Pour celui qui a bien fait ses études secondaires et compris ses leçons d’histoire, avant 1960 Brazzaville est la capitale de l’Afrique Equatoriale française (A.E.F), (regroupant les quatre territoires que sont le Gabon, le Moyen Congo -aujourd’hui Congo-Brazzaville-, l’Oubangui-Chari et le Tchad) en tant qu’entité fédérative faisant partie des territoires français groupés dans l’Union française et non pas de la République populaire du Congo, juridiquement parlant.
De ce point de vue, que dire de l’avis suffisamment répandu dans l’opinion selon lequel ceux des Gabonais nés à Brazzaville avant 1960, seraient nés en République populaire du Congo-pays étranger- ?
Faux. Les compatriotes nés à Brazzaville avant 1960 ne sont pas nés en République populaire du Congo-pays étranger-. Car en tant que pays, le Congo comme les 3 autres entités sœurs de l’AEF n’existaient pas encore comme entités juridiquement reconnues dans le concert des nations.
Si la question en elle-même peut faire sourire, la réponse « à la négative » reste loin d’être la vérité la mieux partagée au sein de l’opinion.
Pour alimenter l’intérêt de notre réflexion, un cas typique qui a longtemps enflammé les passions en même temps qu’il a empoisonné le débat sur la scène politique gabonaise nous vient à l’esprit : c’est celui d’Ali Bongo Ondimba, chef de l’Etat sortant et candidat à sa propre succession.
Question : Peut-on dire d’Ali Bongo Ondimba, né Alain Bernard Bongo le 12 février 1959 à Brazzaville, qu’il serait né à l’étranger-en République populaire du Congo- pour être précis ?
Faire la part des choses
Brazzaville où Ali Bernard Bongo est né en 1959 n’était pas la capitale d’un –pays étranger- nommé République populaire du Congo.
C’était Brazzaville dans son contexte de capitale fédérative de l’AEF dont le Gabon représentait une portion de terre sans aucun statut faisant de lui une entité juridique à part entière.
Assimiler Brazzaville d’aujourd’hui, capitale de la République populaire du Congo, -pays étranger- et entité étatique internationalement consacrée le 15 août 1960 à ce qu’elle était avant les années 60 serait hors de son contexte et relèverait d’un amalgame grotesque.
Une fois cette équivoque levée, que retenir de l’affaire de trois actes de naissance dont serait détenteur Ali Bongo Ondimba ?
La réponse est à chercher dans la loi gabonaise. Pour mémoire, la famille Bernard Bongo est installée au 3 ème arrondissement de Libreville depuis les années 1967.
Dans les années 1973, suite à leur conversion à l’islam et pour se conformer au principe propre à cette confession religieuse, des prénoms musulmans leur doivent être adjoints. Albert Bernard Bongo (le père) devient Omar Bongo tandis qu’Alain Bernard Bongo (le fils) deviendra Ali Bongo.
Le changement de prénoms achevé au Tribunal de Libreville, c’est au 3ème arrondissement, lieu de résidence de la famille, que la transcription de son acte de naissance est effectuée. Episode n° 1.
Plus tard, dans un passé récent qui remonte vers la fin des années 1990, par la volonté de leur père, les noms de tous les membres de la fratrie Bongo feront l’objet d’une nouvelle adjonction avec l’ajout du patronyme Ondimba.
A cet effet, selon les prescrits de la loi, un nouveau jugement sera rendu par le même tribunal, jugement d’adjonction de nom, une nouvelle transcription sera nécessaire auprès des services compétents, la Mairie du 3ème arrondissement de Libreville. Ce qui fut fait dans les règles de l’art. Episode n°2.
A la lumière de ce qui précède, loin aux antipodes des rumeurs répandues, il convient de retenir que dans le cas d’Ali Bongo Ondimba, il n’a jamais été question de 3 actes de naissance différents. Il n’y a eu qu’un seul acte de naissance du départ qui a eu à subir deux transcriptions à toutes fins utiles.
Au sujet de nos fameux ténors de l’opposition ayant bâti leur stratégie politique sur la base du déni de nationalité envers Ali Bongo Ondimba, leur principal concurrent, sont-ils conscients qu’ils sont nés avant 1960 ?
Par conséquent, la nationalité qu’ils détiennent est une nationalité « par substitution ». Seules les personnes nées après 1960 sont Gabonais de souche. Sont-ils pour autant interdits de se porter candidats à une élection présidentielle ?
Par ailleurs, savent-ils que même étant Gabonais d’origine, si l’on a acquis une nationalité étrangère avec exercice au compte de ce pays des hautes fonctions ou publiques, l’on tombe sans coup férir sous le coup de l’article 10 de la constitution.
Lequel subordonne la participation d’une telle personne à une élection présidentielle à compter de la quatrième génération ?
Au regard de ce qui précède, et par rapport à l’invalidation de la candidature d’Ali Bongo Ondimba sollicitée par les opposants, force est d’admettre que ce n’est ni la Cour Constitutionnelle, encore moins la Cour d’Appel de Libreville auraient dû changer la donne. Dura lex, sed lex (La loi est dure mais c’est la loi).
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