Accord de pêche Gabon – UE : Cap vers un protocole amélioré ?

pêche halieutique Theodore RooseveltPêche au thon au Gabon
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Au regard des anomalies constatées sur le terrain et les avancées peu reluisantes réalisées, tout laisse apparaître que la filière de la pêche au thon telle que pratiquée par les chalutiers en provenance de l’Union européenne (UE) dans les eaux territoriales gabonaises s’apparenterait à une nébuleuse.

Si l’accord-cadre fait l’objet d’une tacite reconduction six (6) ans après, il n’en est pas de même du protocole opérationnel de mise en œuvre qui, lui, se renouvelle tous les trois (3) ans.

Le dernier signé en 2013 étant arrivé à terme en 2016, depuis juillet dernier, aucun chalutier venant de l’Union européenne n’est autorisé à pratiquer la pêche thonière dans les eaux gabonaises jusqu’à la signature d’un nouveau protocole. Qui aurait intérêt à voir les choses capoter ?

Pour la partie gabonaise, pas question de s’engager dans un nouveau contrat de bail et procéder à la signature d’un protocole pour la période 2016/2019 à l’aveuglette.

Pour mémoire, c’est depuis 1998 que le Gabon et l’Union européenne (UE) sont liés par un accord autorisant aux chalutiers en provenance de l’espace UE de pratiquer la pêche au thon dans les eaux territoriales gabonaises contre le versement d’une cote part financière à hauteur de 960.000 euros.

De 1998 jusqu’en fin 2012, cette activité se déroulait sans l’implication de la partie gabonaise. Pas de véritables mécanismes de suivi ni de contrôle encore moins d’observation. Les seules statistiques de prises disponibles étaient exclusivement données par les armateurs exploitants des bateaux.

Dans ces conditions, il est bien évident que tout se passait fonction de la bonne ou mauvaise foi des armateurs européens, seuls acteurs sur le terrain des opérations.

Constat : tout le long de cette période, les tonnages déclarés étaient dérisoires et oscillaient autour d’une moyenne d’à peine cinq milles (5000) tonnes en termes de prise.

Pêche thonière au Gabon

Pêche thonière au Gabon

Il a fallu attendre l’arrivée au pouvoir du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, avec la mise en œuvre du pilier « Gabon bleu » de son projet de société pour que progressivement le Gabon commence à voir clair non seulement sur l’activité de la pêche au thon, l’objet de l’accord, mais également et surtout sur les pratiques des armateurs en mer.

« Des pratiques aux antipodes de la gestion durable des ressources et de l’environnement », a fait constater Joane Guibinda Pissama, observateur gabonais de pêche industrielle visiblement remonté.

Pour Mike Fay, Conseiller du Président de la République et Coordonnateur du projet « Gabon bleu », il est évident que les choses ont beaucoup progressé depuis que le Gabon dispose d’un panel d’observateurs et d’un dispositif de surveillance.

« Si les tonnages sont allés crescendo, particulièrement à compter de 2014, c’est par ce que nous sommes devenus de plus en plus actifs dans le suivi, l’implication et l’observation des pratiques. Au cours de l’année 2015, le tonnage des prises a sensiblement augmenté, passant du simple au quadruple voire au quintuple, jusqu’à atteindre le pic de 35.000 tonnes », soutient-il. D’un mineur, le Gabon est royalement entré dans le club des producteurs majeurs de thons.

Doit-on s’autoriser dans ces conditions de continuer à fermer les yeux sur les faiblesses et les anomalies qui privent le Gabon de tirer profit d’une ressource à fort potentiel économique ?

« L’absence des experts Gabonais à bord d’un thonier pour observer les pratiques des chalutiers européens, le non débarquement d’un seul poisson pêché pour la consommation des Gabonais, l’absence d’une gestion rationalisée de la ressource tournée vers le respect de l’environnement et l’impératif de durabilité, le manque de l’industrialisation de la filière localement avec l’effet induit de la création des milliers d’emplois pour les nationaux sont autant d’anomalies et d’écueils constatés qui annihilent l’impact réel et positif de cet accord de pêche pourtant riche en promesses et en opportunités », relève-t-on pour s’en plaindre à l’Agence nationale des pêches et de l’Aquaculture.

D’où la nécessité de dépoussiérer non seulement le contenu de l’accord-cadre mais aussi le protocole opérationnel qui régit cette activité pour évoluer vers un accord amélioré susceptible d’impacter positivement le quotidien des Gabonais sur le double volet de la sécurité alimentaire ainsi que du renforcement du tissu économique local.

Dans sa position de producteur majeur devenu avec ses 37.000 tonnes, le Gabon tient son avenir en mains.

Trois choix s’offrent pour se mettre en position de tirer son épingle de jeu : soit le Gabon dénonce l’accord-cadre actuel et exige la signature d’un accord amélioré basé sur le principe win-win (gagnant-gagnant), soit il rompt l’accord avec l’U.E et explore la piste de signer des accords de gré à gré directement avec les armateurs, soit le Gabon résigne le protocole habituel avec les inconvénients de voir sa saison 2016 complètement compromise ou alors il restera au Gabon de lorgner en direction d’autres pays dont l’expertise est reconnue au sein de la filière de pêche à l’instar du Panama et autres. (Dossier à suivre).

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About the Author

Lazard Obiang
Lazard possède 10 ans d'expérience dans le journalisme en ligne. Il s'occupe pour AfricTelegraph de l'actualité politique et économique au Cameroun, au Gabon et au Congo. Il travaille avec différentes presse en ligne au Gabon notemmant lenouveaugabon.com.

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