Amadou Elimane Kane est un poète écrivain. Il a rappelé dans un entretien que l’Afrique a connu plusieurs stratégies humaines et culturelles.
« Si j’ai choisi d’exhumer le récit d’Ali Yoro Diop, c’est parce que je pense qu’il est grand temps de rétablir certaines vérités historiques et de déconstruire le schéma colonial, et notamment à travers nos récits », a-t-il expliqué.
Partout sur le continent, l’écrivain pense qu’il a existé des hommes pour dire non mais, on les a enterrés et ils sont retombés dans l’anonymat le plus désolant.
« Ali Yoro Diop n’a même pas de sépulture au Fouta Toro. Cela prouve bien dans quel carcan on a voulu nous enfermer, pour ne pas honorer la mémoire de ceux qui voulaient sauver notre identité. Je veux juste rappeler que l’Afrique a connu plusieurs tragédies humaines et culturelles », a-t-il soutenu.
Amadou Elimane Kane ne le dit pas pour réactiver un processus de victimisation, nullement. Il le dit pour que l’on comprenne bien ce qui en résulte et comment aujourd’hui, et dans le futur, nous pouvons les dépasser.
« Il y a eu la traite, la déportation et l’esclavage qui ont décimé nos liens sociaux et nos forces humaines. Lors de la conférence de Berlin en 1884, les Occidentaux ont divisé notre continent d’un point de vue géographique, économique et social », rajoute-t-il.
Mais cela a été bien plus loin encore ; le partage absurde des terres africaines et l’anéantissement de leurs structures sociales, pour créer les frontières artificielles que nous connaissons encore, ont déséquilibré l’ensemble de nos modes de vie, de notre histoire, de notre mémoire et de notre patrimoine.
Selon lui, la colonisation des territoires a aussi eu un impact énorme sur notre psychisme car cela a détruit nos espaces physiques et nos espaces mentaux. Il a aussi fait comprendre que « l’école coloniale nous a réduits à néant par une volonté toujours plus féroce à nous dominer ».
Au contraire, elles ont une existence bien réelle et possède une identité profonde mais celles-ci ont été décimées mentalement, comme je l’ai dit précédemment.
« Car depuis 600 ans, qu’est-ce qu’on nous propose de raconter de l’histoire africaine ? Celle-ci débuterait à la fin du XIXème siècle grâce aux forces civilisatrices occidentales. Ce qui est bien entendu une tromperie, voire un massacre culturel et intellectuel », dit-il.
C’est pourquoi il pense qu’il faut en finir avec toute cette imagerie qui est malheureusement encore transmise, et qui consiste à dire que l’Afrique serait née de l’Occident.
Encore en 2007, « Nicolas Sarkozy, président de la France, avec force et nihilisme, affirme que l’Afrique n’est jamais entrée dans l’histoire ! C’est tout le contraire, notre histoire est profondément ancienne, elle constitue même le point de départ de l’humanité », fait-il rappeler.
M. Kane de poursuivre : « Nous ne devons plus fonctionner par mimétisme occidental car c’est une erreur grave. Je n’ai rien contre ces pays mais nous devons impérativement faire l’état des lieux de notre patrimoine culturel pour rétablir tout ce que l’on nous a subtilisés ».
Pour cela, il s’agit d’écrire nos propres récits, avec à l’esprit notre narration collective.
Be the first to comment on "Amadou Elimane Kane : « Notre histoire est profondément ancienne »"