En sa qualité de Médiateur de la République, Laure Olga Gondjout est sortie récemment de sa réserve pour dresser un constat pour le moins ahurissant de la vie politique, sociale et culturelle du pays à la veille de l’élection présidentielle du 28 août 2016. L’interpellation faite à l’endroit du chef de l’Etat et de l’ensemble des leaders politiques pour un dialogue inclusif s’apparente à un vœu pieux, et certains pensent qu’elle aurait été manipulée.
Proche collaboratrice en tant que secrétaire particulière du défunt président Omar Bongo Ondimba pendant une décennie, Laure Olaga Gondjout, militante de première heure du Parti Démocratique Gabonais (PDG, au pouvoir), a opéré une entrée fulgurante au gouvernement en qualité d’abord de ministre délégué aux affaires étrangères avant de devenir ministre de la communication, des Postes, des Télécommunications et des Nouvelles technologies. Plus tard, elle sera nommée secrétaire général de la Présidence de la République, et actuellement Mme Gondjout assume les lourdes fonctions de Médiateur de la République. Pour ceux qui maîtrisent le fonctionnement régulier de l’Etat, cette institution est rattachée à la Présidence de la République qui contrôle son action.
Aujourd’hui, l’on se demande si Laure Olga Gondjout a préalablement pensé son allocution avant de la livrer à l’opinion, car, le mot « crise » qu’elle a énoncé relève tout simplement de la méthode « Coué », puisque n’étant pas du jargon du pouvoir qu’elle est censée servir.
« Oui, la crise est morale, oui la crise est économique, oui la crise est politique. Ces crises devenues siamoises sont réelles, profondes et dangereuses ! Leurs effets conjugués laissent planer l’incertitude du lendemain pour l’unité nationale », a-t-elle formulé.
Puis, elle a poursuivi : « La crise sociale avec cortège d’inégalités, d’exclusions et d’injustice engendre du déclassement social, et prend des proportions avilissantes et dangereuses. Le dialogue social est au point mort, et dans un contexte de crise économique grave, la détresse de nos compatriotes peut être exploitée à des fins inavoués ».
« Il devient donc impératif pour chacun de prendre la mesure de la situation de notre pays. Les institutions chargées de jouer ce rôle jusqu’ici aphone doivent activer les alertes devant les menaces présentes, et à venir », a ajouté Mme Gondjout.
A priori, l’on a pas besoin d’être grand clerc pour comprendre les mobiles réels d’un tel acharnement du Médiateur de la République, et tout donne l’impression que Laure Olga Gondjout aurait agi sous la dictée d’une main invisible. D’où, certains analystes dressent une corrélation entre son discours et la récente démission de douze (12) députés du PDG, parmi lesquels son petit frère Vincent de Paul Gondjout (3ème arrondissement de Libreville, 1er siège) passé aujourd’hui dans l’opposition avec ses amis du Rassemblement Héritage et Modernité. Son autre petit frère Paul marie Gondjout, époux de Chantal Myboto, est l’un des lieutenants de l’opposant Zacharie Myboto, président de l’Union Nationale (UN).
Deplus, le président de Rassemblement Héritage et Modernité, Alexandre Barro Chambrier (ABC) a des liens familiaux avec les Gondjout, puisque le mariage de leurs enfants a été célébré dernièrement à Ossegué.
Eu égard à ce qui précède, d’aucuns affirment que Laure Olga Gondjout ne regrette pas sa sortie médiatique qui continue d’alimenter les conversations à Libreville, la capitale, et à l’intérieur du pays.