Campagne électorale au Gabon : Entame timide de l’opposition

Face à la démonstration de force du Parti Démocratique Gabonais et de ses alliés, les partis politiques de l’opposition traînent à apporter une réplique par une mobilisation populaire.   Ils arguent l’absence de moyens mais en réalité c’est leur notoriété qui est sujette à caution.

Samedi dernier, jour de lancement de la campagne électorale en vue de l’élection présidentielle du 27 août prochain, l’on se demandait bien où était passée l’opposition. Une discrétion plutôt surprenante au regard des enjeux de ce scrutin ô combien crucial pour la vie politique de la nation. Seules les affiches de Jean Ping étaient visibles à certains endroits de la ville. Aucun meeting n’a été tenu dans la capitale. On dirait que ces leaders politiques de l’opposition avaient décidé de laisser la scène au parti au pouvoir et à ses alliés.

A Libreville, la capitale gabonaise, Léon Paul Ngoulakia, cousin d’Ali Bongo Ondimba et candidat à l’élection présidentielle s’est contenté en guise d’entame de sa campagne de sillonner aux côtés de son épouse les quartiers défavorisés de cette partie du pays. Il s’agissait pour lui d’apporter le réconfort à des personnes vivant dans la précarité. « Je préfère être avec mes compatriotes que d’aller faire la fête dans un stade », a-t-il lancé aux journalistes.

Pour l’ancien président de l’assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, un des challengers du président sortant Ali Bongo Ondimba, on a constaté son absence sur le terrain. Ce dernier s’est fendu d’une déclaration qui incrimine le parti au pouvoir sans étayer ses propos de preuves tangibles. « Je suis encore à la recherche d’un site pour le lancement de ma campagne. Les espaces publics me sont refusés », a-t-il déclaré. Il a par ailleurs affirmé qu’un curé qui lui a permis jeudi de faire une réunion dans sa paroisse « fait l’objet de menaces ». Sans pour autant préciser le nom du curé ou de la paroisse.

Seul Jean Ping a pu tenir deux meetings dans la province du Moyen Ogooué principalement dans la ville de Lambaréné où il a réuni 2000 à 3000 personnes. L’ancien président de la commission de l’Union Africaine (a décliné les aspects importants de son projet de société en décochant des flèches contre le président sortant, Ali Bongo Ondimba. « Pendant qu’il achète des avions (…) des Ferrari, des Rolls Royce avec votre argent, vous, vous n’avez pas de route, pas d’écoles », a lancé Jean Ping à Lambaréné en pays myéné, son ethnie maternelle.

« Les affiches du président candidat ont été accrochées cette nuit à Libreville par des militaires, pendant que d’autres déchiraient nos affiches », a dénoncé l’ancien ministre. Il a également appelé à l’unité des 13 candidats d’opposition, derrière sa candidature. « Le public la réclame ardemment (…) alors que nous sommes 13 face à un dictateur. (…) Je crois que cela sera possible. J’y travaille », a-t-il annoncé à la presse.

C’est le dimanche et surtout ce lundi que les autres candidats de l’opposition ont commencé à donner de la voix dans les meetings dans certains espaces sous la supervision des observateurs de l’Union Européenne. Gérard Ella Nguéma de Union Nationale (UN, opposition, el Mba Obame), Abel Mbombé Nzoundou, Dieudonné Minlama Mintogo, Pierre Claver Maganga Moussavou ; Casimir Oyé Mba, Paul Mba Abessole et les autres. L’ancien Premier Ministre, Raymond Ndong Sima est terré dans un silence assourdissant.

Une situation paradoxale pour Guy Nzouba Ndama qui devait tenir un meeting de lancement de sa campagne dimanche dernier dans le 6e arrondissement de la capitale, l’a reporté sine die sans explication. Début chaotique pour cet ancien hiérarque du régime visiblement déjà émoussé avant le début des hostilités ? Les opposants brandissent le déséquilibre des fonds de campagne comme argument. Mais pour les observateurs, plusieurs parmi eux sont d’anciens barons du régime, ils possèdent aussi un trésor de guerre. Donc, cet élément ne tient pas, ils doivent chercher d’autres arguments.

Bruno Ben Moubamba qui se dit héritier de pierre Mamboundou, Leader charismatique de l’Union du Peuple Gabonais (UPG), a quant à lui lancé sa campagne dimanche à la Place du Château à Port-Gentil.

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