En raison cette fois d’une controverse sur le paiement de ses énormes honoraires d’avocat, la justice sud-africaine a encore renvoyé vendredi le procès de l’ancien président Jacob Zuma au 27 juillet prochain, à la demande de l’accusation et de la défense.
Jusque-là pris en charge par le contribuable sud-africain au motif des fonctions officielles de l’ancien président, ces honoraires ont pris des allures de puits sans fond. Selon le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), les frais d’avocat remboursés jusqu’à présent par l’Etat à Jacob Zuma, mis en cause pour corruption dans plusieurs procédures judiciaires, se plafonent à 15,3 millions de rands (plus d’un million d’euros).
La Haute Cour de Pretoria a été saisie par l’Alliance démocratique et les Combattants pour la liberté économique (EFF), la gauche radicale, en exigeant la fin de la prise en charge publique offerte à celui qu’ils appellent le « voleur », et son remboursement intégral. Le ministre de la Justice, Michael Masutha, a encore corsé la note en avril en révélant que le gouvernement avait payé depuis l’arrivée en 2009 de Jacob Zuma à la présidence la coquette somme de 24.240.201,54 rands (1.609.368,673 euros au cours de jeudi) pour sa défense.
Rappelons qu’en mars dernier, le nouveau président du pays Cyril Ramaphosa s’est invité dans le débat en confirmant le remboursement, en vertu d’un accord passé en 2006 entre M. Zuma et le chef de l’Etat de l’époque, Thabo Mbeki. Mais le tollé suscité par son intervention a contraint M. Ramaphosa, qui s’est fait le chantre de la lutte contre la corruption, à revoir sa position. Il a suspendu le paiement des honoraires de son prédécesseur, puis promis de se conformer à la décision à venir de la justice.
Visiblement inquiet de la solvabilité de son célèbre client, l’avocat de Jacob Zuma, Michael Hulley, a demandé vendredi un renvoi du procès, le temps que la question de ses honoraires soit tranchée. Il a d’ores et déjà prévenu qu’il ne pourrait plus assurer la défense de l’ex-président si ses frais n’étaient plus couverts par l’Etat.