec les manifestants pour trouver le pont le plus solide possible pour sortir de la zone d’instabilité institutionnelle et entrer dans le nouveau territoire démocratique que veut conquérir « la révolution du pain ».

Les choses étaient donc en bon ordre. Et malgré quelques hoquets de temps à autre sur le chemin de cette construction démocratique, les wagons ont pu rester en bon ordre sur les rails. Et l’accord qui devrait sceller l’entente entre civils et militaires était presque à la porte de la naissance lorsque le processus s’est retrouvé brutalement les quatre roues en l’air.

Meurtres et assassinats au menu de l’Union Africaine

Mais la Force de soutien rapide, ou ceux qu’on accuse d’avoir revêtu ses « costumes », comme prise par une crise de folie inextinguible, a fait feu de tout bois, flinguant à bout portant les manifestants devant les portes de l’état-major  pour les y déloger par l’argument de la brutalité et de la force bestiale. Conséquence de cette inconséquence, une centaine de morts, d’innombrables blessés et un attelage embourbé jusqu’à l’essieu dans des « emmerdes » sans issue.

Comment dans ces conditions les militaires pensent-ils décemment rappeler les civils à la table du dialogue, même sans condition ? Comment espèrent-ils qu’il y aura une oreille pour écouter leurs appels à l’organisation d’une élection ? Mais comment diantre pensent-ils qu’il y aura encore une quelconque once d’indulgence à leur endroit après un tel carnage ?

Si les Soudanais se sont révoltés à cause de la hausse du prix du pain, comment penser qu’ils puissent décemment marcher sur les cadavres toujours fumants de leurs compatriotes, abattus par des soldats qu’ils pensaient jusque-là être leurs défenseurs, et parler de signature d’accord ?

Ainsi la suspension prononcée par l’Union africaine est le début d’une vague de pression qui risque de peser davantage sur les épaules du Conseil militaire. Ce dernier n’a désormais qu’une option : ou continuer à massacrer les Soudanais et ou dégager le plancher du pouvoir.

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Abdoulaye TRAORE
Correspondant Africtelegraph au Burkina.

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