Dans un entretien qu’il a accordé mercredi à l’Agence France Presse, l’ancien Premier ministre Kenyan Raïla Odinga a annoncé que l’Afrique doit rester dans la Cour pénale internationale (CPI).
D’entrée, M. Raïla Odinga a relevé que l’Afrique fait fasse depuis quelques années à de sérieuses difficultés avec l’apparition de « quasi présidents à vie » qui, selon lui, ont la faiblesse de modifier les règles du jeu démocratique pour se maintenir au pouvoir.
A cet effet, il a cité en exemple : l’Ouganda, le Tchad, le Djibouti et le Burundi. « Aucun chef d’Etat africain n’a à craindre d’être jugé par la CPI parce que, vous pouvez détruire les preuves, ou tuer les témoins », a-t-il avancé. Déjà, la semaine dernière, la procureure de la CPI Fatou Bensouda avait vivement dénoncé une campagne « acharnée » d’intimidation envers les témoins, ce qui a amené l’abandon des poursuites contre le Vice président kenyan William Ruto (début avril 2016) et quelques mois auparavant, son co-accusé le président Ururu Kenyatta (fin 2014).
« L’Afrique constitue une part entière de la communauté internationale, et doit se plier aux standards internationaux en matière de démocratie », a-t-il argumenté. Trois fois candidat malheureux (1997, 2007 et 2013) à l’élection présidentielle au Kenya, Raïla Odinga, 71 ans, n’écarte pas l’idée de briguer la présidentielle en 2017.
La CPI a été créée en 2012 pour juger les génocidaires et criminels de guerre qui n’ont jamais été poursuivis dans leur propre pays, d’où elle a ouvert des enquêtes judiciaires sur neufs nations parmi lesquelles l’on retrouve : la Côte d’Ivoire, la RCA, la RDC, le Mali, l’Ouganda, etc.
« L’Afrique a besoin de la CPI plus qu’aucune autre région du monde », a-t-il conclu.
Le 31 janvier 2016, à l’issue de son 26e sommet à Addis-Abeba (Ethiopie) et quelques jours après l’ouverture du procès de Laurent Gbagbo à La Haye, l’Union Africaine (UA) a adopté une proposition ouvrant la voie à un possible retrait en bloc des Etats africains de la CPI, avançant comme argument que la cour ne s’en prend qu’aux Africains.
Quelques limites de la Cour pénale internationale. Son attitude incohérente sur le cas Kenyatta, son échec patent concernant Omar Al-Bachir en juin 2015 et son incapacité à attraire des personnes coupables d’horreurs ailleurs dans le monde.
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