L’ex-président de la République et l’ancien maire de Yaoundé de leur vivant ont, au-delà des enjeux politiques, développé de bons rapports humains comblés des faits amusants et riches en enseignements pour la postérité.
La célébration de la dernière fête du ramadan a permis à certains témoins de l’ancien régime de se remémorer la vague d’intrigues qui existaient en pareille circonstance entre le défunt chef de l’Etat camerounais, Ahmadou Ahidjo et son ami André Fouda qui a été pendant des décennies le super maire de la capitale.
Il ressort que ces deux hommes, de meilleurs amis, organisaient des retrouvailles de blagues sans aucun protocole au point d’étonner leur entourage surtout lorsque l’un lançait de petites provocations à l’autre. L’ancien chef de l’Etat et l’ancien maire de Yaoundé dont les compétences s’étendaient sur quelques localités périphériques entretenaient une collaboration pleine de « railleries ».
Pendant leurs rencontres, parfois, les relations humaines prenaient le dessus sur la politique. C’est ainsi qu’à l’occasion d’une fête chrétienne, Ahmadou Ahidjo envoyait remettre en guise de cadeau une luxueuse gandoura à son ami André Fouda. Une offrande qui ne comblait pas la satisfaction du malicieux défunt maire qui considérait le geste de son ami comme une provocation. André Fouda en homme intelligent, encaissait le coup puisque, disait-il, Ahidjo qui savait qu’il était incapable de marcher arborant cette tenue voulait apprendre par voix de radio ou des commentaires que son ami André Fouda avait trébuché et tombé quelque part dans la ville. L’ancien maire de Yaoundé s’armait donc de patience et préparait sa riposte.
Il attendait le meilleur moment pour rendre la pièce notamment la célébration de la fête de mouton. Pour la circonstance, l’ex-maire de Yaoundé achetait un gros porc qu’il transportait à l’arrière de son véhicule, en tant qu’autorité publique certain, ne passait jamais à la fouille par les éléments de la garde Républicaine. Il entrait dans la cour du palais puis invitait l’ex-président de la République à venir regarder le beau cadeau qu’il lui avait gardé pour la fête.
Ahidjo n’hésitait pas à le suivre tout content et convaincu de recevoir un merveilleux cadeau de son ami. Mais il passait de peu tomber à la renverse devant le gros porc lorsque Fouda ouvrait le coffre de son véhicule. Trempé dans un mélange de dégoût et de panique, Ahmadou Ahidjo était confus. Pendant ce temps, André Fouda mourait de rire en lui rappelant son étrange cadeau de la gandoura. « En m’envoyant la gandoura, tu voulais apprendre que je suis tombé quelque part n’est-ce pas ? » lui demandait André Fouda.
Les deux hommes se mettaient ensuite à rire comme des écoliers. L’ancien maire, satisfait d’avoir rendu la pièce à son ami, refermait l’arrière de son véhicule. Il repartait tout heureux avec son gros porc.
L’on dit de l’ancien maire de Yaoundé, André Fouda, un homme travailleur infatigable. Il se raconte même qu’il se levait le premier et était le dernier à faire le tour de la capitale qu’il considérait d’ailleurs comme sa concession. Lorsqu’il fallait déguerpir les populations dans une zone, il s’amusait à leur montrer son crâne chauve en leur donnant un délai de quelques jours disant « la zone que vous occupez deviendra comme ce crâne ». Pour ce qui est des batailles de positionnement entre les fils du Mfoundi, elles ne datent pas d’aujourd’hui.
Une autre anecdote raconte que certains dignitaires du département ont fait savoir au président Ahidjo que André Fouda était déjà trop vieux, il ne voulait jamais se reposer et il fallait le remplacer pour lui éviter une chute mortelle sur la place publique. Ahmadou Ahidjo demandait quelques jours après à son ami André Fouda de le rencontrer. Une fois à deux, comme à l’accoutumée, Ahidjo lui suggérait la préoccupation des dignitaires du Mfoundi.
Mais à sa grande surprise, André Fouda ne le laissa pas terminer. Il l’interrompait en lui disant qu’il avait justement beaucoup réfléchi et s’apprêtait à venir lui proposer qu’au regard de leurs âges, les deux pouvaient quitter les postes qu’ils occupaient pour laisser la place aux jeunes.
Devant une telle promptitude d’esprit, Ahidjo qui savait qu’il était tombé dans le piège qu’il tendait à son ami éclatait de rire et le sujet était ainsi clos. Ahmadou Ahidjo était une personnalité qui donnait l’impression d’être impénétrable et insensible pour la majorité de ses compatriotes et André Fouda faisait l’objet de toutes les critiques. Mais les deux hommes qui avaient du caractère s’appréciaient et donnaient l’exemple qu’en dehors de la politique, il y a tout d’abord des relations humaines qu’il faut privilégier.