Nouveau rebondissement dans l’affaire de Santullo, de nouveaux complices ont été démasqués. Plus l’enquête avance, plus les masques tombent. On se rend compte de la mise en place d’un vaste réseau mafieux.
Au sein même de l’appareil public, de nombreuses directions sont concernées: douanes, impôts, marchés publics, trésor, travaux publics, fond routier. Le réseau Santullo a aussi bénéficié de complicité du secteur privé. C’est le cas par exemple de la société de Foberd-Gabon, spécialisé dans la quincaillerie, et depuis quelques années dans l’importation de ciment.
Selon le journal local, L’Union, Santullo s’est appuyé sur la société Foberd Gabon pour faire entrer au Gabon près de 22.000 tonnes de ciment en vrac! Inédit.
Comment les douanes gabonaises ont-t-elle pu laisser passer autant de ciment, sans qu’aucune déclaration ne soit faite? Cela représente des centaines de containers! Il est difficile de ne pas penser que les douaniers ont tout simplement fermé les yeux. En échange, bien évidemment, de quelques mallettes.
Le port d’Owendo, un gruyère que se partagent douaniers, armateurs, chargeurs et policiers
Le port d’Owendo est une vraie passoire! C’est un secret de polichinelle.
Et un douanier d’avouer à demi mot: « Depuis qu’on nous a coupé les fonds communs, la vie est difficile. On est obligé de faire avec les moyens du bord…«
Il suffit donc d’arroser de quelques millions les bonnes personnes pour que la marchandise sorte: ni vu, ni connu. Selon des témoignages que nous avons recueilli, un traffic similaire, et de plus grande ampleur à lieu chaque semaine à Port Gentil, ville connue pour être l’une des plus syndiquées d’Afrique. « A Port Gentil, tout doit faire l’objet d’un arrangement, sinon on nous embête trop. On est toujours dans la négociation. C’est souvent à notre avantage, car on paie moins cher la douane. »
En rapportant ces informations à certaines autorités, on nous confie: « La Gabon est dans une impasse: tout le monde veut le changement, mais personne n’est prêt à l’appliquer. Les mauvaises habitudes ont la peau dure, on doit sanctionner, et donner l’exemple. Ce qui n’avait jamais été fait auparavant. Tout le monde est concerné par ce phénomène« .
L’affaire Santullo, est le reflet de la mentalité qui règne dans la fonction publique gabonaise: se servir et non servir. Mamba a encore de nombreuses proies à saisir.
Les autorités ont promis de prendre à bras le corps la problématique de la corruption
Un défi qui sera difficile à relever tant il est dur de faire changer les mentalités. Chaque arrestation fait l’objet de rumeurs de règlement de compte politique.
« A chaque fois qu’il y a une sanction, même contre des personnes au couleur du parti présidentiel, les réseaux sociaux transportent des rumeurs de règlement de compte politique«
C’est dire à quel point la psychologie gabonaise est complexe. C’est un héritage culturel qui nous empoisonne. Le changement doit faire l’objet d’une thérapie de choc.