Le procès d’Amadou haya Sanogo s’ouvre ce mercredi 30 novembre 2016, à Sikasso au Mali. Il est le chef de la junte militaire qui a pris le pouvoir en mars 2012. 17 co-accusés, parmi lesquels de hauts gradés de l’armée malienne seront également devant les juges. Ils seront jugés pour l’enlèvement et l’assassinat de 21 militaires.
La FIDH et l’AMDH se sont, dès 2013, constituées parties civiles, dans cette affaire dite « des bérets rouges disparus », et accompagnent 23 membres de famille et proches de victimes. Les organisations se félicitent de la tenue de ce procès qui représente un pas important dans la lutte contre l’impunité des crimes graves commis depuis 2012 au nord et au sud du pays et pour le reste de l’Afrique. Elles appellent les autorités judiciaires à assurer un procès juste et équitable.
« Les victimes et nos associations attendent de ce procès que leur parole et leurs intérêts soient pris en compte et qu’il se déroule de façon équitable et transparente, afin que justice soit rendue aux victimes », a déclaré Me Moctar Mariko, avocat des victimes et président de l’AMDH.
Les avocats du Groupe d’action judiciaire (GAJ) de la FIDH ont constitué l’AMDH et la FIDH parties civiles dès 2013 et ont accompagné tout au long de la procédure d’instruction les 23 qu’elles représentent également au procès de Sikasso. Le GAJ mobilise notamment des avocats maliens, sénégalais, français et ivoiriens issus d’organisations de défense des droits humains membres de la FIDH et engagés dans des procédures judiciaires contre des auteurs de crimes de masse dans leur pays ou en Afrique.
« Un tel procès est l’occasion de faire transparaître la vérité sur un épisode difficile de l’histoire récente du Mali au cours duquel, alors que le pays était attaqué au Nord, un quarteron d’officiers n’a pas hésité à faire exécuter froidement 21 militaires pour conserver le pouvoir acquis quelques jours plus tôt par un coup d’État militaire. Le Mali s’honore à rendre justice et donner aux accusés un droit que ces derniers ont nié à leurs victimes », a déclaré Me Clémence Bectarte, coordinatrice du GAJ et avocate des victimes.
La FIDH et l’AMDH exhortent les autorités politiques maliennes à prendre les dispositions nécessaires à la bonne tenue du procès à Sikasso, en particulier afin d’assurer la sécurité des victimes, de leurs avocats, et des représentants des organisations de défense des droits humains qui assisteront au procès. A plusieurs reprises depuis 2013, des personnes se présentant comme des soutiens ou des partisans de Amadou Haya Sanogo ont fait pression ou menacés des familles de victimes pour qu’ils abandonnent leur combat pour la vérité et la justice sur le sort de leurs proches.
« Ce procès est hautement historique et symbolique pour le Mali, en proie à des violations graves des droits humains depuis janvier 2012. C’est une étape essentielle pour tourner la page des coups d’États militaires et sonner la fin des aventures putschistes » a déclaré Drissa Traoré, vice-président de la FIDH. « Il doit être également un catalyseur pour l’avancée des autres procédures judiciaires pendantes devant la justice malienne, notamment celles de « la mutinerie du 30 septembre 2013 » et celles sur les crimes commis au nord du pays depuis janvier 2012 », a-t-il ajouté.