Le Cameroun et la Centrafrique ont décidé de renforcer leur coopération militaire en vue de faire face plus efficacement aux défis sécuritaires lancés par des bandes armées centrafricaines à l’Est du Cameroun.
Le ministre centrafricain de la Défense Joseph Yakete a entamé lundi, une visite officielle au Cameroun, «sur hautes instructions des deux chefs d’Etat» les présidents Paul Biya du Cameroun et Faustin-Archange Touadera de la RCA. Cette visite va lui permettre de s’imprégner de l’expérience camerounaise dans certains domaines, la formation, l’organisation des structures militaires, ceci à la faveur de la visite de certaines structures militaires installées au Cameroun.
Dans le programme, le ministre centrafricain de la Défense nationale s’est rendu au campus de l’Ecole internationale des forces de sécurité (Eiforces) d’Awaé dans le Centre, à l’Ecole militaire interarmées (Emia) de Yaoundé, l’Ecole supérieure internationale de guerre (Esig) installée au quartier Simbok, à Yaoundé, ainsi que les structures de la gendarmerie nationale. De belles perspectives pour les deux pays séparés par une frontière longue de 797 kilomètres.
Le Cameroun a redoublé de vigilance au niveau de ses frontières Nord et Est. Les autorités de Yaoundé ont mis sur pied une vaste opération en vue d’augmenter les mesures de sécurité entre le Cameroun et la Centrafrique. Le gouvernement camerounais a aussi renforcé les effectifs militaires aux frontières entre les deux pays où sont déployées des troupes d’élite, en l’occurrence du Bataillon d’intervention rapide (Bir) et de la Brigade mixte motorisée (Bmm).
Les hélicoptères survolent également les chaines montagneuses dans ces zones où se cacheraient des bandes armées qui attaquent de manière sporadique les localités environnantes.
En effet, les rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur (Lra) ougandaise ont rejoint la République Centrafricaine (RCA), qui est elle-même en constante instabilité politique.
Le pays est malmené par les coupeurs de route ou les anciens militaires en débandade. La RCA est devenue depuis le coup d’État, de mars 2012, la principale préoccupation de la CEEAC au point d’absorber les attentions de la sous-région pour restaurer un minimum de sécurité là où l’instabilité politique s’est muée en conflit inter-communautaire, impliquant les appartenances religieuses.
Examiner la situation centrafricaine commande de rendre compte des différentes articulations politique, économique, stratégique, géopolitique et géo-économique de la fragilité institutionnelle et managériale d’un pays disposant pourtant de certaines potentialités naturelles. Les défis sécuritaires auxquels le pays devrait faire face concernent la réforme de l’Etat à tous les niveaux.
Instabilité
Pendant la période coloniale, la RCA offrait aux services de renseignements français un observatoire privilégié des autres empires. Durant la Guerre froide, elle servait de plaque tournante au dispositif militaire français en Afrique.
Depuis les années 1990, elle a perdu son intérêt militaire et Paris a fermé ses bases à la fin de la décennie. La rente stratégique a pris fin, ce qui aggrave la situation intérieure. Mais le territoire demeure un carrefour commercial. Du fait de l’instabilité économique, politique et militaire dans la sous-région, cet atout reste potentiel. Sauf pour les trafiquants de drogue : du cannabis en provenance d’Afrique du Sud et de République démocratique du Congo (RDC), ainsi que de la cocaïne latino-américaine transitent par la RCA.
Le Cameroun qui est le principal pourvoyeur de soldats à la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en Centrafrique (Minusca) a fait venir à Yaoundé, le ministre centrafricain de la défense pour une mission dont la finalité est de mettre sur pied une armée républicaine en Centrafrique.
Depuis quatre ans, ce sont les forces internationales qui essaient tant bien que mal d’assurer les opérations de maintien de la paix dans ce pays, qui est en train de tourner progressivement une page sombre de son histoire marquée par près de quatre années de guerre civile.
Le Cameroun et d’autres pays de la CEMAC sont les pays étrangers qui aident le plus la Centrafrique à sortir de cette instabilité et retrouver l’ordre constitutionnel. Le samedi 17 décembre 2016, Joseph Beti Assomo et Lejeune Mbella Mbella, ministres camerounais de la Défense et des relations extérieures respectivement, étaient à Bangui, la capitale centrafricaine pour une mission conjointe dans le cadre de la coopération militaire et diplomatique entre les deux pays voisins.
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