Après un demi-siècle de brouille diplomatique, les Etats-Unis et Cuba ont renoué leurs relations à la faveur de la visite de Barack Obama à la Havane le 20 Mars. Historique en soi, ce voyage est terni par une image. Celle de Raoul Castro qui a esquivé le coup de tape sur l’épaule du Président américain. Simple oubli de protocole ou manque de civilité ? La question mérite d’être posée.
C’est une image anodine pour les profanes mais plein de sens pour les spécialistes de la communication. Le 21 mars dernier, au palais de la Révolution de La Havane, à la fin de la traditionnelle conférence de presse, alors que le président américain Barack Obama a tenté de donner une tape sur l’épaule de son homologue cubain, Raoul Castro a saisi son poignet et s’est empressé de lever sa
main, un peu molle, en l’air tel un trophée de guerre. Ce geste, pour le moins plein de sens, venait d’avoir lieu quelques minutes après que, devant les cameras du monde entier, les deux hommes, dans une déclaration, ont fait état des avancées et des enjeux du rapprochement engagé fin 2014 entre les deux pays.
Un geste, plusieurs sens
Super puissance, gendarme du monde, les vocables utilisés souvent pour désigner les Etats Unis d’Amérique illustre bien le poids de cette nation sur le plan mondial. A travers les décennies, depuis la fin des deux guerres mondiales, les Présidents américains ont souvent incarné cette suprématie lors de leurs déplacements. De la teneur des discours, à l’importance des subventions rien n’est laissé au hasard par les têtes pensantes de la diplomatie américaine afin de ne pas rompre avec cette réalité qui fait de certaines parties du monde entier, une chasse gardée pour l’Amérique. Ainsi donc avec la diplomatie américaine, les paroles, les voyages, les gestes ne sont aucunement anodins. Ces seize dernières années, la gestuelle utilisée par Obama et son prédécesseur Georges Bush a souvent été analysée. Simple touchée amicale pour les uns, ces gestes, pour d’autres, ne sont jamais neutres et sans portées. Ils sont le symbole, devant le public planétaire, de la domination américaine, sur des nations « asservies ».
Loin de sa première acceptation en communication, la tape sur l’épaule souvent destinée à rassurer, motiver ou réconforter quelqu’un n’aurait plus le même sens en diplomatie. Et selon celui qui le fait, son importance et sa signification peuvent encore revêtir d’amples explications. Un détail dont Obama ne s’est pas soucié. Barack Obama, partisan du dialogue en matière de diplomatie, en voulant aller plus loin dans sa démarche de rapprochement avec Cuba, a sans doute été mal compris par son homologue cubain. Plus qu’un signe de mécontentement, ou de refus de domination, l’esquive de « la papatte sur l’épaule » de Barack Obama sonne comme la seule fausse note de cette rencontre historique entre les deux ennemis d’hier.
Ingratitude de Castro
De John F.Kennedy à Bill Clinton, les présidents des Etats-Unis ont exploré secrètement la possibilité de normaliser les relations bilatérales avec Cuba. Mais à plusieurs fois ce fut un échec. Prix Nobel de la paix 2009, Barack Obama a encore marqué l’histoire par le rapprochement de son pays avec Cuba. Loin d’être un coup de tête, cette initiative de renouer les relations avec la Havane est l’aboutissement d’une réflexion longuement et savamment murie par l’équipe de Obama. Ce rapprochement avec Cuba est un symbole, un concentré de la philosophie de politique étrangère du quarante quatrième président des Etats-Unis. Contre les critiques des Républicains, Barack Obama a osé marquer le pas et reste à jamais dans l’histoire comme le président qui en a fini avec une politique qu’il juge absurde. De cette reprise des relations entre la Havane et Washington, c’est le premier qui en tire le plus grand profit. Entre temps coupé de cette partie « vitale » du continent américain, Cuba revoit la reprise des laissons postales directes entre son voisin, de la coopération en matière de lutte anti-drogue et des vols commerciaux réguliers directs entre ces deux pays tout proches. C’est toute son économie qui retrouve un nouveau souffle grâce à l’esprit d’ouverture de Barack Obama. Une audace qui mérite toute la reconnaissance de tout le peuple cubain. Raoul Castro en a décidé autrement. Son refus de la « papatte », loin d’être un oubli du protocole est une affirmation manifeste de son hypocrisie à l’égard de tous les efforts de Barcak Obama. Et l’histoire s’en souviendra!
Jules COTI
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